Pour rassurer les voyageurs, 2 personnes resteront dans le cockpit

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Après les révélations sur les conditions du crash de Germanwings, certaines compagnies ont décidé dès jeudi d’imposer une procédure obligeant les pilotes à se faire remplacer dans le cockpit en cas de besoin. L’agence de sécurité européenne a publié une recommandation dans ce sens. Les pilotes contestent cette mesure.

Les voyageurs d’affaires se sentiront ils rassurés par l’obligation de maintenir en permanence deux personnes dans le cockpit ? La mesure, prise en réaction au crash de l’A 320 de Germanwings, était déjà appliquée depuis plusieurs années par United, Volotea ou Finnair par exemple. Elle le sera par toutes les autres, y compris Lufthansa ou Air France/KLM, après la publication par l’EASA d’une recommandation temporaire pour encourager les compagnies aériennes à s’assurer qu’au moins deux membres d’équipage, dont au moins un pilote qualifié, sont dans le poste de pilotage en tout temps du vol. L’Agence précise que cette recommandation peut être revue à la lumière de toute nouvelle information concernant l’accident. Le ministre français des transports, qui s’en félicite, précise que la DGAC a demandé aux compagnies aériennes françaises de mettre en œuvre ces recommandations sans délai, et de lui en rendre compte.

Cette réaction immédiate ne rassure en tous cas pas les pilotes eux-mêmes. Sur twitter, on peut lire sous la plume des plus expérimentés que c’est une décision est «émotionnelle, inefficace et risquée» ou encore «La décision va à l'encontre de la sécurité des vols car elle détruit la confiance, encourageant la dissimulation des difficultés personnelles» et le réseau social est le reflet  de beaucoup de questions. Par exemple : «Qui garantira que le nouvelle personne dans le cockpit imposée par l’EASA n’est pas suicidaire? C’est une fuite en avant dont on ne sortira pas». Et quelques uns soulignent que la hache avec laquelle le Commandant de bord du vol de Germanwings aurait tenté d’entrer dans le cockpit (curieux, au demeurant, s’il était coincé dehors), est bien à l’intérieur du poste d’équipage, ce qui en fait une arme.

La BALPA (British Airlines Pilots Association) a immédiatement réagi par un communiqué affirmant que «Proposer des mesures temporaires comme une réponse immédiate à cet incident tragique, est une mesure incompréhensible». Et précise que lorsque l'enquête sera complète, les pilotes seront prêts  à identifier et tester toutes les solutions à long terme qui assureront qu'il ne se reproduise pas. Sur France2 à la mi-journée vendredi, le Président du SNPL France Alpa soulignait ainsi qu’il serait par exemple plutôt simple d’intégrer des toilettes dans le poste de pilotage puisque cela existe sur certains appareils. Erick Derivry est en tous cas sur la réserve: «Si le SNPL France ALPA partage l’impérieuse nécessité de tirer les enseignements de tout accident afin de trouver les voies d’amélioration de la sécurité aérienne, il exprime toutes ses réserves sur la pertinence d’une recommandation prématurée qui pose nombre de questions et qui induit de nouvelles menaces».