2020, l’heure des bilans (5/7) – Le MICE

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Avec la crise du covid, le secteur du tourisme d’affaires et de l’événementiel est pratiquement à l’arrêt depuis dix mois. Tout au long de l’année, les professionnels de la filière ont cruellement manqué de visibilité et de confiance, deux conditions essentielles à la reprise de leur activité. La pandémie a toutefois accéléré certaines mutations en cours, liées notamment à la digitalisation et à la transition écologique.

2020 restera comme une année terrible pour le MICE, le secteur des séminaires, congrès, conventions et autres voyages incentive. L’activité s’est effondrée au tout début de la crise, avant même le premier confinement. Centres de congrès, parcs des expositions, lieux de séminaires et venue-finders, hôtels, agences événementielles et réceptives, prestataires techniques et d’activités, traiteurs et standistes… tous les maillons de la chaîne sont fragilisés ! Beaucoup d’entre eux jouent leur survie, surtout des PME. Certains poids lourds du secteur se retrouvent aussi dans la tourmente tels GL Events, Hopscotch et Comexposium. Le plan d’urgence et les aides déployées par l’État – dont le chômage partiel – sont importants mais vont s’avérer insuffisants si la crise dure encore plusieurs mois.

La filière se démène pour maintenir un minimum d’activité. Elle produit un effort considérable pour survivre et préparer la reprise, pour rassurer clients, organisateurs et visiteurs sur le plan sanitaire, pour muer vers un événementiel plus digital et durable. Et le constat vaut pour pour tout le secteur : ses différents acteurs font preuve d’une grande résilience, d’une capacité d’adaptation et d’innovation qui force parfois l’admiration.

Sur le segment des congrès-foires-expositions, les professionnels se sont d’abord employés à mettre en place des mesures sanitaires et protocoles, puis obtenu moults certifications. Ils ont du gérer les questions de jauges, lesquelles auront changé au gré de l’intensité de l’épidémie. Les petites réunions ont du répondre elles aussi à la mise en place de mesures sanitaires spécifiques, telles la distanciation en termes d’aménagement des salles ou encore la gestion des pauses.

Se former au digital et aux bonnes pratiques éco-responsables

Les acheteurs MICE, TMC et fournisseurs ont du composer avec des entreprises en quête de recherches d’économies, intégrant toujours plus les questions de RSE et préoccupées avant tout par la sécurité de leurs collaborateurs. Au début de la crise, ils ont d’abord été mobilisés par la gestion des annulations et reports, ainsi que par les questions d’assurances, souvent en liaison avec les services juridiques. En parallèle, il leur a fallu (mieux) apprivoiser une offre digitale déjà existante mais encore peu utilisée. Lors des deux confinements, les réunions et événements physiques ont massivement basculé en digital, entre webinars, visioconférences et autres salons virtuels. La plupart des acteurs du secteur ont du étendre leur travail de sourcing à de nouveaux prestataires, spécialistes des outils digitaux, studios, plateaux télé, animateurs… Nombre d’entre eux ont pris aussi le temps de se former et de s’informer afin d’intégrer des bonnes pratiques éco-responsables, contribuant ainsi à la transition durable de la filière événementielle.

L’avenir (proche) appartient aux small-meetings

Dès la levée du confinement en mai dernier, les entreprises ont constaté la nécessité de retisser du lien entre les collaborateurs et avec les clients, de remotiver les équipes, de dynamiser les forces de vente… Les venue-finders ont noté dès juin une forte reprise des small meetings. Idem début septembre, jusqu’à l’apparition des premières mesures de restriction gouvernementales menant au reconfinement. Les événements virtuels ont alors fait leur retour en force.

Le télétravail et le bureau flexible sont deux autres phénomènes encore difficiles à mesurer mais dont l’émergence pourrait aller de pair avec une augmentation du nombre de réunions et événements professionnels, aussi bien en présentiel qu’en virtuel et hybride : ils induisent en effet de nouvelles formes d’organisation du travail qui nécessitent d’adapter le bureau ou de se retrouver dans des lieux dédiés (espaces de coworking, centres d’affaires…). Objectifs : maintenir les liens entre les collaborateurs, la cohésion des équipes et la culture d’entreprise, se réunir aussi pour trouver des idées et faire avancer des projets.

Plus restreint, plus court, plus proche

Les professionnels tablent désormais sur une reprise très progressive de l’activité en présentiel. Les small meetings et petits événements devraient être les grands gagnants de la sortie de crise, comme ils le furent entre juin et septembre. Ils devraient rassembler des groupes plus restreints qu’avant la crise, durer moins longtemps, concerner davantage des lieux atypiques, authentiques et éco-responsables, être organisés souvent au niveau local, avec des déplacements privilégiant si possible des modes de transport plus propres, notamment le train… Faut-il le rappeler : la sécurité sanitaire est bien sûr la clé de la reprise, avec la question des vaccins présente dans toutes les têtes.

Avec la fin de l’épidémie et l’envie de se retrouver physiquement, on devrait donc assister à une forte baisse du nombre d’événements virtuels. Les zooms et autres teams ont fini par lasser leurs participants. Et les événements live ne sont bien sûr pas tous transférables en ligne, surtout les salons classiques où les visiteurs passent de stand en stand. Avec la maitrise des nouveaux outils, le distanciel devrait toutefois occuper une place plus importante qu’avant la crise.

Un format hybride attractif mais compliqué à mettre en place

L’événement hybride pourrait bien réconcilier tout le monde. Il est souvent compliqué à organiser, coûte parfois presque autant qu’un événement en présentiel. Mais il remplit de nombreuses cases qui pourraient en faire le grand vainqueur de l’après-crise. Il permet de se retrouver en présentiel, de créer du lien social, de réseauter. Et la partie virtuelle élargit la cible tout en répondant aux engagements RSE. Pas étonnant que de nombreux hôtels se dotent de nouveaux outils, et que des centres de congrès tels celui de Mandelieu-la-Napoule ou le Grimaldi Forum Monaco investissent dans des studios permettant d’élargir le rayonnement des évènements. Solutions d’avenir ? L’avenir le dira…