Dossier des Échos : perspectives contrastées pour le voyage d’affaires

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Le quotidien économique souligne les inquiétudes des acteurs du transport, de l’hôtellerie et de l’événementiel, à l’heure où entreprises et salariés se préoccupent plus que jamais de RSE et s’accordent sur les vertus du télétravail et de la visioconférence.

Les Échos ont publié ce mardi un dossier sur le voyage d’affaires, avec comme accroche en Une «Le voyage d’affaires est entré dans le ‘monde d’après’». Dans son édito introductif «Papa n’est plus en voyage d’affaires», Jean-Marc Vittori note qu’il y a deux raisons profondes pour que l’économie du voyage d’affaires soit changée à jamais par la pandémie de Covid : les dirigeants d’entreprise «feront davantage le tri entre l’indispensable, l’utile et le superflu» en matière de voyage d’affaires ; ils vont par ailleurs «devoir intégrer de plus en plus dans leurs comptes leur impact sur l’environnement» a-t-il rappelé.

Le dossier, sur deux pages, est titré «Transport aérien, hôtellerie, séminaires : le modèle économique du voyage d’affaires durablement touché». Premier constat, les entreprises semblent encore réticentes à laisser repartir leurs cadres. «Le variant Delta a tout remis en cause. En Europe, les transactions se sont effondrées. On attend septembre pour voir ce qui se passera» constate Valérie Sasset, directrice générale de BCD Travel.

L’inquiétude du secteur du transport aérien s’inscrit dès à présent davantage sur le long terme. Les déplacements professionnels pèsent en effet pour 50 à 70% des recettes de l’aérien. Leur diminution durable pourraient remettre en question le modèle économique des grandes compagnies aériennes et celui des « hubs », constate Bruno Trévidic. Un tel scénario favoriserait dans le même temps les compagnies low-costs bien que celles-ci soient davantage dépendantes du voyage d’affaires depuis quelques années. Il est toutefois rappelé que les classes avant d’une compagnie comme Air France sont occupés majoritairement par la clientèle loisirs. Et que des appareils tels les B777-300 « quick change » permettent de moduler l’offre de sièges « affaires » en fonction de la demande.

Le coup est dur aussi pour le secteur de l’hôtellerie. Comme le rappelle Christophe Palierse, la clientèle d’affaires assure le remplissage des hôtels la semaine, avec des tarifs plus élevés que le week-end. Or, la reprise du «business travel» s’avère partielle et progressive. Elle concerne notamment les petits et moyens séminaires ou réunions de moins de 80 personnes. Chez Accor, son responsable des ventes Markus Keller note que la demande en Europe «vient d’abord des PME. Les grandes entreprises restent prudentes». A plus long terme, certains usages peuvent contrebalancer le manque à gagner dans le business traditionnel du voyage d’affaires, comme le souligne Vanguelis Panayotis (MKG). Sont notamment mentionnés les réunions hybrides et l’accueil des télétravailleurs.

Martine Robert revient en détail sur le segment Mice. Chez Air France, on relève que le trafic pour les conventions, séminaires et réunions de motivation « se recentre nettement sur la France et dans une moindre mesure sur le moyen-courrier». Benjamin Abittan, DG délégué de Châteauform’, constate que les entreprises «demeurent attentistes malgré le passe sanitaire». Au CID à Deauville, la trentaine d’événements organisés entre septembre et décembre est à 40% d’origine régionale et 60% nationale. «L’international (…) reste une inconnue en raison des restrictions sur les déplacements mais aussi des politiques de voyage des grandes entreprises», rappelle Pablo Nakhlé Cerruti, DG de Viparis.

Pour l’ensemble des acteurs de la filière, qu’il s’agisse du voyage d’affaires individuel ou du Mice, le constat est simple : «le recours aux numériques de communication rend inutile certains rendez-vous ou réunions en déplacement». Les déplacements orientés vers l’interne sont les plus touchés. Mais il est difficile de mesurer l’impact de la visio à plus ou moins long terme. Idem pour la mesure de l’empreinte écologique et les conséquences d’une sensibilité accrue à la question climatique sur le voyage d’affaires. Le quotidien cite une récente étude du cabinet Deloitte, indiquant que la plupart des entreprises américaines tablent sur une réduction durable des déplacements, de l’ordre de 10 à 20%.

Les Échos bouclent toutefois leur dossier sur une note positive : «Plus que les politiques de voyages des entreprises, la croissance du transport aérien reste corrélée à la croissance de l’économie et au développement des échanges internationaux. Une tendance de fond que même l’épidémie de Covid ne semble pas pouvoir interrompre durablement».