Un point presse devait permettre d’en savoir plus sur l’accord entre le GIE ASHA et la centrale d’achat mondiale d’Amex. Faute de représentant de la TMC, le point presse a surtout permis au patron de Marietton Développement de faire part des ambitions de son entreprise en 2022, notamment grâce à l’appui de son actionnaire de référence, le fonds d’investissement Certares. Et Laurent Abitbol d’en appeler de nouveau au retour du système de commissions avec les compagnies aériennes.
Ce mercredi après-midi s’est tenue une conférence de presse dans les locaux de Selectour à Ivry-sur-Seine. A l’ordre du jour : un point sur l’intégration du GIE ASHA Selectour/Havas Voyages dans la centrale d’achat mondiale d’Amex. Patatras ! Yorick Charveriat, le vice-président et directeur général d’Amex GBT était absent, pour « raisons techniques ». Dès lors, on attendra encore quelques semaines avant de tout savoir ou presque sur cet accord permettant au groupement français de bénéficier des conditions obtenues par la TMC dans ses négociations au niveau mondial avec les compagnies aériennes, et ainsi d’en faire profiter le marché français, à la fois sur les segments affaires et loisirs, avec à la clé des tarifs plus attractifs et surtout des sur-commissions.
« Certares nous a bien aidé à conclure cet accord. Mais il s’agit de la constitution d’une centrale d’achat commune, pas du rachat de Marietton par Amex ! » a toutefois relativisé Laurent Abitbol, président du directoire de Selectour et président de Marietton Développement (Havas Voyages, Ailleurs Business, ainsi que Selectour Ailleurs et Bleu Voyage qui rassemblent à eux deux le cinquième environ des agences Sélectour). « Nous sommes dans un esprit de conquête cette année, avec des budgets énormes, Certarès ayant les moyens de nos ambitions« , a poursuivi Laurent Abitbol ajoutant qu’une enveloppe de plusieurs dizaines de millions permettrait des acquisitions en 2022, lesquelles pouvaient concerner aussi bien des entreprises de la tech que des tour-opérateurs, des spécialistes du loisir comme du business travel.
Certares est, faut-il le rappeler, l’actionnaire de référence de Marietton Développement, comme d’Amex GBT. Le fonds d’investissement américain est entré dans le capital du groupe lyonnais en 2018, à hauteur de 49%, aux côtés de BPI France et Africinvest. Le rapprochement avec Amex date, lui, de 2014. Certares avait alors constitué un consortium d’investisseurs, lequel avait pris 50% d’une nouvelle structure ayant rassemblé les activités de voyages d’affaires du géant américain sous de nom de Global Business Travel, une participation en passe d’être diluée avec l’entrée en bourse de la TMC prévue ce premier semestre. L’investisseur new-yorkais est également propriétaire de l’alliance nord-américaine Travel Leaders Network, un groupement que Marietton Développement a rejoint en avril 2019, ouvrant ainsi le groupe français à l’international pour ses clients affaires.
L’accord entre GBT et Asha ne concerne que le volet aérien, et s’inscrit dans une approche tripartite avec les compagnies françaises, au premier rang desquelles Air France. La compagnie nationale n’en était pas moins très présentes dans les échanges ce mercredi, d’autant qu’elle pèse pour la moitié de l’activité aérienne des distributeurs. Laurent Abitbol, dans la droite ligne du dernier Congrès Sélectour, a de nouveau appelé au retour d’une rémunération à la commission entre compagnies aériennes et agences de voyages : « On ira jusqu’au bout car le danger est extrême pour nos entreprises« , a-t-il prévenu, comptant réunir les autres distributeurs dans sa croisade, et se déclarant prêt à utiliser tous les moyens à disposition, entre lobbying et recours à la justice.
Le patron de Marietton a également rappelé que les distributeurs étaient aussi les victimes d’un conflit larvé entre Air France et Amadeus sur le format NDC. Leur Private Channel s’est terminé le 1er janvier pour le loisir, et doit l’être le 30 avril pour le voyage d’affaires, signifiant la fin de cette mesure temporaire qui permettait de ne pas payer de surcharges GDS (13 euros par segment mais un à deux euros « seulement » pour les TMC selon Air France, ndr). Reporter la suppression du private channel de « huit mois au moins » serait pourtant le bienvenue, afin que l’entreprise technologique puisse adapter son offre car « on ne peut acheter du NDC sur un SBT, ça ne marche pas !« .
Christophe Jacquet, le directeur général d’Havas Voyages, s’en est pris pour sa part à la SNCF, parlant de discrimination et de concurrence déloyale. « Le rail est pour nous une activité déficitaire. Nous sommes maltraité par la compagnie ferroviaire. Être fort, ce n’est pas réduire le taux de commissionnement et écraser son distributeur. Et nous ne pouvons même pas vendre tous leurs produits…« .
Laurent Abitol n’en est pas moins optimiste pour 2022 sur le segment affaires, citant notamment en exemple les chiffres d’Havas Voyages (600 millions de volume d’affaires contre 400 pour le loisir) dotée de 19 plateaux affaires (12 pour Marietton) : « Entre septembre et novembre, le business travel approchait les 75%, par rapport aux mêmes mois de 2019. En décembre, on atteignait les 91%. Avant un creux de janvier à 40%. On est aujourd’hui à 60% et nous pensons que ça va bien reprendre d’ici dix à quinze jours. Les voyageurs d’affaires ont besoin de bouger. Mais les entreprises vont tout de même nettement moins faire voyager leurs collaborateurs (…). Notre ennemie numéro un c’est la visioconférence » explique le président de Marietton Développement, ajoutant que certaines grandes entreprises entendaient diminuer leurs dépenses de BT d’au moins 30%. « Et il nous faut aller conquérir de nouveaux clients pour compenser la perte de chiffre d’affaires« .