L’édito de Gobert : Vols interdits? Au nom de l’écologie oui… Mais?

788

On y va à grandes envolées. En contrepartie de 7 milliards de « prêts » par l’Etat, Air France, au nom de l’écologie, devrait ne plus voler à l’intérieur de l’Hexagone sur des routes parfaitement fréquentables en train. Et, afin de stopper d’autres petits malins, toutes les compagnies aériennes seraient concernées…

Tout ceci serait bel et bon, si toutefois on y avait réfléchi plus posément. Et non pas dans l’urgence et la précipitation comme souvent ces dernières semaines.

Que l’Etat « soutienne » la compagnie ex-nationale dont il est encore actionnaire, pourquoi pas. C’est même son rôle. Sauf que, comme le soulignent à juste titres plusieurs professionnels du secteur, ces milliards ne suffiront pas face à l’état structurel de la compagnie. D’autant que, socialement parlant, et même s’il était devenu indispensable d’alléger la masse salariale d’Air France, le problème demeure tant que la crise n’est pas terminée… ce qui est encore loin d’être le cas.

Quant à se voiler la face au nom de l’écologie, c’est un peu se moquer (expression politiquement correcte) du bon peuple !

Je ne parle même pas de ces voyageurs d’affaires, principaux clients de ces liaisons intra-hexagonales…

Pourtant, redonner à la SNCF sur des trajets de 2h30, 3 heures une légitimité, cela ne reflète que du bon sens. Le problème restant cependant que nos voyageurs de business, lorsque les possibilités de revenir aux affaires seront enfin acquises, doivent également se déplacer… ailleurs dans le monde.

Et que tous ne viennent pas uniquement de la capitale.

Or, c’est déjà une bonne chose cependant, la Gare TGV de Roissy est loin d’être totalement opérationnelle. Le voyageur venant par exemple de Marseille aura plus vite fait de prendre son TGV à destination de la Gare de Lyon pour ensuite, grâce à un transporteur taximan (faut pas trop compter sur le RER) le conduira à l’aéroport pour emprunter son vol international.

Pour l’écologie, c’est pas terrible et pour la rapidité n’en parlons même pas.

Quant à interdire aux autres compagnies de circuler sur les routes interdites à Air France, va quand même falloir batailler dur auprès de Bruxelles, même si Madame Borne dit que c’est possible ! Rien que d’y penser, j’imagine un Ryanair ou un EasyJet fourbir leurs arguments.

Quant à l’écologie, je crains qu’elle ne soit pas gagnante non plus. Imagions un seconde que, finalement, les vols intérieurs de sur les distances de moins de 3 heures de train soient interdites. Qui empêchera certaines compagnies, Air France en particulier, d’organiser ses vols internationaux au départ de la province, en partant depuis Bordeaux, Marseille, Toulouse ou que sais-je encore. Quitte à transiter par Londres, Amsterdam ou ailleurs.

Les émissions carbone resteraient globalement les mêmes et finalement le « jour d’après » redeviendrait « le jour d’avant » !

Mais au moins, une chose est sûre. Ces 7 milliards serviront au moins à faire réfléchir nos grosses têtes, ce qui est malgré tout… intéressant !