Covid : la Chine et Hong-Kong de nouveau dans la tourmente

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La stratégie du zéro-Covid semble être mis à mal par Omicron, beaucoup plus contagieux. Faut-il maintenir cette ligne dure ? Hong Kong a en effet un impérieux besoin de s’ouvrir au monde pour survivre, en tant que plaque-tournante commerciale. La Chine, elle entend maintenir sa politique d’accès très restrictive. Et peut-être pas seulement pour des raisons sanitaires…

La politique de zéro-Covid connait de sérieuses ratées en Chine continentale et à Hong Kong. La première signale ce lundi le plus grand nombre de cas quotidiens de coronavirus enregistrés depuis la mi-2020, « officiellement » plus de 500 sur les dernières 24 heures. Et la situation est bien pire dans le territoire du sud de la Chine – plus de 50 000 cas « déclarés » par jour – où le hôpitaux débordent. La population craint désormais un nouveau confinement et les supermarchés sont pris d’assaut.

Pour lutter contre le coronavirus, Hong Kong a appliqué dès le début de la pandémie des conditions drastiques d’entrée sur son territoire. Des mesures de quarantaine ont été mises en place (jusqu’à 21 jours). Avec un réel succès au regard du nombre de cas très faible jusqu’alors. L’explosion actuelle est un nouveau coup dur pour un territoire conçu comme un hub commercial et centre logistique, lequel a connu une dizaine d’années de récession avant la crise sanitaire, en raison surtout des manifestations pro-démocratie et de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis.

La Chine, où le coronavirus a été détecté pour la première fois, fin 2019, n’a elle aussi cessé d’appliquer des mesures très sévères pour lutter contre la pandémie. Au confinement de villes et régions entières dès que quelques rares cas étaient décelés, se sont ajoutées des politiques de traçage des populations et de tests massives.

L’Empire du Milieu a aussi drastiquement fermé ses frontières depuis le début de la crise sanitaire. Le trafic aérien entre la Chine et le reste du monde, ces deux dernières années, a représenté environ 2% de ce qu’il était avant la pandémie (200 vols contre environ 10 000). Les dessertes depuis la France, par exemple, se font toujours au compte-gouttes. On devine dès lors les difficultés rencontrées par les entreprises étrangères implantées en Chine, à l’égard par exemple des collaborateurs expatriés.

La Chine pourrait-elle renoncer à cette stratégie du zéro Covid ? Présentée comme la grande gagnante de la pandémie, elle peut en effet perdre in fine cette bataille contre la Covid, du fait de la contagiosité d’Omicron. Ses vaccins sont nettement moins efficaces que ceux proposés dans les pays occidentaux. Elle ne dispose pas notamment d’un vaccin à ARN messager. Et le fait d’avoir eu peu de cas de Covid éloigne la Chine de l’immunité collective, contrairement aux autres pays où la virus a davantage circulé.

La Chine s’est aussi repliée sur elle-même pendant deux ans. On y constate la montée du nationalisme et en même temps une baisse volontaire de la pratique de l’anglais ayant pourtant accompagné sa croissance économique. Le pays dirigé d’une main de fer par Xi Jinping mettrait-il en œuvre une nouvelle approche, qu’on pourrait résumer pour un double mouvement : une démondialisation lorsqu’il s’agit des personnes et une mondialisation lorsqu’il s’agit des produits et de ses exportations sur ses fameuses routes de la soie. Si le verrouillage des frontières survit à la pandémie, nous serons au moins fixé sur le chemin qu’emprunte la Chine.