L’AFO s’interroge sur un appel d’offres lancée par la Poste

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Une polémique sur la consultation d’agences lancée par la poste se développe au sein du métier de l'événementiel. La Poste est en cours de consultation d’agences de façon dérangeante, selon l'AFO, l'Association Française des organisateurs d'événements. En effet, l'entreprise publique soumet des cas pratiques théoriques sur lesquels les agences doivent avoir une approche réelle. Pour l'AFO, "En fait, la poste fait travailler pour voir". Mutation du métier ou simple jeu pour «apprécier» le marché ? L'Association s'interroge dans cette Tribune libre.

L’AFO s’interroge sur un appel d’offres lancée par la Poste
Cette polémique sur un marché capté par les agences événementielles de 2,8 milliards d’euros fait réagir ces mêmes agences dont la course aux appels d’offres est religion. Rappelons que le marché global (chiffre AFO) est de 10 milliards d’euros, ce qui nous montre que seulement 1/3 du marché est capté par les agences.

Alors que penser :
1/ C’est inadmissible et impensable de travailler sur des cas « bidons », d’y dépenser énergie et argent afin de prouver son talent aussi bien que son approche économique ou sa capacité d’achat. De fait, cela supprime les petites agences qui n’ont pas moyen d’investir, 5, 10 ou 20 000 € dans ce type de compétition.

2/ C’est dommageable, certes, mais c’est peut-être le système qui entraîne cela. Les agences se battent pour être sur des appels d’offres avec un discours des commerciaux ou développeurs axé sur le volume de compétition. Certains groupes ont une mesure sur ce volume.

Imaginons une consultation saine lancée par un donneur d’ordre corporate sur 3 agences et dans le plus beau des mondes, avec une rémunération de chaque agence à hauteur de 1 500 € par exemple. Imaginons 3 développeurs d’agence qui contactent ce même client 1 jour après le lancement de la consultation avec un discours : Consultez-nous, cela n’engage à rien, c’est gratuit et vous verrez ainsi ce que l’on sait faire… c’est un moyen pour montrer un savoir faire, une implication… Imaginons enfin que ces 3 agences doivent boucler leurs fins de mois. Et bien cet annonceur va en consulter deux de plus et rentrer dans le cycle infernal entrainé par les agences elles-mêmes.

Le système est à revoir pour que les entreprises n’en profitent plus !

Les agences dans leur cloisonnement ou opacité au sein d’associations communicant assez mal et prônant un protectionnisme voir un nombrilisme dangereux ont du mal à se sortir de ce cycle point du tout vertueux. L’AFO (Association Française des Organisateurs d’Evenements) est prête à réfléchir sur un code, un mode de consultation au delà de la simple affirmation de faire payer les appels d’offres. C’est plus complexe, c’est à affiner de façon plus pointilleuse.

N’y a-t-il pas aussi et surtout à inventer l’agence de demain, cette mutation essentielle que le marché attend, que le marché entraîne et sur laquelle chacun, donneurs d’ordres, agences, prestataires, doit ouvrir les yeux.

Une transformation profonde des agences, en toute transparence et en confiance. Une répartition des rôles et tâches à écrire. Une sorte de « loi Sapin » revue et corrigée pour l’event.

Attention, loin de moi l’idée de tuer les agences (j’en ai une !). Au service de l’événement, mon agence, se positionne sur cet avenir de l’event depuis quelques années avec succès. Ce succès s’appelle, la valeur ajoutée.

Je pense que les agences ont un très bel avenir en progression. Si tant est qu’il faut savoir positionner ses ventes… du concept, de la logistique, de l’accompagnement, une nouvelle forme de consulting, une nouvelle forme d’agence. Et oui, c’est compliqué, cela suppose de définir une nouvelle structure de marges, des marges effectuées autrement, ailleurs…

Il conviendra alors de définir qui vend quoi, qui est propriétaire de quoi ? La bataille pour trouver un lieu ou une destination ? La créativité ? La relation humaine ? L’apport logistique ? La mise en scène ? La communication ? Qui fait quoi ? Qui fait tout ? Qui ne fait rien ?

L’AFO est prête à ouvrir ce chantier.

Serge Tapia
Président de l'AFO