Suspension des vols à Milan-Malpensa : Alitalia en très grand danger

768

La compagnie italienne est censée constituer son nouveau tour de table d’ici le 15 mars. Mais les repreneurs de se pressent pas au portillon.

Alitalia stoppe ce lundi tous ses vols à Milan-Malpensa, l’un de ses deux hubs, avec Rome-Fiumicino. La compagnie italienne n’assure plus que quelques liaisons sur Linate, l’autre aéroport milanais, et uniquement des dessertes domestiques. Une bonne partie de l’Italie du Nord est en effet en quarantaine, dont la Lombardie et la Vénétie. Alitalia ne reprendra pas ses vols avant que la levée de la mesure de confinement, donc probablement pas avant le 3 avril au plus tôt. En attendant, tous ses vols internationaux sont opérés depuis Rome.

L’épidémie tombe au plus mal pour Alitalia, déjà très fragilisée. L’État italien ne cesse depuis des mois de s’employer à sauver la compagnie, placée sous sa tutelle depuis 2017. Le transporteur est en effet très endetté (on parle de 3 milliards d’euros) et enregistre des pertes de 300 à 600 millions d’euros par an depuis quelques années. Tout n’est pourtant pas noir pour Alitalia, qui a terminé l’année 2019 sur une croissance de son revenu passagers (+1,7%) et de son trafic long-courrier (4,7%). Elle a transporté 21,3 millions de passagers l’an dernier.

Le gouvernement a avancé récemment la date limite pour constituer un nouveau tour de table, désormais fixé au 15 mars. Mais plusieurs actionnaires pressentis ont, semble-t-il, fait machine arrière. On a d’abord assisté à la valse hésitation d’Atlantia, le groupe de BTP contrôlé par la famille Benetton (exploitant des aéroports de Rome). La compagnie des chemins de fer italiens Ferrovie dello Stato (FS) a ensuite annoncé renoncer à devenir actionnaire du transporteur transalpin. FS, comme Atlantia, conditionnent leurs participations à celle d’un partenaire industriel. Or, Delta Air Lines et Lufthansa, les deux compagnies s’étant montrées à ce jour les plus intéressées, semblent aujourd’hui sérieusement s’interroger sur la pertinence d’un tel investissement.

Le Trésor public transalpin a débloqué en décembre dernier un nouveau prêt-relais de 400M€ pour maintenir l’activité de la compagnie encore plusieurs mois… tout en précisant qu’il s’agissait du dernier. De plus, ce prêt d’urgence fait l’objet d’une enquête de la Commission européenne.

Le transporteur et le gouvernement italien étaient déjà suspendus auparavant au délibéré d’une enquête de la Commission européenne sur l’éventuelle illégalité d’un prêt accordé par l’État italien à la compagnie, de 900M€, effectué en 2017 et converti pour partie en capital. Alitalia pourrait donc être bientôt invité à rembourser ces prêts à l’État italien.

La compagnie italienne pourrait se déclarer en cessation de paiement avant l’été. On rappellera, sur ce point, le précédent estonien, avec Estonian Air invité par l’UE à rembourser un prêt gouvernemental, finalement mis en faillite en 2015, et remplacé dès le lendemain du dépôt de bilan par une nouvelle compagnie, Nordica… La question qui se pose aujourd’hui est peut-être celle-ci : en cas de constitution d’une future Alitalia, l’État italien dira-t-il stop ou encore ?