Substitution air-train : L’Europe pourrait émettre moitié moins de CO2

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(Ph. Philip Myrtorp / Unsplash)

Selon une étude Mabrian, si l'ensemble des liaisons aériennes européennes de 500 km et moins étaient remplacées par du train, les émissions de CO2 dues à ces déplacements diminueraient de 1 million de tonnes, soit de 48%.

Mabrian Technologies, société spécialisée dans le Travel Intelligence, a mené une étude sur l'impact potentiel du remplacement des liaisons aériennes intérieures de moins de deux heures et demie, et d'un maximum de 500 km, par des trains à grande vitesse. L'étude analyse les économies d'émissions de CO2 si la réglementation, qui a déjà commencé à être mise en place en France, devait être appliquée dans plusieurs pays européens.

554 routes et 44 millions de voyageurs

Selon le rapport – qui a analysé le programme aérien total pour 2023 sur les liaisons intérieures avec des distances au sol inférieures à 500 km – il existe 554 liaisons de ce type en Europe, qui transporteront environ 44 millions de passagers et produiront environ 2,3 millions de tonnes de CO2 cette année. .

En raison de leur plus grande efficacité en termes d'émissions, l'utilisation de trains à grande vitesse pourrait réduire cet impact environnemental de 48 % en moyenne. Cela se traduirait par une économie de plus d'un million de tonnes de CO2 en un an seulement, ce qui équivaut à plus de 200 000 voitures en fonctionnement continu pendant 12 mois.

La source d’énergie prise en compte

Pour le calcul comparatif des émissions, Mabrian s'est penché sur le type d'énergie électrique et ses sources qui alimentent le système ferroviaire dans chaque pays européen, en suivant la méthodologie publiée par le rapport EcoPassenger.

Celui-ci définit une transition ambitieuse vers une mobilité durable, impliquant l'adoption de technologies propres et vertes. Certains pays se démarquent des autres dans ces politiques. L'Allemagne, par exemple, a investi dans la modernisation de son infrastructure ferroviaire et dans l'adoption de technologies plus propres qui encouragent l'utilisation du rail comme alternative plus durable au transport aérien, réduisant ainsi les émissions de carbone. La Suède a été pionnière dans l'utilisation de sources d'énergie renouvelables telles que l'hydroélectricité et l'énergie éolienne dans son transport ferroviaire.

Economies potentielles par pays

L'étude révèle cinq des pays européens qui réaliseraient les plus grandes économies de CO2 si cette transition devait avoir lieu. En premier lieu, on retrouve l'Espagne, avec un potentiel d'économie de 360.000 tonnes de CO2 par an si ces lignes étaient remplacées par des trains à grande vitesse ; l'Allemagne, en deuxième position, avec une économie de 238.000 tonnes ; la France, avec 193.000 tonnes ; l'Italie, avec 189.000 tonnes ; et la Suède, avec 159.000 tonnes par an.

En revanche, en termes relatifs, les trois pays avec le plus grand potentiel d'économies de CO2 du passage au rail sont la Suède, avec 97,13 % du total de CO2 produit par les avions par an ; Autriche, avec 92,79 % ; et la France, avec 89,73 %. La France a d'ailleurs été le pays pionnier dans l'application de cette mesure aux liaisons aériennes court-courriers au départ d'Orly.

Infrastructures

Toute cette analyse s'est concentrée uniquement sur les liaisons aériennes intérieures au sein de chaque pays. Ainsi, Mabrian indique que les économies potentielles seraient beaucoup plus importantes si toutes les liaisons aériennes de 500 km ou moins reliant différents pays d'Europe étaient également prises en compte.

L'étude indique également l'importance d'analyser plusieurs aspects qui ne sont pas entièrement favorables à ce changement. Le coût de mise en œuvre de l'infrastructure ferroviaire pour couvrir toutes ces routes nécessiterait des investissements importants, de sorte que tous les pays n'ont peut-être pas les ressources nécessaires pour le financer. Il faudrait aussi considérer la rentabilité à long terme et la capacité de ces nouvelles infrastructures à absorber une demande très importante.