Georges Daher, Hop!Brit Air: « Je maintiens un dialogue permanent avec les syndicats »

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Arrivé le 6 juin dernier à la tête de Hop! Brit Air, Georges Daher, le nouveau directeur général, affronte depuis quelques semaines un mouvement social né des négociations engagées de manière plus générale autour du plan Transform 2015. Pour lui, la grève du début septembre et celle engagée aujourd'hui jusqu'au 22 septembre, stigmatisent la peur des salariés de Hop!Brit Air face aux évolutions de la compagnie. Mais derrière ces craintes, le DG ne voit pas de réelles menaces pour l'emploi ou les salaires, même s'il reconnaît que le gel des augmentations peut décevoir les salariés. DéplacementsPros.com fait le point de la situation au moment même ou Air France dévoile de nouvelles mesures d'économies.


DéplacementsPros.com : Avant d'évoquer les différents mouvements sociaux qui secouent votre compagnie, où en est le lancement de Hop! Brit Air ?

Georges Daher : Il est difficile de donner des résultats précis après seulement cinq mois d'exploitation. Ce que je constate, c'est que nous sommes parfaitement en phase avec le business plan établi au moment du lancement de la compagnie. Aujourd'hui, notre démarrage est encourageant mais il faudra une ou deux saisons avant de tirer des conclusions précises sur le développement de notre activité. Je constate simplement que nous gagnons des clients et que nos services sont appréciés des voyageurs qui utilisent notre ligne, pour beaucoup à l'occasion de déplacements professionnels. L'été a été bon. Nous verrons dans quelques semaines si la rentrée apporte de bonnes surprises. Je voudrais préciser que l'ensemble du personnel de la compagnie s'est engagé dans cette aventure avec la profonde conviction que nous allions réussir. En cette période économique compliquée, où chaque client se gagne par la qualité du service que nous lui apportons, il était essentiel de souligner les efforts permanents des personnels en ce sens.

DéplacementsPros.com : Pourtant, une partie de votre personnel s'est mise en grève deux fois depuis le début du mois de septembre. Malaise profond ou incompréhension ?

Georges Daher : La première grève a été initiée par deux syndicats minoritaires qui représentent moins de 4 % du personnel de la compagnie. Il faut constater qu'elle a été peu suivie et qu'elle n'a occasionné quasiment aucun problème sur le plan de vol prévu. À l'origine, il est clair qu'un grand nombre de salariés, lorsque nous avons pris la décision de dénoncer les accords afin d'en créer de nouveaux, a pensé que tout ce que nous proposions était fait dans le seul et unique but de nuire à ce qui existait avant. En fait, le droit social nous oblige à dénoncer des accords avant d'en proposer de nouveaux. C'est obligatoire. Cette modification des accords "cadres" en accords "collectifs" n'avait pas pour objectif d'aller au-delà des 15 % de réduction fixés dans le cadre du plan Transform 2015. Certains syndicats ont imaginé que nous avions décidé de baisser les salaires et de modifier sensiblement les conditions de travail. À l'image de ce qui a été proposé dans toutes les filiales d'Air France, et Hop! participe à l'effort, nous nous sommes bornés à répéter qu'il n'y avait pas de baisse de salaires mais simplement un gel avec un ralentissement des promotions et des augmentations. Ces mesures concernent d'ailleurs l'ensemble du personnel, y compris les pilotes, les salariés au sol et les PNC. Je me suis attaché à expliquer ce que je viens de vous dire et le syndicat CGT qui représente le personnel au sol a parfaitement compris cette démarche et a donc suspendu le préavis de grève hier, mercredi 18 septembre.

DéplacementsPros.com : Mais pourtant la grève continue ?

Georges Daher : le syndicat UGICT-CGT-PNC ne s'est pas satisfait de ces précisions et a donc maintenu une grève qui a débuté le 19 septembre pour se terminer dimanche 22 septembre. Comme au début du mois, je constate que le mouvement ne perturbe pas les vols. Pour autant, il me semble essentiel de maintenir un dialogue constructif entre les personnel et la direction pour que chacun puisse comprendre la réalité des propositions formulées et des attentes salariales. Je maintiens jour après jour ce dialogue avec les PNC qui, pour le moment, considèrent que tout les points ne sont pas réglés pour permettre une reprise du travail. Il est vrai qu'il est plus facile aujourd'hui de discuter avec le personnel au sol présent en permanence sur la base qu'avec les PLC qui sont plus mobiles, dispersés sur plus d'endroits et que l'on ne peut pas forcément réunir aisément pour expliquer ce que je vous disais tout à l'heure : ni baisse de salaire, ni licenciement.

DéplacementsPros.com : Comment expliquez-vous cette situation alors que vous nous expliquez que vous prônez le dialogue ?

Georges Daher : Je crois que la peur est parfois mauvaise conseillère. Petite parenthèse, je constate que ce nouveau mouvement de grève n'est pas forcément très suivi et que nous avons connu le 19 septembre plus de perturbations liées à la météo à Brest qu'à toute autre action. Au risque de me répéter, la discussion engagée avec la majorité des syndicats a pour seul objectif de préciser les mesures prises pour l'intégration dans les accords cadre des 15 % de réduction des coûts demandés par Air France à l'ensemble de ses entreprises.
Je précise d'ailleurs que si l'on regarde aujourd'hui la position nationale de l'ensemble des organisations syndicales, peu d'entre elles se sont opposées aux accords signés en mars dernier. Je suis parfaitement conscient qu'il y a des adaptations dans tous les plans dont la finalité est de redonner de la compétitivité à l'entreprise. Malgré tout, il me semble essentiel aujourd'hui d'écouter les attentes du personnel et chercher les solutions les mieux adaptées pour permettre à la compagnie de passer des crises qui sont pénalisantes pour son développement. Enfin, il m'a toujours semblé normal d'être totalement transparent sur la situation de la compagnie et les attentes que la direction avait en matière d'évolution et de modification des accords largement acceptés les 25 et 28 mars dernier par le personnel au sol et les PNC. Aujourd'hui nous nous proposons rien d'autre que l'application stricte du plan présenté le 15 mars dernier. Je ne rentrerai pas dans des notions de représentativité syndicale et de position face à la signature ou non d'accords pourtant déjà acceptés par un grand nombre d'organisation, mais je veux dire à tous que je suis ouvert au dialogue et attentif aux demandes qui me sont formulées. Une compagnie est faite d'un ensemble de savoir et de compétences où chaque maillon est essentiel. Je l'ai déjà dit aux syndicats. Je tenais à le rappeler.

DéplacementsPros.com : La presse bretonne n'a jamais caché que la paix sociale était complexe à obtenir chez Brit Air. Vous êtes arrivés en juin dernier à sa tête, confirmez-vous ces propos ?

Georges Daher : Non, je ne crois pas à l'opposition systématique comme moyen de développement. Et certainement pas chez Hop!Brit Air. Je pense que la peur, qui peut parfois être exagérée dans l'interprétation de ce qui se dit ou de ce qui s'écrit dans la presse, conduit à des situations complexes. Mon devoir est de rassurer, d'expliquer et d'accompagner l'ensemble du personnel sur la voie de la sérénité et du développement de Hop! Brit Air. Tout le reste, honnêtement, m'apparaît anecdotique.

Entretien réalisé par M. Lévy le 19 septembre 2013.