Aérien, le débat sur le siège du milieu n’est pas clos

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Eurowings propose désormais de payer pour condamner le siège du milieu en classe Eco. Aux États-Unis, seule Delta Airlines va prolonger le blocage des sièges médian au delà du mois d’octobre.

La question du siège du milieu, en classe économique, est vite devenu un sujet sensible pour les compagnies aériennes, dès le début de la crise du Covid-19. Faut-il le condamner pour des questions sanitaires, de distanciation physique ? L’IATA (Association Internationale de Transport Aérien) a un peu tergiversé avant d’adopter une position claire dès le mois de mai dernier : elle déclare alors 1) que l’avion est un mode de transport sûr même sans le blocage du siège médian, études scientifiques à l’appui ; 2) qu’il est impossible d’atteindre un équilibre économique avec près d’un tiers des sièges condamnés.

A la différence d’easyJet, la low-cost Ryanair a d’ailleurs emboîté le pas à l’organisation mondiale du transport aérien, en annonçant le même mois qu’elle ne revolerait pas si on lui imposait le blocage des sièges médians, car «nous ne pouvons pas gagner d’argent avec un taux de remplissage de 66 %» précisait son patron Michael O’Leary.

Aujourd’hui, l’immense majorité des transporteurs se sont rangés à la position de l’IATA. Mais certains d’entre eux entendent surfer sur la préoccupation toujours vive de nombreux passagers en matière de distanciation physique. Eurowings, la filiale low-cost de Lufthansa, a ainsi trouvé une forme de compromis pour sa classe Eco : le passager va pouvoir payer dès ce mois de septembre (à partir de 18€) pour garder libre le siège du milieu, à côté du sien.

Outre-Atlantique, les compagnies aériennes ont décidé de bloquer le siège du milieu dès le début de la crise sanitaire. Mais seule Delta Airlines, parmi les majors et les principales low-costs US, entend maintenir cette mesure au delà du mois d’octobre, jusqu’au 6 janvier 2021 au moins. La compagnie d’Atlanta évoque bien sûr une démarche sanitaire, laquelle contribue à rassurer une partie des passagers potentiels… tout en lui permettant d’améliorer son image d’entreprise davantage préoccupée par la santé de ses passagers et de son personnel que ses concurrentes. United n’a d’ailleurs pas hésité à parler d’une opération de RP…

Delta Airlines précise que les sièges du milieu apparaîtront comme disponibles à la réservation pour les clients en groupes de trois personnes ou plus, pour permettre aux familles et aux compagnons de voyage de sélectionner les sièges ensemble. « Les experts médicaux, y compris nos propres partenaires chez Emory Healthcare, sont d’accord – plus de distance à bord fait une différence« , avance Bill Lentsch, responsable de l’expérience client chez Delta.

Une étude récemment menée par le chercheur Arnold Barnett de la Sloan School of Management de Cambridge (Massachusetts) appuie cette même thèse, estimant qu’un passager avait deux fois plus de risque d’attraper le Covid-19 dans un avion plein que dans un appareil à moitié vide, sur un vol de deux heures. Même si la probabilité de l’attraper dans un avion plein (une «chance» sur 4 300) reste limitée…