Livraisons 2019 : Boeing en berne, Airbus en tête

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Livraisons 2019 : Boeing en berne, Airbus en tete
L'usine Airbus de Blagnac (Photo Airbus).

Le dossier "737 MAX" plombe très lourdement les chiffres de livraisons de Boeing. Une passe d'autant plus douloureuse pour le constructeur américain que son concurrent Airbus bat des records.

En 2006, Boeing livrait trois-cent-quatre-dix-huit avions. Douze ans plus tard, en 2018, le constructeur américain en livrait huit-cent-six. Durant toutes ces années, une hausse régulière, pour aboutir, au final, à un doublement des livraisons.

Mais cette impressionnante série s'est achevée en 2019 où les trois-cent-quatre-vingts avions livrés n'arrivent même pas au niveau de la première étape de ces années florissantes. Bien sûr, les deux crash de Lion Air (octobre 2018) puis de Ethiopian Airlines (mars 2019), ayant eu pour conséquence la suspension de l'autorisation de vol du 737 MAX, sont à l'origine de cette catastrophe industrielle.

Durant 2018, année record, ce sont cinq-cent-quatre-vingts 737 qui avaient été livrés, soit 72 % des livraisons totales. Le poids du 737 est donc énorme. Mais on peut se livrer à un calcul plus fin...

La feuille de route de Boeing prévoyait une production de cinquante-deux 737 par mois de janvier à juin 2019, puis de cinquante-sept par mois de juillet à décembre de la même année. En théorie, ce sont donc six-cent-cinquante-quatre 737 qui auraient dû être produits et potentiellement livrés. Seuls quatre-cents d'entre eux sont sortis de l'usine... pour rejoindre des usines de stockage, en attente éventuelle de livraison. 

380 (chiffre des livraisons effectives de 2019) + 654 (livraisons théoriques de 737) = 1034 ! C'est donc à une autre année record que s'attendait l'avionneur. La chute n'en est que plus dure. Et se relever le sera tout autant, même dans la perspective hypothétique d'une autorisation de vol de l'avion incriminé au printemps prochain : depuis janvier 2020, Boeing a complètement stoppé la production des 737 MAX.

Airbus s'envole

Evidemment, ces chiffres tranchent avec ceux annoncés ce vendredi 10 janvier par Airbus. Le groupe européen a livré huit-cent-soixante-trois avions en 2019, en hausse de 8 % par rapport à l'année précédente.

Ce serait faire insulte à Airbus que d'imputer aux seuls déboires de Boeing ce très beau résultat. D'autant que les bénéfices qu'il peut en attendre sont davantage à venir que dans des livraisons correspondant à des commandes bien antérieures aux crash du 737 MAX. C'est d'ailleurs la 17ème année de hausse de la production pour Airbus. 

Le succès de l'avionneur de Blagnac est donc davantage à chercher du côté de la réussite de toutes les variantes NEO et de la séduction qu'exercent ses gros porteurs : cent-soixante-treize d'entre eux ont été livrés : un record. L'impact de la mauvaise passe du constructeur américain est davantage - pour l'heure - symbolique : Airbus devance (très largement : 2,27 fois !) Boeing au nombre de livraisons 2019. Sur ce marché oligopolistique où les deux géants sont à couteaux tirés, ce n'est pas rien. 

A venir, donc, les bénéfices tirés des déboires de Boeing, mais déjà tangibles sans qu'on puisse les estimer précisément : cette année, Airbus a signé mille-cent-trente-et-une commandes. Un autre record.