Le SVP Global Sales (*) d’Air France, dans le cadre du salon IFTM Top Résa, a fait le point pour nous sur l’activité corporate de la compagnie aérienne, sur le poids du marché US, sur les freins persistants à la reprise et sur les perspectives pour 2022.

Qu’en est-il de la reprise du segment Affaires chez Air France ?
Sébastien Guyot : Je constate d’abord qu’il y a une vraie appétence à revoyager. Certains en doutaient, il y a encore quelques mois. Nous sommes bien sûr loin de l’activité d’avant la crise. Mais 90% des destinations Air France-KLM de 2019 sont couvertes. Le domestique a repris assez rapidement, dès le printemps dernier, suivi par l’Europe. Nous avons encore très peu de visibilité sur l’Asie. Nous enregistrons des signes positifs sur la Corée du Sud et Singapour. L’Inde marche déjà bien également. La reprise sera en revanche plus longue sur la Chine. Et c’est encore l’inconnu sur le Japon.

Les Etats-Unis restent bien sûr le nerf de la guerre…
Ils représentent 40% du chiffre d’affaires long-courrier d’Air France-KLM ! Nous savons que les Etats-Unis rouvrent leurs frontières aux visiteurs vaccinés en novembre. Mais nous n’avons pas encore de date précise. Ce qui explique la reprise encore molle, ceci même si nous opérons dès le mois prochain 100% de nos destinations américaines. Au regard des réservations affaires, cette reprise sera effective en décembre. Les fréquences resteront moindres qu’avant la crise, mais nous pourrons en rajouter en fonction de la demande, nous avons les avions pour ça…

Quid du travel ban des entreprises ?
Les PME-PMI se sont remises à voyager plus vite que les grands groupes internationaux. Mais globalement, l’immense majorité des entreprises revoyagent aujourd’hui, surtout sur le domestique. Le travel ban est désormais très limité et persiste dans quelques rares secteurs tel la Banque sur le court-moyen courrier. Il se concentre plutôt sur certains axes et destinations, et reste important sur le long-courrier.

Quels sont aujourd’hui encore les freins à la reprise ?
La quarantaine est le premier frein à supprimer. Je citerais ensuite la lecture des vaccins. Il est clair aussi que nous devons encore rassurer certaines personnes n’ayant pas voyagé depuis plus de 18 mois et manifestant une certaine appréhension. Sur ce point, je rappellerais qu’Air France vient de se voir décerné le Prix d’Excellence Covid dans le cadre des Skytrax World Airline Awards 2021.

Quelles autres initiatives sont prises pour soutenir la reprise ?
Nos mesures actuelles en matière de flexibilité sont étendues jusqu’à mars 2022. Nous avons par ailleurs lancé en juin dernier Ready To Fly, aujourd’hui une réussite avec plus de 130 liaisons éligibles : sur nos vols, 20% des passagers en moyenne utiliseraient à ce jour ce service gratuit de vérification des documents de voyage. Je tiens également à rappeler que nous n’avons cessé d’investir pendant la crise. Et je citerais en exemple notre nouveau salon 2F à Roissy.

Peut-on déjà commencer à mesurer l’impact des engagements RSE, de la visioconférence, du télétravail ?
Les politiques voyages devraient se faire demain non plus uniquement avec les travel managers, mais aussi avec le département RSE ou la RH pour ce qui concerne le télétravail. Les outils numériques ont aussi montré leur limite, le besoin de se voir est souvent indispensable dans le cadre des affaires. Nous ne doutons pas qu’il est aujourd’hui vital de s’inscrire dans une logique de décarbonation. Le comportement des salariés a changé sur les questions d’environnement. Et les entreprises s’engagent davantage en la matière. Les TMC vont comparer de plus en plus les compagnies aériennes sur le plan durable. Or, Air France se montre volontariste, qu’il s’agisse du bio-carburant, de la compensation ou du renouvellement de sa flotte avec des appareils de nouvelle génération.

Votre groupe est aussi acteur du segment MICE avec sa solution Air France KLM Global Meetings & Events. Comment se porte ce marché ?
Nous avons constaté un volume d’événements en septembre de 60% par rapport au même mois de 2019. La demande se porte principalement sur la France. Mais compte tenu notamment du fait que nombre d’événements sont hybrides, il y a moins de participants sur chacun d’entre eux. Il est possible qu’il y ait un rattrapage au regard du faible nombre de réunions d’entreprises organisées pendant ces 18 derniers mois.

Air France dispose de nombreux outils à l’adresse des entreprises et voyageurs d’affaires, entre Bluebiz, ses cartes d’abonnement, sa carte de paiement corporate, son offre Business Travel Services… Combien avez-vous aujourd’hui d’entreprises en compte ?
Je rappellerais d’abord que nous sommes restés en contact avec nos partenaires entreprises pendant toute la crise. Et nous avons toujours conservé notre force de vente. Nous avons aujourd’hui 450 comptes Firmes, ceux qui sont globaux sur plusieurs pays, et 30 000
contrats France incluant les PME/PMI.

Avec la crise, on parle aussi réduction des dépenses de voyages…
Nous avons assisté ces derniers mois à un gel des déplacements, mais pas à un changement dans les politiques voyage. Les entreprises n’ont pas incité leurs collaborateurs à voyager dans une classe différente, à de rares exceptions près.

(*) Sébastien Guyot a été nommé début avril dernier Senior Vice President Global Sales d’Air France (en charge des accords lorsqu’ils concernent plusieurs pays, avec des verticales Entreprises, Agences de voyages et TMC, ainsi que partenariats non aériens). Au sein de la compagnie aérienne depuis plus de 22 ans, il a notamment occupé le poste de VP Corporates & Travel Agencies Sales pour le marché français entre juillet 2016 et octobre 2020.