Services et infrastructures de transport : la décarbonation passe par l’innovation

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A l’occasion du premier Forum organisé par l’Agence de l’Innovation pour les Transports (AIT), 5 experts ont participé à une table-ronde autour de la problématique suivante : Quels rôles peuvent jouer les opérateurs de services et d’infrastructures de transport dans l’innovation ? Un sujet traité à travers un fort prisme écologique. 

Dans un contexte post-crise sanitaire est-il toujours évident pour les acteurs du transport d’investir dans l’innovation ? Pour ceux présents sur cette table-ronde, l’innovation n’est pas (plus) une option, notamment en matière de décarbonation. « Le nombre de passagers ne va cesser de croître au cours des prochaines années et si nous ne faisons rien les compagnies aériennes vont doubler leurs émissions de CO2 d’ici 2050, ce qui n’est même pas pensable », déclare Patrick Peureux, Directeur de l’innovation chez Air France Industries. Pour atteindre son objectif net zéro carbone d’ici 2050, Air France s’appuie sur plusieurs leviers dont, le renouvellement de la flotte, l’utilisation et le développement de la filière SAF et un plan de décarbonation de l’activité industrielle qui sera lancé dès mercredi prochain. Une innovation portée par un désir de « faire mieux » mais surtout une crise écologique bien réelle.

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Innover sous et dans la contrainte 

« Parfois, l’innovation se fait sous contrainte. C’est ce qu’il se passe avec la crise climatique et ce que nous avons vécu durant le Covid », ajoute Julien Réau, Directeur innovation chez Transdev. « Nous avons dû assurer la sécurité des passagers et des collaborateurs d’un point de vue sanitaire en un temps record. En matière de désinfection et de risque sanitaire, par exemple, nous avons su mettre en place des solutions innovantes, ça nous montre aussi que cela est possible ».

Mais le frein principal pour les opérateurs de services et d’infrastructures reste l’environnement complexe et contraignant avec lequel ils doivent composer. « Il y a tout un tas d’éléments qui rendent la décarbonation de l’activité portuaire d’une complexité inouïe. Sincèrement, nous aimerions que cela aille plus vite mais rien que pour la question de l’électrification, nous avons de tels besoins que cela nous demande de devoir produire notre propre énergie. L’hydrogène, nous y viendront, mais il faut s’assurer qu’il soit produit de façon verte », confie de son côté Karine Desrues, Vice-president R&D assets CMA-CGM. Un argument entendable certes, mais qui ne peut servir d’excuse à certaines industries restant de grandes émettrices d’émissions de CO2 et peu enclines au changement. 

Une collaboration essentielle

Chez ADP, la crise du Covid a servi à se rendre compte d’une chose : « Si on ne changeait rien, nous allions droit dans le mur ». Selon Alban Negret, directeur de l’innovation chez ADP, l’innovation technologique est un outil indispensable pour améliorer le fonctionnement et la durabilité des infrastructures du groupe : « Nous avons aujourd’hui une meilleure connaissance de notre consommation réelle en énergie, nous pensons à la mise en place de navettes autonomes…Et surtout, nous souhaitons continuer de collaborer avec des acteurs innovants ! Chez nous, il n’y a pas de département R&D, la collaboration est donc essentielle ». Lorsque Julien Réau précise que cette collaboration n’est pas toujours simple à cause de la complexité des appels d’offres, du manque de budget et de l’environnement très contraint dans le secteur des transports, Alban Negret argumente : « Justement, je pense que travailler dans cet environnement très contraint permet aux entreprises d’avoir la possibilité de travailler sur n’importe quel autre marché ensuite. Cela peut-être très formateur ». 

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Invitée à prendre la parole pour conclure cette table-ronde, Claire Baritaud, coordinatrice de l’Agence de l’Innovation pour les Transports, ajoute que l’innovation technologique n’est pas la solution à tout. « Que cela soit pour le marché BtoB ou BtoC, cela commence par faire connaître aux usagers leur empreinte environnemental lorsqu’ils se déplacent ». Pour cela, elle préconise de miser fortement sur l’éducation et des solutions concrètes.