Le mariage d’Accor et d’IHG n’aura pas lieu (pour l’instant ?)

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Le mariage d'Accor et d'IHG n'aura pas lieu (pour l'instant ?)
L'hôtel Sofitel de Kunming (province de Yunnan, Chine).

Le géant français de l'hôtellerie aurait réfléchi à un rapprochement avec le groupe britannique... Avant d'y renoncer.

La crise du Covid-19 et son violent impact sur l'industrie hôtelière laissait présager un remodelage du marché par une absorption accrue d'hôtels indépendants par des groupes. C'est du moins une perspective que Franck Gervais, DG Europe du groupe Accor, nous présentait comme très probable dans une interview réalisée fin mai.

C'est pourtant un autre type de consolidation de l'offre qu'a révélé Le Figaro il y a cinq jours : le rapprochement d'IHG et d'Accor. A cette annonce, aucun des deux mastodontes de l'hôtellerie n'a réagi - comprendre : n'a confirmé, ni, surtout, démenti. Selon le quotidien, Sébastien Bazin, PDG du groupe français, aurait créé début juin une équipe dédiée à ce projet, avec son directeur financier, Jean-Jacques Morin, et les banques d’affaires Centerview et Rothschild. Toutefois, il aurait finalement été considéré plus prudent de ne rien entreprendre pour l’instant : aucun contact n’aurait donc été pris avec Patrick Cescau, le président français du conseil d’administration du groupe britannique.

On comprend cependant l'intérêt que ces deux groupes auraient à s'unir : des synergies potentielles sources d'économies considérables, une puissance de feu redoutable en termes de distribution de programmes de fidélité, une position forte sur le secteur moyen de gamme (Novotel pour Accor, Holiday Inn pour IHG, notamment), et dominante dans le haut de gamme (Intercontinental et Crown Plaza pour IHG, Sofitel pour Accor, en premier lieu).

En outre, ces deux poids lourds, très proches à la pesée (883.364 chambres et 5.918 hôtels pour IHG; 747.805 chambres et 5.099 hôtels pour Accor), jouissent d'une complémentarité parfaite : force de frappe nord-américaine pour IHG, leadership européen et latino-américain pour Accor... Et partagent un objectif commun : faire de l'Asie le levier de leur développement.

Les mariées sont belles, la dot, riche de 1,6 millions de chambres, est supérieure de 200.000 unités à celle de Marriott, actuel numéro un (depuis l'absorption de Starwood en 2016), mais, donc, l'union n'aura pas lieu, l'époque étant trop incertaine pour l'organisation de festivités d'une telle ampleur... Du moins pour l'instant : c'est au moins la troisième fois, en une dizaine d'année, qu'on est à deux doigts d'imprimer les faire-part.