Bertrand Mabille, CWT : « Il y a sans doute des petits plateaux d’affaires qui fermeront d’ici 2015 »

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"Faire évoluer la TMC en fonction des mutations du marché", le propos n'est pas nouveau ici. Pour Bertrand Mabille, le patron de CWT, c'est la structure même de l'agence de voyage qui évolue dans l'intérêt du client. "Le travail que nous menons est celui de toute entreprise qui se doit d'être compétitive. Nous devons répartir nos forces en fonction des attentes nouvelles de nos clients. Le on-line a bousculé les process, il nous faut adapter nos moyens à ces évolutions". Alors que le groupe annonce la suppression de 194 postes en France, Bertrand Mabille souligne que le plan de restructuration a pour finalité "de pérenniser le savoir-faire de l'entreprise".

On pourrait opposer longtemps, sans forcément les faire se rejoindre, le point de vue des salariés et celui de la direction du groupe lorsqu'il s'agit d'évoquer un plan social. Après 2005 et le premier PSE, les années se suivent et se ressemblent avec leur lot de mauvaises nouvelles. Pas moins de 420 salariés sont partis en 2009, 80 en 2012 et le Directeur général de CWT a écrit aux salariés jeudi dernier pour leur anoncer un nouveau PSE concernant 194 postes avec la fermeture de Marseille, Lyon, Strasbourg et Villepinte. A priori, et selon le PSE publié par l'Echo Touristique hier matin, présenté en Comité Central d'Entreprise, les salariés de Marseille et de Lyon doivent être regroupés sur le site de Saint-Etienne, ceux de Strasbourg sur Belfort et ceux de Villepinte sur Nanterre. Les sites de Saint-Etienne, Clermont-Ferrand, Lille Nantes et Bordeaux sont appelés à perdurer.
Il reste que malgré les conditions de départ qui doivent être négociées pour privilégier les départs volontaires, en interne de nombreux salariés s'interrogent sur les raisons de cette profonde mutation de l'entreprise et plus généralement l'avenir des TMC. Par ailleurs les syndicats reprochent pèle mêle à la direction la perte de rentabilité de l'entreprise ou la rivalité entre le Business Travel et le Mice. Ils soulignent la crise qui pénalise les développements et se disent démotivés face aux évolutions de CWT.
"Je comprends les inquiétudes, mais nous nous devons de montrer aux salariés ce que sera l'entreprise à l'issue de cette réorganisation", commente Bertrand Mabille qui insiste sur les raisons et la finalité de ces plans sociaux. "Nous avons aujourd'hui beaucoup moins d'interventions humaines que par le passé. On constate que le marché du on line grossit d'environ 7% par an et que nous devons nous adapter à cette nouvelle donne, attendue par les clients eux mêmes. Pour autant, on line ne veut pas dire suppression de toutes les interventions. Au contraire, sur les voyages complexes, le savoir-faire de nos équipes est un atout". Si CWT a aujourd'hui une bonne visibilité sur le on line, d'ici 3 ans, l'entreprise aura fait évoluer ses process et mis en place les réponses nécessaires aux évolutions du marché.
"A priori, d'ici à 2015 nous aurons sans doute à fermer plusieurs de nos petits plateaux d'affaires", reconnait Bertrand Mabille, "Mais cela ne veut pas dire que je crois au plateau unique comme le pensent certains de nos compétiteurs. Plus le plateau est gros, plus il est difficile à gérer. Je pense que l'évolution du personnel va également passer par notre capacité de faire gérer du on line et du off line par la même personne. Certains de nos clients nous le demandent d'ailleurs". La refonte de l'organisation vise selon lui à atteindre une efficacité qui doit garantir la rentabilité de l'entreprise. "Nous devons faire partager cette vision à l'ensemble des salariés de CWT car nous avons les moyens d'être compétitifs sur les marchés du business travel".