Des manifestations prévues le 19 octobre au Chili

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Les voyageurs d'affaires présents au Chili devront prendre leurs précautions pour éviter d'être pris dans la foule le mercredi 19 octobre prochain. Un risque de radicalisation plane sur la mauvaise humeur des étudiants, enseignants et syndicalistes. Le dernier bulletin de Géos détaille les raisons de cette alerte.

La Confédération des Etudiants du Chili (Confech) a appelé à une nouvelle journée de mobilisation le 19 octobre à Santiago. Plusieurs milliers de manifestants – principalement des étudiants, mais également des éléments du corps universitaire et syndicaliste – défilent dans les rues des principales agglomérations du pays depuis plus de 5 mois, sans cependant obtenir satisfaction de leurs revendications.
L’échec des négociations entre les étudiants et le gouvernement de Pinera, associé au durcissement de la position du Président chilien, marque une nouvelle phase dans le mouvement de contestation populaire. Le gouvernement central a en effet fait part de son intention de procéder à des modifications du code pénal afin d’y incorporer de nouveaux délits tels que les pillages, coupures de route, occupations illégales de collèges et d’universités (…). Les individus se rendant coupables de ce type d’infraction pourraient ainsi se voir condamner à des peines de prison de 541 jours. Ces nouvelles mesures attestent ainsi de la ferme volonté du chef de l’Etat de décourager les étudiants à poursuivre le mouvement et d’assurer le retour à une certaine stabilité sociale.
Toutefois, une large majorité de la population – estimée selon les derniers sondages à 79% – rejette le système éducatif issu du régime militaire d’Augusto Pinochet et jamais remis en cause ni par la coalition de centre-gauche, qui a gouverné le pays depuis la chute de la dictature, ni par l’actuel Président conservateur.
Au-delà des revendications étudiantes, ce mouvement révèle une crise du modèle politique et économique chilien. Si le pays présente un environnement économique stable, les inégalités sociales persistent et les facteurs de mécontentement populaire s’accumulent (endettement des familles, faible protection salariale, écart des richesses, violation des minorités…). En outre, en proposant une réelle rupture avec l’héritage du régime dictatorial d’Augusto Pinochet, cette protestation étudiante revêt un caractère hautement symbolique et représentatif d’une nouvelle génération.
Dans ce contexte et en dépit des efforts déployés par le chef de l’Etat chilien, le mouvement ne devrait pas s’essouffler, à court-terme, et pourrait, si le gouvernement reste campé sur ses positions, se radicaliser. Ainsi, alors que les protestataires entendent mener une rébellion pacifique, des cas de violences ont été rapportés, faisant un mort parmi les manifestants et plusieurs centaines de blessés.