Heureusement, ils ne sont plus trop nombreux ces voyages que les vieux de la vieille appellent les déplacements «troupeau». Fini le temps où l’on partait à trois ou quatre pour aller voir un client et le convaincre de la qualité des produits ou des services que l’on voulait lui vendre. Mais il n’est pas rare aujourd’hui de partir à deux, une sorte de tête-à-tête où les défauts de chacun apparaissent au grand jour. Un voyage cauchemar que l’on peut dès le début essayer de maîtriser au mieux en repérant ce qui vous exaspère et en trouvant les mots pour le dire à votre collègue. Petit florilège de ce que vous risquez de rencontrer en voyage.
L'anxieux
Que faire ? Face à une telle situation, tous les spécialistes le confirment : il faut mettre un terme très rapidement à l’angoisse de votre collègue. Premier point, essentiel, lui dire clairement qu’il est pessimiste et anxieux et mettre les points sur les aspects positifs du voyage d’affaires qui débute. Ne pas hésiter à le rattraper à chaque fois qu’il dérape pour plonger dans les affres de l’angoisse. Ne pas hausser la voix, mais utiliser l’humour pour lui faire remarquer le ridicule de la situation et l’obliger à se calmer.
Le buveur qui ne sait pas s’arrêter
Que faire ? La fermeté est indispensable. Il faut savoir mettre des limites à la situation. Il est difficile de faire entendre raison à un vrai buveur, un alcoolique. La seule solution, celle qui du moins qui peut se trouver en quelques minutes, c’est la fuite. N’hésitez pas à préciser que vous n’êtes pas porté sur la bouteille et que vous aimez boire modérément. Dites-lui que c’est avec plaisir que vous accepterez un verre dans l’avion. Un seul. Et que tout débordement vous dérangera fortement. Exprimez clairement que vous ne souhaitez pas être associé(e) à sa façon de faire et que dans ce cas, vous préférez vous éloigner de lui, quitte à changer de place dans l’avion. N’hésitez pas à vous fâcher, ou du moins à montrer votre agacement, pour bien lui faire comprendre que vous ne partagez pas sa vision de la boisson pendant un déplacement professionnel. Enfin, jouez la carte professionnelle et rappelez lui que rien ne choque plus un client ou un prospect que d’avoir en face de lui un buveur. Même si il est Français et que, c’est bien connu, nous sommes perçus comme les champions de la bouteille.
Le dragueur
Que faire ? Là encore, il faut très vite imposer ses limites ! En un mot, mettre une barrière solide entre ses fantasmes et la finalité du voyage. N'entrez pas dans son jeu, faites-lui comprendre que ce qu'il attend de vous n'existe pas.
Le bavard incorrigible
Que faire ? Là aussi la franchise est de mise pour éviter que le voyage ne devienne un enfer. N’hésitez pas à lui dire que vous avez besoin de moments de silence, pour réfléchir ou vous reposer. Évitez soigneusement d’avoir des sièges côte à côte et expliquez lui que vous devez prendre le temps de relire un dossier ou d’analyser la situation que vous allez trouver à l’arrivée. Ne le laissez jamais plonger dans vos problèmes, encore moins dans les interrogations que vous avez sur le déplacement professionnel. En un mot soyez distant, sans être lointain. N’oubliez pas que vous travaillez dans la même entreprise et que c’est ce travail qui vous réunit. N’hésitez pas à lui dire, au risque peut-être de le fâcher quelque peu, que vous préférez vous limiter à des rapports strictement professionnels sur le but du voyage. Surtout, soyez sûr que ce qu'il dit sur les autres, demain il le dira sur vous. N'offrez pas de prise.
Le pressé, débordé qui veut aller toujours plus vite
Que faire ? Il n’y a pas d’autres solutions que de le calmer dès le début du voyage. En règle générale, il est même bon d’établir avec lui un calendrier d’actions pour les prochaines heures que vous allez passer ensemble. Le pressé a besoin d’être rassuré et de comprendre que l’objectif ne dépend pas de sa capacité à débiter, telle une mitraillette, des phrases toutes faites censées séduire le client. Le pressé a besoin de s’appuyer sur des faits, des éléments concrets, comme une présentation PowerPoint. Profitez-en pour la travailler avec lui, vous la mettre en bouche afin de lui laisser des places disponibles pour qu’il puisse intervenir en complément de vos arguments. Faites remarquer sur le ton de la plaisanterie qu’il vous fatigue à toujours vouloir être le premier. Dites lui qu’il est parfois bon d’apprendre que le temps est une qualité professionnelle. Faites attention, le pressé est souvent susceptible, il se vexe facilement, persuadé que vous mettez en cause ses compétences professionnelles. Soyez diplomate, vous réussirez plus aisément à le maîtriser.
Sportif un jour, sportif toujours !
Que faire ? Vous devez faire en sorte qu'il appartienne à votre équipe et lui répéter qu'il est un maillon de la réussite. Sans lui, le match est perdu. Là aussi, la diplomatie est essentielle. Pour ce combattant, ce gagnant persuadé que tout est opposition, il est nécessaire de remettre à plat la mission et d’étudier avec lui les angles les plus propices pour convaincre le client. Il faut presque se placer sur son propre terrain. Devenir une sorte d’entraîneur pour ne pas dire un coéquipier qui atteindra avec lui vers les buts adverses. Mais il faut aussi apprendre à le calmer, à le rendre plus serein et plus objectif. Ne jamais oublier de lui faire remarquer que la vie n’est pas forcément un terrain de sport et qu’il est bon parfois d’apprendre à écouter et à regarder avant de se jeter à corps perdu dans la bataille. Devenez pour lui une sorte de coach qu’il écoutera et qu’il appréciera lorsqu’il se rendra compte que vos conseils sont utiles à son avancement professionnel, sa feuille de match.