Faudra-t-il supprimer le mot «réformer» du dictionnaire français?

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Un ministre qui joue les pompiers pyromanes, des syndicats qui anticipent un projet de loi qui n'existe pas, des contrôleurs aériens qui interprètent une volonté européenne… Décidément, la France est un pays difficile à réformer, même si les projets de loi vont souvent dans le bon sens... Toutes étiquettes politiques confondues. Vous l'aurez remarqué, il n'est pas de bon ton aujourd'hui de s'opposer à la volonté sociale des salariés sous peine d'être traité d'extrémiste pire, de libéral !

Notre politique sociale actuelle, née des 30 glorieuses, est-elle encore adaptée à notre environnement économique ? À cette question, tous les spécialistes du domaine, de droite comme de gauche, expriment l'idée qu'il faudra, de gré ou de force, engager de profondes réformes sociales dans les 10 prochaines années. On constate aujourd'hui la fin de notre pôle industriel au bénéfice seul de l'innovation et des services, deux domaines très consommateur de déplacements professionnels. Mais au-delà, ce sont les outils à mettre en place pour faciliter la nouvelle approche entrepreneuriale qui sont complexes à définir. Bien sûr, on pourra reprocher à nos parents et grands parents cette vision trop optimiste qui, à la sortie de la dernière guerre, a conduit le politique à créer des services collectifs nouveaux, gouffres financiers sans fond mais d'une portée collective exceptionnelle. Ils avaient l'idée d'une société plus équitable, plus généreuse et plus à l'écoute des besoins de chacun. Mais ce qui était valable il y a une cinquantaine d'années et qui a été amplifié dans les années 70, apparaît aujourd'hui complexe à maintenir. "Egalité liberté et fraternité", restent les trois fondements de la France même si beaucoup de jeunes doutent aujourd'hui de leur efficacité.

Notre collectivité appelle le modernisme tout en restant campée sur le classicisme. On le constate depuis des années, si l'on sait former des patrons aux méthodes internationales via des MBA divers et variés, on oublie souvent qu'il ne suffit pas de décider d'un voyage pour qu'il soit automatiquement couronné de succès. Apprendre à gérer des déplacements professionnels est tout aussi important qu'apprendre à calculer une marge, à établir un bon de commande voir même à définir le prix d'un service ou d'une nouveauté. Si j'évoque aujourd'hui le sujet, sans pour autant y insérer la moindre approche politique, c'est parce que pour la première fois, les universités américaines viennent d'inscrire "le voyage d'affaires" à leur programme 2013 2014. Ucla, Cambridge, Harvard et d'autres grands noms veulent instruire les jeunes américains, jugés géographiquement et culturellement incultes sur le monde qui les entoure, sur ce qui fait l'essence de leurs clients, c'est à dire nous les européens ou eux les chinois. Ce n'est rien et c'est tout à la fois. Une évolution forte d'une approche économique nouvelle. Les USA ne sont plus le centre du Monde mais veulent ainsi le redevenir. Evoluer pour conquérir.

Pierre Barre