Delphine Millot (GBTA) : «Notre premier axe de travail : les meilleures pratiques RSE »

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Delphine Millot, depuis janvier dernier SVP Sustainability au sein de la GBTA (Global Business Travel Association), nous a accordé une interview, dans le cadre de la dernière conférence GBTA Europe. Elle détaille pour nous les différentes initiatives que prend l’association pour mieux former et informer sur les bonnes pratiques en matière de durabilité, sur les outils qu’elle met en place pour aider les travel managers et acheteurs voyages dans leurs démarches RSE.

Pendant les sept dernières années, vous étiez responsable de la division International Public Affairs chez Grayling, chargée de défendre les intérêts de la GBTA et du secteur du voyage d’affaires à Bruxelles. Et en janvier dernier, vous avez été nommée Senior Vice-President Sustainability au sein de la GBTA. Le développement durable est-il désormais un axe de travail central au sein de l’association ?

Delphine Millot : Oui en effet, même si l’industrie ne nous a pas forcément attendue pour s’investir sur ces questions. Ce sujet est présent dans les entreprises depuis des années. Mais il est clairement devenu leur priorité aujourd’hui. Et des aides gouvernementales conditionnées à leurs efforts en la matière ont pu parfois aider à franchir un palier. Nous n’avons plus le choix aujourd’hui, il nous faut des résultats. La question centrale est désormais de fixer non seulement des échéances mais aussi de les tenir.

Le rôle du travel manager et acheteur voyages évolue aussi sur ces questions…
On leur confie, dans la plupart des cas, la gestion des problématiques RSE liées au voyage, par le biais des politiques voyage. Le sujet n’est pas nouveau. Mais il va devenir de plus en plus réglementé. Impossible en effet, pour une grande entreprise, de se fixer des objectifs de développement durable sans regarder de près les émissions de CO2 liées aux déplacements des collaborateurs. Et les travel managers ont une vraie responsabilité en la matière, une position stratégique. Mais il est important de bien appréhender la culture de chaque entreprise. Et nous laissons cette marge de manœuvre aux travel managers, afin de juger de l’importance de chaque critère au regard des priorités de leur entreprise. Cette responsabilité concerne aussi les prestataires. La performance environnementale des fournisseurs a aussi un impact sur celle des acheteurs.

Votre poste est nouveau à la GBTA…
Nous avions auparavant un « sustainability committee », des membres très engagés. Et un gros travail a été réalisé l’an dernier pour doter l’association d’un groupe de travail rassemblant des experts, que nous sommes en train de structurer autour des vrais problématiques et enjeux de notre secteur. Mon rôle s’articule autour de trois axes de travail, la formation, la recherche et la défense des intérêts de la profession. Nous pensons que notre engagement dans le développement durable doit s’imbriquer dans ces trois piliers. A moyen-long terme, tout devra être revu à l’aune de cette problématique. Et les questions de durabilité vont être intégrées à nos différents groupes de travail verticaux, technologie, transport, hébergement…

Vous souhaitez mettre en avant les meilleures pratiques…
Nous travaillons en effet là-dessus en ce moment. C’est même notre premier axe de travail. Notre précédent guide destiné aux travel managers date de 2012. Nous sommes en train de le remettre à jour. Et la nouvelle version sera disponible avant notre convention de San Diego en août prochain. Il est important de trouver des solutions à court terme. Car de nombreuses options ne sont pas encore prêtes.

Des entreprises technologiques travaillent sur des solutions permettant de comparer les rejets de CO2 selon les modes de transport, les routes aériennes, le type d’avion…
Nous n’avons pas l’intention de créer la nôtre. Et pas davantage de devenir labelisateur, nous ne voulons pas ajouter de la complexité à la complexité… Mais nous pouvons en revanche faire office de levier d’harmonisation. Et nous souhaitons mettre en place une sorte de «solution market place» cette année, un annuaire se présentant comme un gage de qualité, visant à rendre les démarches des TM plus faciles sur ces questions de durabilité.

L’un de vos axes de travail est la formation…
Il va falloir en effet renforcer la dimension formation sur ces questions. Nous pouvons déjà nous appuyer sur la GBTA Academy, qui a trois niveaux de formation. Et nous sommes en train d’intégrer les problématiques de développement durable dans notre formation de base (Global Business Travel Professionnal).

Faut-il que les entreprises intègrent l’idée que le choix d’un transport plus durable va générer des coûts supérieurs ?
Il faut sortir de cette opposition binaire entre ce qui est bon pour la planète et ce qui est bon pour le portefeuille. Et il ne faut pas avoir honte de parler de profitabilité quand on parle de développement durable. On doit s’inscrire dans la démarche du «Triple P» pour People Planet et Profit. Il faut voir la nouvelle approche RSE comme une opportunité commerciale. Et l’appréhension du vrai coût du carbone nous permettra de réaliser à quel point les options vertes ne sont pas forcément plus chères.

NB : En marge de sa prochaine conférence Europe, le 8 novembre prochain à Bruxelles, la GBTA organise son premier GBTA Sustainability Summit, sur une journée entière.