KLM ne croit pas en Joon… et de moins en moins en Air France

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Joon suscite bien moins d'enthousiasme chez KLM qu'Air France. Le président du comité d'entreprise néerlandais estime que cette nouvelle compagnie pourrait "porter préjudice" à KLM. Et, ce n'est pas le seul sujet de discorde entre les deux partenaires.

Le climat de méfiance entre les deux partenaires Air France et KLM s'amplifie. Jan-Willem van Dijk, président du comité d'entreprise du transporteur néerlandais, pense que la nouvelle compagnie Joon pourrait "porter préjudice" à KLM.

Selon le journal néerlandais De Volkskrant, il a expliqué "Joon doit être la solution à tous les problèmes. C'est totalement irréaliste". Il estime que les vols de la nouvelle entité seront assurés par des pilotes Air France avec des règles d'utilisation et de rémunération inchangées. Pour lui, ce scénario est "imprudent économiquement et potentiellement dommageable pour KLM". Il a ajouté "Puisque Air France coupe insuffisamment dans les dépenses, cela retombe sur KLM, qui a pourtant montré des centaines de millions d'améliorations de résultat".

Il remarque aussi que "La croissance de KLM menace d'être amputée en faveur de celle d'Air France", ajoutant ensuite "Alors que nous nous en sortons mieux que les Français. Il n'y a aucune raison économique derrière la décision d'avantager Air France".

L'IT, autre sujet de discorde
Joon n'est pas le seul sujet d'accrochage. Les deux partenaires se disputent aussi les services IT. Air France veut suivre les accords conclus lors de l'achat de KLM en 2004 et rapatrier une grande partie des services IT de la compagnie néerlandaise à Paris.

Mais face à l'importance prise par ces services ainsi que la collecte des données au cours des 10 dernières années, KLM ne veut plus passer la main. La compagnie néerlandaise refuserait entre autres de transférer à sa partenaire le contrôle du développement de ses bots, les activités sur les médias sociaux ou encore l'infrastructure technique sous-jacente au programme Flying Blue. Elle ne voudrait pas, non plus, se séparer d'une API spécifique permettant à des programmes de communiquer entre eux.

Des tensions entre les employés
La radio-télévision publique EenVandaag a également révélé qu'une enquête menée par les syndicats franco-néerlandais auprès de cinquante managers d'Air France-KLM montre "une grande méfiance mutuelle" entre les deux compagnies.

Pour les cadres de KLM, l'économie française est une "bombe à retardement" tandis que leurs confrères de l'Hexagone pensent de leur côté que les Néerlandais se sentent "super professionnels, super cools et le disent". Le syndicaliste Reinier Castelein a ajouté "Les managers interrogés doutent eux-mêmes qu'Air France-KLM soit en mesure de survivre".

Après ce sujet, la compagnie néerlandaise indique dans un communiqué qu'elle "comprend les sentiments exprimés et reconnaît les circonstances esquissées dans le rapport". Elle compte travailler avec Air France pour apporter des améliorations où cela sera nécessaire.