Achats en ligne : les frontières européennes tombent pour le voyage d’affaires

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Les députés européens ont voté ce mardi 6 février contre le blocage géographique des achats en ligne. Désormais les consommateurs pourront acheter sur internet dans un autre pays de l’union européenne sans être redirigé automatiquement vers leur pays de résidence. Mais les questions restent nombreuses autour de l’hôtellerie et de la réservation en ligne de voyages.

Pour l’eurodéputée socialiste Virginie Rozière, "Cette décision va permettre d’avoir une politique tarifaire unique dans des services qui jusqu’à ce jour dépendaient pour beaucoup des stratégies commerciales des entreprises". Exemple concret dans le voyage d’affaires, le tarif de l’hôtellerie dans les pays qui avaient des vacances scolaires différentes de la France. Mais le texte, voté à la majorité des eurodéputés, ne répond pas à toutes les questions que l’on peut aujourd’hui se poser sur cette ouverture commerciale européenne.

La première concerne bien évidemment le transport aérien. Selon les conventions internationales, l’achat d’un billet d’avion ne saurait se faire en dehors du pays d’où le départ est programmé. On évoque bien évidemment les billets aller-retour. Dans l’absolu, le voyageur est pénalisé en cas de now show et le coupon retour est annulé. Obligation est faite de racheter un billet. Mais avec la nouvelle législation, et la dématérialisation des billets, tout est possible. "Nous connaissons des petites TMC qui savent parfaitement gérer cette situation", explique un cadre commercial d’un transporteur européen, "Nous avons eu également à intervenir sur des cas d’exploitation de tarifs étrangers au sein d’une base diffusée en France".

Autre sujet, le paiement par carte de crédit. On sait que certains pays appliquent déjà des frais sur les règlements par carte bancaire. Le texte n’évoque pas aujourd’hui cette unicité des moyens de paiement. Quid également des tarifs aériens qui peuvent varier d’un pays à l’autre où le change, pour ceux qui n’ont pas adopté l’euro, est favorable aux achats européens ? Il en va de même pour les services annexes et la récupération de la TVA via les sites d’achat en ligne. Là encore, le texte reste flou et appelle à l’uniformisation rapide des règles européennes sur le sujet.

Si les biens culturels sont exclus de cette décision, en raison de l’application des politiques différentes de droits d’auteur, il n’en va pas de même pour l’ensemble des services associés aux déplacements professionnels qui pourront désormais être achetés dans des pays différents de celui où ils seront consommés. On sait déjà, depuis le mois de septembre dernier, que l’établissement d’un tarif stratégique unique est une idée que veulent adopter les grands fournisseurs du voyage d’affaires… Mais vont-ils opter pour le tarif le plus intéressant au sein de la communauté européenne ? Pas certain.