Instagram peut-il sauver la « visioconf » ?

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Et si les solutions aux imperfections techniques de la visioconférence réglaient du même coup un problème culturel ? Explications.

Une récente étude Harris Interactive, commandée par le fournisseur de solutions Livestorm, se penche sur l’utilisation de la visioconférence en entreprise. Il en ressort de fortes disparités en lien avec la taille de l’entreprise : près de 40 % des cadres interrogés, issus d’entreprises de moins de 50 salariés affirment n’avoir jamais recours à cet outil, contre seulement 9 % des salariés de plus grandes entreprises. Disparités aussi en termes de types d’activité, avec, notamment, une sous-utilisation dans les secteurs du commerce et de l’AES (Administratif-Éducation-Social).

Mais ce qui a retenu notre attention c’est la distinction générationnelle : l’usage de ces outils concerne 83 % des cadres de moins de 40 ans contre 62 % des cadres de plus de 50 ans. En d’autres termes, les salariés nés dans les années 80 ou postérieurement sont un tiers de plus que leurs aînés à avoir recours à ces outils.

Promesse non tenue

La généralisation de la visioconférence est moindre qu’espérée il y a une dizaine ou une quinzaine d’années. De nombreux spécialistes de l’organisation du travail ont longtemps pointé les insuffisances techniques de ces dispositifs pour expliquer cette promesse non tenue. Or, si l’on en croit cette étude, il semblerait que l’argument générationnel et donc culturel soit décisif.

Retour en arrière. Jusqu’en 2008, la visioconf en est à sa préhistoire. Elle implique alors le chargement de logiciels et pose de vrais problèmes de sécurité des échanges et de convivialité des outils. A partir de cette date, se développent des applications qui allègent le dispositif (Adobe, Skype…), le rendent plus convivial mais ne règlent pas le problème de sécurité.

Protocole

Parallèlement, divers acteurs – de toute taille et de tous niveaux de notoriété (Google et Mozilla en tête) retroussent leurs manches et travaillent ensemble à un protocole vidéo sur internet en open-source. Cette collaboration aboutira à une solution, WebRTC (Web Real-Time Communication), mature aux environs de 2014-2015.

Et aujourd’hui, comme l’explique Gilles Bertaux, CEO et cofondateur de Livestorm, solution qui utilise ce protocole en open-source, « c’est une solution entièrement cloud qui peut être déployée très facilement. Avec ce type de dispositif, il faut deux choses pour organiser une visioconférence ou un webinar : un navigateur et une URL ».

Culture

On fait difficilement plus léger, plus sécurisé, plus convivial et… moins cher. Mais l’autre avantage caché de WebRTC, c’est son impact culturel. En effet, ce système en open-source, ce sont avant tout les appli BtoC qui s’en sont emparées. Facetime, l’appli native de votre Iphone ? WebRTC. Le système vidéo d’Instagram ou Facebook ? WebRTC encore.

On peut donc parier que ces appli à usage du grand public jouent un rôle d’initiation, de mise en place d’habitudes dans la vie quotidienne. Et qu’une fois ces technologies déployées dans l’entreprise à des fins professionnelles, elles fassent l’objet d’une appropriation rapide, aisée, naturelle par les collaborateurs. Certes, l’utilisation des appli grand public sus-citées connaît aussi un clivage générationnel mais qui tend à s’estomper sous l’impulsion du syndrome du « grand-père qui veut parler à son petit-fils ». Alors oui, Facebook et Instagram peuvent participer à la démocratisation de la visioconférence, surtout si papy ne fait pas de résistance.