Salon Autonomy : « le Covid a un effet catalyseur sur l’usage du MaaS »

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Une table ronde organisée dans le cadre du salon international des solutions de mobilité durable a mis en avant des retours d’expérience de solutions MaaS (ou Mobility as a Service), de Moovizy à MaaX en passant par ViaNavigo.

Autonomy a tenu sa 5ème édition ce mercredi et jeudi, pour la première fois dans un format  digital et gratuit. Cette année encore, le salon a mis l’accent sur la transition vers une mobilité durable, auprès des décideurs publics et privés du monde entier. Les solutions de MaaS étaient l’une des principales thématiques sectorielles abordées. Parmi les tables rondes dédiées au sujet, l’une d’elle avait opté pour un intitulé un peu provocateur : « Le MaaS survivra-t-il au Covid ? ». La table ronde était surtout l’occasion de retours d’expérience de territoires et acteurs ayant mis en place ou expérimenté des solutions MaaS, et de s’interroger sur leur adoption par les utilisateurs, notamment à l’heure du Covid.

Son animateur, Mehdi Essaidi, Smart Mobility Director chez CapGemini Invent, a d’abord sollicité les participants sur l’impact de l’épidémie sur le MaaS. Ils ont très majoritairement répondu qu’elle était une opportunité. « Le Covid a eu semble-t-il un effet catalyseur sur l’usage du MaaS. On peut espérer que ce report modale soit durable en 2021″.

Le premier confinement avait bien sûr généré de fortes baisses d’activité des plateformes. « Cela avait repris graduellement depuis juin. Le second confinement fait de nouveau chuter la fréquentation, sans être aussi important que le premier » a souligné Camille Vedel, MaaS Project Manager chez Transdev. La filiale de la Caisse des Dépôts est partenaire de Saint-Étienne Métropole pour l’application Moovizy lancée en septembre dernier, une première offre MaaS en France à l’échelle d’une métropole. « En tant qu’opérateur, il nous faut désormais éviter l’usage permanent de la voiture personnelle chez ceux qui sont revenus à ce mode de transport, et bien sûr continuer à développer l’intermodalité, ce qui passe par la qualité de service« .

« Avec la crise, les deux tiers des voyageurs que nous avons interrogé nous ont dit qu’ils ne vont plus utiliser les transports comme avant. Et nous avons constaté que la micro-mobilité était en plein essor, souvent en complément d’autres modes de transport. Ces deux tendances fortes montent qu’il y a une forte opportunité pour le MaaS« , a pour sa part noté Vania Ribeiro, Chief Digital Officer à la RATP. La régie autonome expérimente une application MaaS baptisée MaaX (Mobility as an Experience), en partenariat avec Ile-de-France Mobilités. Avec succès selon elle : « Près d’un testeur de l’appli sur deux a modifié au moins une fois sa pratique modale« .

Questions en suspend sur la techno et la gouvernance

« Il y a une forte inertie dans l’usage des modes de transport. Lorsqu’un voyageur adopte tel ou tel moyen de transport, des rituels se mettent en place de manière durable« , a poursuivi Olivier Vacheret, Chef du pôle Informations Transport chez Ile-de-France Mobilités (IDFM). L‘autorité organisatrice des transports (AOM) de la région francilienne vient de sortir fin octobre la nouvelle version de son application ViaNavigo qui «représente un saut qualitatif».

IDFM, en la matière, s’est en effet fixé de nouvelles ambitions, sur le btoc mais aussi le btob, avec l’innovation comme support : « Le MaaS est un ensemble très mouvant et complexe, sur lequel on se cherche à la fois sur la technologie et la gouvernance« .

Les ambitions du MaaS sont multiples. L’un des objectifs majeurs est de créer un parcours sans couture pour le voyageur. Les informations en temps réel sur la durée des trajets s’avèrent très appréciées, et encore plus dans la période actuelle, afin de connaitre les lieux de congestion dans tel ou tel endroit à l’instant T. Ce qui permet de réduire dans le même temps la pollution.

Solutions MaaS publiques, privées ou mixtes

Le développement des MaaS passe bien sûr par l’enrichissement et l’amélioration des offres. IDFM a ainsi annoncé qu’il allait bientôt labelliser cinq opérateurs d’autopartage dans son application, en plus de services de stationnement. Et l’effort de simplicité dans l’usage se traduit par de nouvelles briques de paiement.

Pour MaaX, a précisé Vania Ribeiro, la RATP a sélectionné comme partenaires une dizaine d’acteurs de la mobilité, avec des systèmes prêts à être intégré et complétant le parcours client. Et on rappellera que la régie des transports parisiens vient de racheter le navigateur Mappy, un atout supplémentaire pour gagner la bataille du MaaS.

Mehdi Essaidi a ensuite interpellé les intervenants sur les différents modèles de MaaS. Certains sont en effet purement privés (Citymapper, Moovit…), d’autres portés par des AOM. Et la plupart basés sur des modèles mixtes. « Sur une région comme l’île-de-France, très attractive et plus encore avec l’accueil des JO, nous allons être confrontés à un afflux d’acteurs qui vont vouloir créer des services de mobilités, anticipe déjà Olivier Vacheret chez IDFM. Nous allons probablement avoir une cohabitation de MaaS multiples. Et pour qu’elle se passe le mieux possible, nous avons commencé à travailler sur un guide de référence, afin de fixer des règles de bases et les bonnes pratiques. Objectif, permettre aux différents acteurs de trouver chacun leur place dans un cadre harmonieux« . Affaire à suivre…