La donnée représente le Graal pour l’acheteur et le travel manager cherchant à mieux piloter la politique voyage de l’entreprise. Si elle devient désormais plus tangible grâce à des nouvelles métriques et aux progrès technologiques, quid de son utilisation au bénéfice des voyageurs afin d’aboutir à un travel management réellement personnalisé ? Entretien avec Anne Renard, Directrice du département conformité et certification, Lexing Alain Bensoussan Avocats.
Environnement BtoC (consommateur) ou environnement BtoB (professionnels) : quelles sont les principales différences en matière de gestion des données personnelles ?
Quels conseils donneriez-vous à un acheteur/travel manager qui souhaite utiliser les données personnelles des voyageurs pour personnaliser leur expérience?
D'un point de vue purement juridique, il apparaît tout d'abord intéressant de préciser un point : l'employeur n'est pas propriétaire des données personnelles des employés de sa société. En revanche, le RGPD donne un certain nombre de droits au salarié voyageur sur ses données à caractère personnel. Aussi, dans le cadre de sa mission, il peut être conseillé au travel manager ou à l'acheteur de mettre en œuvre plusieurs actions.
Premièrement, d’informer les collaborateurs en interne sur l'existence d'un profilage. Il faut avant tout faire preuve de transparence à l'égard du salarié voyageur sur l'existence d'un profilage aux fins de personnaliser les prestations de voyage. Cela passe par la mise en place d'une politique de protection des données personnelles ou encore par l'insertion de dispositions spécifiques dans la politique voyage, ce qui aura pour effet de rassurer le voyageur. Il doit en outre être mis en mesure de s'opposer au profilage. Il convient également de l’informer des détails du profilage : qu'est-ce qui motive le profilage ? Comment va-t-il être réalisé ? Sur la base de quelles données ? Quelles conséquences ce profilage va t'il avoir ? Cela contribue également à favoriser la confiance du collaborateur dans l'utilisation qui est faite de ses données.
Deuxièmement, il faut encadrer contractuellement l'utilisation des données personnelles du voyageur avec les prestataires tiers : on peut ainsi soit limiter, soit ouvrir le champ d'utilisation de ces données, en particulier avec les agences de voyages d'affaires.
Enfin, il faut permettre au voyageur de s'opposer, de manière explicite, à la prospection liée au profilage étant précisé que cette faculté de s'opposer au profilage est propre à la personne dont les données sont traitées.