Italie : les trains à grande vitesse Italo NTV en grande difficulté

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Le seul opérateur privé de TGV en Europe suspend dès ce mardi 93% de son service en Italie. Un coup dur pour l’entreprise transalpine durement impactée par la crise du Covid-19. Italo NTV, avant la crise, espérait alors profiter de la libéralisation du rail européen et partir à la conquête de marchés étrangers…

Cela fait quatorze ans que Trenitalia est confrontée à une concurrence sur ses lignes à grande vitesse intérieures. Les trains Freccia Rossa du transporteur historique font face en effet aux «Italo» du seul opérateur privé de TGV en Europe, NTV (Nuovo Trasporto Viaggiatori S.p.A). Et les consommateurs italiens n’ont cessé, depuis, de s’en féliciter. La qualité du produit Italo a en effet incité sa concurrente publique à améliorer ses services, sa ponctualité, le confort de ses trains et l’offre dédiée aux voyageurs d’affaires. Le marché a doublé entre Milan et Rome depuis l’arrivée du nouvel opérateur. Et les prix ont baissé en moyenne de 40%… Mais la crise du Covid bouleverse la donne. Et le nouveau confinement mis en place en Italie porte un nouveau coup très dur à Italo. Sur ses 112 liaisons quotidiennes d’avant la crise, la compagnie ferroviaire n’en assurera plus que huit à compter de ce mardi : six sur la desserte Naples-Milan-Turin et deux sur la liaison Rome-Venise.

Italo NTV avait manifesté l’an dernier son intérêt pour les marchés français et espagnol. Avant la crise sanitaire, il entendait profiter, dès début 2021, de la possibilité pour les opérateurs privés de venir concurrencer en toute liberté la SNCF sur le réseau ferroviaire français à grande vitesse.

Dans deux mois en effet va disparaître le monopole de l’opérateur historique sur les lignes dites non subventionnées, qui n’entrent pas dans un contrat de service public. Chaque opérateur pourra alors faire circuler ses trains en « open access »… et se lancer à ses risques et périls. Cela n’avait pas empêché les prétendants – dont Italo – de manifester leur intérêt pour des lignes à gros volume telles Paris-Lyon, Paris-Lille ou Lyon-Marseille. La crise du Covid devrait (au mieux) retarder de nombreux projets.

Rappelons qu’Italo NTV a été racheté en 2018 par le fonds américain GIP (Global Infrastructure Partners), pour près de deux milliards d’euros. La même année, la compagnie d’assurances allemande Allianz a pris une participation de 11,5% dans l’entreprise ferroviaire, devenant son second actionnaire aux côtés de GIP. La SNCF avait investi en 2008 dans le capital de NTV, avant de revendre sa participation de 20% sept ans plus tard.