Swapper : « Le budget hôtel se transforme en rémunération des salariés »

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Swapper :

Swapper propose une plateforme de mise en relation entre collègues pour une solution d'hébergement alternative. Mais aussi économique, sociale et écoresponsable. Son cofondateur Paul Matringhem nous en parle.

L’idée de Swapper est simple. Pouvez-vous la développer ?

Paul Matringhem : C’est une plateforme de réservation de logement pour les déplacements pros qui constitue une alternative à l’hôtel. Le principe : on propose aux entreprises qui ont soit plusieurs bureaux, soit un bureau mais des personnels en full télétravail, une solution qui permette à ses collaborateurs qui le désirent d'accueillir des collègues chez eux, dans le cadre d’un déplacement pro, en échange d’une rémunération.

C’est une plateforme personnalisée pour chaque entreprise. On peut, par exemple, et c’est ce que nous préconisons; n’y avoir accès qu’avec son mail pro. Les salariés se créent un compte avec une photo, une description et si on indique qu’on veut devenir hôte, alors on décrit son logement, on y met quelques photos, le nombre de places d’accueil possible, et quelques renseignements supplémentaires (enfants, animaux, tabac…).

Quel est le mécanisme financier et, par la même occasion, votre mode de rémunération ?

On se base sur le budget hôtel alloué par l’entreprise aux collaborateurs et on le redirige vers le collaborateur hôte. On applique un discount de 10 à 30% sur ce budget qui sera versé à 80% à l’hôte, les 20% restant correspondant à la commission de Swapper. Concrètement, sur un budget hôtel de 120€ d’hôtel, auquel une réduction de 20% est appliquée, environ 77 € reviennent au salarié hôte, et environ 19 € nous reviennent.

Quels sont les avantages d’une telle solution ?

Il y a évidemment le côté économique, aussi bien pour le salarié que pour l’entreprise : on diminue une dépense pour l’entreprise et on la transforme en revenu pour ses collaborateurs, et, pour ces derniers, c’est évidemment un revenu complémentaire défiscalisé jusqu’à 760 € annuels (et même au-dessus, on bénéficie d’un abattement). 

Il y a ensuite la dimension sociale : une soirée d’échanges entre collègues qui peut même profiter très directement à l’entreprise. Et enfin, la dimension RSE. Concrètement, si on compare une nuitée chez un collègue comparée à une nuitée à l’hôtel, on passe d’un impact CO2 de 1,6 kg à 0,6 kg, avec une consommation d’eau divisée par 6, une production de déchets divisée par 3 et une consommation d’électricité divisée par 2.

La solution est très récente. Avez-vous décroché vos premiers contrats ? Quel type d’entreprises visez-vous ? 

Effectivement, Swapper n’existe que depuis le mois d’août, on a gagné nos deux premiers clients - chez qui nous sommes en phase d’implémentation - et nous sommes en discussion avec une dizaine d’autres entreprises.

On savait que, pour des raisons de culture d’entreprise, les early-adopters seraient des startups ou des scale-ups, avec une centaine d’employés ou plus, plusieurs bureaux et une bonne partie des employés en full télétravail qui rejoignent le reste des équipes 2 ou 3 jours par mois. Et c’est effectivement le cas : notre premier client est la licorne française Alan (dans le domaine de l’assurance santé, ndr), qui compte 600 employés à travers la France et trois bureaux à Paris, Bruxelles et Barcelone.

Mais Swapper est tout aussi bien adapté aux grosses PME ou aux grands groupes, mais parce que c’est moins dans leur culture, je pense qu’ils ont besoin d’une preuve de marché : que ça fonctionne bien dans 10, 15 ou 20 entreprises.

Outre la culture, la compliance peut aussi être un frein. Qu’en est-il de la responsabilité de l’entreprise en cas de comportements inappropriés ?

La position de l’entreprise est exactement la même que dans le cas d’une nuitée passée à l’hôtel : elle est déchargée de toute responsabilité.  On a bien sûr anticipé ce genre de risques. Je précise par exemple que, dans le profil, l’accueillant et l’accueilli indiquent leur genre, le genre de la personne qu’il ou elle souhaite accueillir ou chez qui il ou elle souhaite être accueilli-e, s’il y a une préférence. De plus, en cas de mauvais comportement, on a prévu une procédure avec l’intervention d’un médiateur pour que l’entreprise n’ait pas à gérer ça en interne.