Réchauffement climatique : les prévisions de croissance de l’IATA interpellent

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L’association table aujourd’hui sur un presque doublement du nombre de voyageurs aériens en 2037, par rapport à 2019. Des prévisions à peine revues à la baisse, par rapport à celles publiées avant la crise. Est-ce bien raisonnable ?

En novembre 2019, lors du dernier APG Word Connect à Monaco, étaient rappelées les prévisions de l’Association internationale du transport aérien (IATA) pour 2037, soit 8,2 milliards de voyageurs, contre 4,5 milliards en 2019. Pendant la crise sanitaire, alors que le transport aérien a été interpellé comme jamais sur les questions environnementales, les professionnels du secteur n’ont cessé de témoigner de leur volonté de prendre leur part dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Or, IATA vient de publier de nouvelles prévisions de croissance pour les deux prochaines décennies. Et elle table sur près de 8,5 milliards de passagers en 2039, à peine moins que ses prévisions d’avant la crise. A l’horizon 2030, le nombre total de passagers ne serait que de 7% inférieur à la prévision établie avant la pandémie, soit 5,6 milliards de voyageurs ; le trafic va surtout continuer à croitre en Asie. Côté constructeur, Boeing n’est pas moins « optimiste », qui table sur un besoin de 43.110 avions neufs d’ici à 2039, soit un doublement de la flotte mondiale !

Le secteur aérien ne cesse, à juste titre, de vanter ses nombreuses initiatives visant à « verdir » le transport par la voie des airs. L’évolution est déjà en cours avec les avions de nouvelle génération moins gourmands en kérosène. Et les initiatives se multiplient, avec des projets à plus ou moins long terme tels les appareils propulsés à l’électricité et à l’hydrogène, les bio-carburants ne nécessitant pas d’innovation technologique des moteurs, les carburéacteurs capturant le CO2 de l’air, la compensation par les puits de carbone

Mais l’urgence climatique, pour une part importante de la population, doit aussi se traduire par un frein à la croissance du trafic aérien… Et ces perspectives de presque doublement du trafic à l’horizon de 2037 pourrait bien radicaliser les positions d’une partie de nos concitoyens, et ce bien au delà du cercle des écolos se retrouvant dans les déclarations du maire de Poitiers. Willie Walsh, directeur général de l’IATA, est bien sûr conscient du risque : « Nous devons nous assurer que les prévisions de croissance à long terme de l’aviation (soient) soutenues par un engagement indéfectible envers la durabilité. Les deux défis exigent que les gouvernements et l’industrie travaillent en partenariat. L’aviation est prête. Mais les gouvernements ne bougent pas assez vite« .

Le secteur aérien s’est engagé à diviser par deux d’ici à 2050 ses émissions de CO2 par rapport à 2005. Question : peut-il y arriver avec un trafic mondial qui croit de plus de 3% par an ?