La méga commande d’avions d’Air France inquiète le gouvernement

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Le salon du Bourget qui s'annonce devrait confirmer son statut de supermarché de l'aérien. Seule différence : toutes les caméras sont pointées sur les clients qui viennent commenter à grands renforts de poignées de main leurs achats. Airbus distille déjà dans la presse ses espoirs face à Boeing et quelques surprises de dernière minute sont à prévoir pendant la manifestation. Pour les autorités françaises, le choix que fera Air France pour l'acquisition d'une centaine d'appareils - indispensables au transporteur - donnera le ton des relations entre le Ministre des transports et le patron d'Air France.

Fini le temps où le Président d'Air France était, officieusement, le Ministre des Transports et où l'Etat possédait la quasi totalité du capital de la compagnie. Aujourd'hui avec 15,7 %, il est un petit actionnaire, sans réelle voix au chapitre. Cette liberté d'entreprise d'Air France doit naturellement la conduire à faire des choix en faveur de l'entreprise, éloignés de toute contrainte politique. De fait, la bataille qui s'annonce entre l'Airbus A350 et le Boeing 787 va bien au delà de la seule approche politique. Les comparaisons entre les deux appareils sont analysées par les acheteurs de la compagnie qui comparent les coûts d'exploitation, la rentabilité par siège, les coûts de maintenance, l'équipement en moteurs,... Bref, pas moins de 6 ou 700 points essentiels qui permettront de gagner quelques points de productivité. Pour autant, les députés français, eux, ne le voient pas de la même façon. Le député UMP Bernard Carayon entend bien faire pression sur Air France pour que le choix d'Airbus soit fait rapidement. 86 députés le suivent, même si tous reconnaissent que la compagnie est privée et qu'à ce titre, elle est seule décisionnaire. En interne, on sait que le choix annoncé sera politique plus que technique. On ne sera pas étonné si Pierre Henri Gourgeon, le patron actuel de la compagnie, et qui devrait être reconduit à la tête d'Air France, partage sa commande entre Airbus et Boeing. Mais nous ne leurrons pas, ce process n'est pas propre à la France et le choix d'un avion tient plus de la bataille d'influence entre les Etats Unis et l'Europe que de tout analyse impartiale. Bien des nouveaux entrants européens sont invités à faire le choix d'Airbus pour mieux "s'intégrer" à la communauté. On devrait en savoir plus dans moins de deux semaines.

Hélène Retout