Difficile sujet que celui de l’étranger

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Il n'est pas dans mes habitudes de traiter ou de commenter des sujets politiques à une époque ou la montée des nationalismes est analysée par tous les spécialistes européens. Un bref regard sur nos voisins, proches ou lointains, nous démontre que la crise économique conduit à un repli sur soi même et à un rejet de celles et ceux venus chercher un eldorado économique dans des pays a priori considérés comme riches. Les nôtres.

Si, comme chacun, j'ai une idée personnelle sur le sujet, il n'est pas inintéressant de noter que la vision des grands voyageurs se veut plus humaniste et moins frileuse que d'autres. Regarder et connaître le monde apprend, sans doute, à le comprendre. Proposée par la Business Traveller Association anglaise, l'enquête menée de janvier à mars dernier autour de la vision "humaniste" du voyageur d'affaires, bien loin d'être scientifique, porte un simple regard sur la tolérance politique et religieuse de ceux qui se déplacent. La question posée était simple : "Trouvez vous que le monde actuel se radicalise ou s'ouvre sur les autres ?". Il ne s'agissait pas simplement de répondre par oui ou par non, chacun des membres avait la possibilité de commenter sa vision. Pour la grande majorité, le repli sur soi des pays européens est la démonstration d'une faible perception du monde tel qu'il est par des populations européennes qui ne sont pas forcément des voyageurs. Elle justifie aussi de la perception des énormes écarts économiques entre les pays riches (qui essayent de s'en sortir) et les plus pauvres qui n'y arrivent plus depuis longtemps. Pour d'autres, il faut arriver à équilibrer ce que l'on fait pour soi et ce que l'on peut apporter aux autres. Quelques voyageurs, devenus membres d'associations humanitaires, pensent même qu'au plus fort des crises, il faut quand même aller aider les plus démunis faute de quoi "ils viendront eux mêmes chercher fortune en Europe".
Il ne nous appartient pas de commenter ces visions, très anglo-saxonnes, du partage des richesses mais ici, à la rédaction de DéplacementsPros, force est de constater que le voyage est souvent une leçon de vie que bien des écoles de commerce occultent pendant les formations. Le simple regard différent que l'on porte sur l'autre et la compréhension d'une partie de sa culture sont des pas en avant formidables qui étayent les interrogations et conduisent au doute. Loin de toutes vérités établies, le voyage est une clé d'accès à la réflexion autour d'un monde où les différences entre les peuples diminuent et où vivre, voire survivre, sont devenus les bases même de l'existence. La question posée par nos amis anglais a le mérite d'inciter à la réflexion. Alors à mon tour de vous demander : "Quelle vision forte retenez vous du voyage? Permet-elle de comprendre ou au contraire sème t-elle le trouble?". Nous attendons vos réponses.

Marcel Lévy