Agnès Benveniste (Amex M&E) : « le digital était déjà là, la crise fait juste office d’accélérateur »

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Agnès Benveniste, directrice France, Belgique et Pays-Bas d’American Express Meetings & Events, nous a accordé une interview, dans le cadre du dernier EVP, le rendez-vous annuel de la TMC. Entre télétravail et généralisation des formats d’événement virtuel et hybride, elle évoque pour DéplacementsPros.com un segment Mice dont la grave crise sanitaire accélère la mutation.

Comment se porte l’activité d’Amex M&E aujourd’hui ?
Agnès Benveniste : Nous avions bien repris cet été, et même organisé des événements en présentiel en août. Et septembre se présentait bien. Mais aujourd’hui, nos clients se posent beaucoup de questions. La situation est très variable selon les entreprises, les régions et les villes. Et certains événements prévus à Paris sont finalement organisés dans des endroits moins touchés. Mais nous savons gérer des événements même en région parisienne, il va falloir vivre encore un certain temps avec le virus.

L’heure serait aux événements virtuels et de petites tailles…
A l’instar de l’EVP cette année, nous basculons de nombreux événements en mode digital ou hybride, à la demande de nos clients. Et ceux-ci n’ont pas seulement en tête d’organiser des réunions Zoom. Il s’agit bien de créer de vrais événements digitalisés, plutôt de dimension nationale.
Le digital n’est pas nouveau pour nous. La crise fait juste office d’accélérateur. On retrouve les mêmes contraintes que pour un événement en présentiel, avec une scénographie, l’intervention des speakers, des moments de respiration… La différence notable, c’est de ne pas voir son audience ! Et il faut être lucide : il ne remplace pas la convivialité et le contact humain. Or, nos clients souhaitent se voir, renouer des liens. D’ailleurs, dans le cadre d’un récent événement en présentiel, les collaborateurs avaient le choix de participer au non, et 70% d’entre eux s’y sont rendus. Sur les événements physiques, nous organisons surtout des « small meetings », mais aussi des événements plus importants, de plus de 100 personnes divisés toutefois en petits groupes.

Quand pensez-vous retrouver vos résultats de 2019 ?
Probablement en 2022 ou 2023, c’est encore très difficile à dire. Le retour des très grands événements n’est pas pour demain. En revanche, il y aura du volume l’année prochaine sur des petits groupes. Cela peut surprendre mais le phénomène du télétravail – qui est amené à perdurer – va être bénéfique à notre activité, au-delà de la crise sanitaire. Car il accentue le besoin de se voir, de nouer des liens, de motiver une force de vente…

Une fois cette crise sanitaire derrière nous, pensez-vous pouvoir rattraper une partie des événements perdus ?
Je ne pense pas, du moins pas à brève échéance. Il y aura un délai. De plus, nous ne savons pas sous quelle forme nous allons rattraper cette partie de l’activité perdue. Nous avons toutefois la certitude que la manière de faire va changer. Les événements virtuels et hybrides vont aider les entreprises à atteindre ou se rapprocher de leurs objectifs de réduction de l’empreinte carbone, une question centrale aujourd’hui. L’année 2021 donnera déjà un premier bon indicateur de la manière dont elles vont organiser leurs réunions et événements dans l’avenir.

Quid de la gestion de vos effectifs dans la période actuelle ?
Nous avons mis des collaborateurs en chômage partiel. L’avantage pour nos clients, c’est que nous sommes une assez grosse équipe. Au plus fort de la crise, cela nous a permis d’assurer un roulement, de maintenir notre niveau de service, de gérer les reports et annulations.

Le recours à une TMC rassure-t-il en temps de crise ?
Oui, c’est le cas. Nous sommes en charge de la sécurité et n’avons cessé de veiller à ce que celle-ci soit pleinement assurée, que les premiers événements se passent bien quelque soit leur taille. Nous avons été drastique sur le plan sanitaire, pour rassurer nos clients qui ont pu noter que les protocoles fonctionnaient. Nous avons en outre nommé un référent sanitaire, qui vérifie que toutes les mesures sont prises. Et ça fonctionne bien aujourd’hui !

Qu’en est-il du poids d’Amex M&E en France et dans le monde ?
Nous sommes présents dans le monde entier, avec des équipes plus ou moins importantes selon les pays. En France, nous sommes tout de même 120 personnes. Nous nous inscrivons complètement dans une logique de synergie au sein d’Amex GBT. Nous partageons les mêmes locaux, et parfois les mêmes clients…