Aérien et environnement (1/3) : il faut arrêter de dire n’importe quoi

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Faut-il avoir honte de prendre l’avion ? Doit-on réduire ses déplacements aériens si l’on veut préserver l’environnement ? Beaucoup de questions se posent autour de cette problématique et bien souvent les réponses sont contradictoires quand elles ne sont pas ridicules. Ce dossier vous propose d’y voir plus clair grâce à des données objectives.

Cachez cet avion que je ne saurais voir. Si l’on en croit les plus farouches défenseurs de l’environnement, les déplacements aériens provoquent des émissions de CO2 qui compromettent l’avenir de notre planète. Aujourd’hui, le transport aérien représente entre 2 et 3% des émissions de CO2 au niveau mondial. Des émissions qui ont fortement baissé au cours des dernières années alors que le trafic mondial ne cesse d’augmenter. Pour la France la baisse est plus que significative : 28% de CO2 en moins entre 2000 et 2018.

A titre de comparaison, internet  représente aujourd’hui 4% des émissions mondiales de CO2 et sa consommation énergétique s’accroît de 9 % par an. Cette part pourrait ainsi doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – soit la part actuelle des émissions de CO2 de l’ensemble des voitures au niveau mondial. N’en déplaise à la jeune militante écologiste Greta Thunberg qui refuse de prendre l’avion mais qui passe sa vie à communiquer via internet.

Pour aller plus loin dans la réflexion, nous vous proposons de découvrir le premier rapport sur le sujet, réalisé par la Chaire Pégase de la Montpellier Business School (MBS). La Chaire Pégase  est la seule chaire française dédiée à l’économie et au management du transport aérien et de l’aérospatial. Elle a pour ambition de renforcer les liens entre le monde académique et les entreprises dans les secteurs de l’aérien et de l’aérospatial. Le rapport qu’elle vient de publier,  s’intitule « Les Français et l’impact environnemental du transport aérien : entre mythes et réalités.» 

Pour faire le point sur cette étude, nous donnons la parole à Paul Chiambaretto, le directeur de la chaire Pégase et professeur à la MBS, chercheur associé à l’Ecole Polytechnique et spécialiste du transport aérien.

Un travail universitaire structuré autour de 4 axes que nous développons ci-dessous avec, à chaque fois, les explications de Paul Chiambaretto.

1-Une analyse détaillée du «flygskam», la honte de prendre l’avion, en étudiant son évolution sur les réseaux sociaux, sur Google et dans la presse nationale.

2-Un état des lieux des études scientifiques concernant l’impact environnemental du transport aérien et les mesures mises en œuvre pour réduire son impact environnemental.

3-Un sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1018 répondants (représentatifs de la population française) qui souligne que, globalement, les français surestiment fortement les émissions de CO2 du transport aérien tout en sous-estimant les efforts réalisés par le secteur.

4-Un constat qui établit  qu’il est nécessaire pour l’ensemble des acteurs du transport aérien de faire preuve de pédagogie concernant les efforts environnementaux déjà réalisés tout en soulignant la nécessité d’adopter des objectifs encore plus ambitieux concernant la réduction absolue de leurs émissions de CO2.