Aéroports : Eiffage affirme ses ambitions face à ADP et Vinci

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Eiffage, en ce début d’année, devient gestionnaire des aéroports de Toulouse et Lille. Mais le groupe de travaux publics reste encore un acteur modeste dans la gestion aéroportuaire, loin derrière les géants ADP et Vinci.

Casil Europe et Eiffage ont clôt cette fin d’année le processus de cession engagé depuis le printemps dernier. Eiffage est ainsi devenu le nouvel actionnaire principal d’Aéroports Toulouse Blagnac (ATB), avec 49,99% des parts du capital. Le groupe français, implanté de longue date en Occitanie, poursuit ainsi sa stratégie de diversification au-delà des travaux publics et concessions autoroutières.

«L’entrée d’Eiffage au capital d’ATB ouvre un nouveau chapitre dans notre histoire, avec un groupe français qui se positionne en partenaire de long terme, privilégiant un développement harmonieux au service de son territoire», a commenté Philippe Crébassa, président du Directoire du cinquième aéroport français, non sans qu’on y voit une référence à l’entreprise chinoise Casil, dont l’approche court-termiste aura fait l’unanimité contre elle.

Eiffage est également concessionnaire de l’aéroport de Lille-Lesquin depuis ce 1er janvier 2020 et pour vingt ans. D’importants travaux d’extension sont dès à présent prévus, afin que la plateforme passe de 18 000 m² à 33 000 m² d’ici 2023. L’entreprise de travaux publics ambitionne d’atteindre les 4 millions de passagers en 2039, contre 2,2 millions aujourd’hui.

Eiffage arrive sur ce marché de la gestion d’aéroports où deux acteurs français possèdent déjà des positions importantes. Vinci Airports a inauguré ces jours-ci l’aéroport de Salvador de Bahia rénové après un investissement de 160M€. L’entreprise affirme ainsi ses ambitions au Brésil où une quarantaine d’aéroports doivent être mis aux enchères d’ici 2022. Elle avait franchi une étape décisive dans son développement avec l’acquisition du concessionnaire des aéroports portugais ANA en 2013. Intégrateur global, Vinci Airports développe, finance, construit et exploite au quotidien 46 aéroports dans 12 pays, dont le Japon, le Chili, le Cambodge et le Costa Rica, sans oublier bien sûr Londres-Gatwick et Nikola Tesla Belgrade.

ADP n’en reste pas moins le premier groupe aéroportuaire mondial. Outre les aéroports parisiens, il en gère de nombreux autres via deux filiales. D’abord TAV Airport, le gestionnaire d’aéroports turc dont elle détient 46%, qui vient de récupérer 389M€ après la fermeture anticipée de l’aéroport Atatürk Istanbul. TAV Airport gère 15 aéroports dans le monde, dont ceux d’Ankara, Tbilissi et Zagreb. Son autre filiale (à 100%) ADP International gère une vingtaine d’aéroports dans une dizaine de pays, dont la Jordanie, le Chili (Santiago), Madagascar, le Vietnam…

Les cartes seront bien sûr rebattus en cas de privatisation d’ADP, dont le processus est enclenché. L’État détient aujourd’hui 50,6 % de son capital (Vinci 8 %). Le RIP (référendum d’initiative partagée) a dépassé le cap du million de signatures, mais reste très loin des 4,7 millions de soutiens (un dixième des électeurs inscrits) requis d’ici le 12 mars pour valider la proposition de loi référendaire. Vinci Airports est bien placé pour remporter la mise en cas de privatisation.