L’ubérisation confirmée du marché du MICE

184

Les hôtels sont passés par là avec Airbnb, les taxis avec Uber et Lyft. Aujourd'hui, les acteurs du MICE commencent, eux aussi, à s'inquiéter. Où que l'on regarde dans le monde du voyage, les entreprises bien établies sont désormais confrontées à une concurrence féroce de la part de start-ups, souvent bien financées, qui remettent en question des méthodes de travail vieilles de plusieurs dizaines d'années.

Le processus de réservation des événements MICE ne fait pas exception à cette tendance. Chaque jour, de nouveaux acteurs surgissent sur ce marché convoité.

La société australienne ivvy, par exemple, a présenté, en juin dernier à Londres, le "premier moteur de réservation en temps réel au monde". D'autres acteurs émergent, tels Bizly, Social Tables, Meetingselect, Groupize et Spacebase, pour n'en nommer que quelques-uns.

Les principaux TMC, les spécialistes de la réservation hôtelière comme HRS et Inntel, et les fournisseurs de technologies de gestion de réunions comme Cvent, poussent également leurs clients à se doter d'outils de réservation nouveaux ou améliorés.

Mais parmi ces nouvelles entreprises, laquelle peut espérer devenir le Airbnb du MICE ?

Étonnement, pour l'instant, la réponse ne vient pas Airbnb elle-même, malgré les similitudes évidentes entre la location de logements et d'espaces de réunion. La société a lancé Airbnb pour les événements plus tôt cette année, mais il s'agit d'un outil permettant aux organisateurs de réunions de trouver un logement pour les personnes qui assistent à des événements déjà réservés ailleurs.

Il n'y a "rien à partager pour l'instant" concernant le lancement d'une plateforme officielle de réservation d'événements, dit un porte-parole d'Airbnb.

L'entreprise danoise Gaest se fait fort d'occuper ce créneau vide qu'Airbnb ne semble pas encore vouloir combler. Son interface utilisateur conviviale et même son logo ne sont pas si différents - mais il est peut-être encore plus intéressant de voir comment Airbnb a influencé des entreprises comme Gaest à repenser les fondamentaux d'un marché comme le MICE.

Par exemple, les entreprises réservent traditionnellement des réunions dans leurs propres locaux ou dans des chambres d'hôtel construites à cet effet, mais quelque peu ennuyeuses. Sur le site de Gaest, les hôtels ne représentent qu'un tiers des lieux proposés.

Gaest est spécialisé dans deux types de lieux de réunions. L'un d'entre eux est principalement utilisé à d'autres fins. Par exemple, Lumière, dans le Southwark de Londres, un loft habituellement loué pour la photographie et le tournage ; et Hunter Collective, également à Londres, un espace de travail en commun pour les professionnels de la beauté et de la mode. La seconde, dans un véritable style d'économie de partage, est la location de salles de réunion dans les locaux d'autres entreprises. A Copenhague, 40 pour cent des salles du portefeuille de Gaest sont des espaces de réunion internes des clients.

Selon Glenn Thorsen, responsable des opérations de Gaest au Royaume-Uni, l'acheteur et le vendeur profitent de l'accord. Ceux qui louent leurs salles de réunion font un meilleur usage de biens immobiliers coûteux mais sous-utilisés.

"Nous nous sentons comme Airbnb et Uber, mais c'est aussi une façon pour les entreprises de gagner en transparence sur leurs dépenses."

Mais qu'en est-il de la bonne vieille négociation à l'ancienne par les acheteurs avec les lieux pour obtenir le meilleur taux possible ? Les entreprises clientes peuvent charger leurs tarifs négociés dans Meetingpackage, explique Gaest. "Est-ce que ça vaut le temps que vous passez ? Les prix en ligne sont généralement les meilleurs disponibles parce que les sites veulent montrer leurs meilleurs prix par rapport à leurs concurrents.".

Nour Mouakke, directeur général de Wizme, est d'un avis contraire. Il dit que les entreprises clientes bénéficient de meilleures conditions si elles négocient directement. Il estime que les appels d'offres doivent être modernisés et non pas abandonnés. "Nous prenons l'ancien système de RFP et le revitalisons en apportant le meilleur du monde B2C dans le monde B2B."

Comme Meetingpackage et Gaest, cela signifie avoir une interface utilisateur fluide et une offre diversifiée.

Il n'est guère contesté que, comme dans le reste des voyages, les start-ups numériques créent plus de choix. A court terme, cela signifie un surcroît de travail pour l'acheteur, car le choix de la bonne plate-forme reste primordial.