International SOS a mené une mission en Ukraine en octobre 2023 pour y dresser un état des lieux sécuritaire et sanitaire. En voici les principales conclusions.
Ce 24 février, cela fera deux ans que l’offensive russe en Ukraine a débuté. Avant le début du conflit, 160 entreprises françaises étaient présentes en Ukraine, dans les secteurs les plus divers : banque, grande distribution, industrie, énergies renouvelables, économie numérique, et santé, notamment). La France représentait même le premier employeur étranger en Ukraine, avec 30 000 personnes, d’après la ministère de l’Economie.
Aujourd’hui, si beaucoup d’expatriés français ont quitté le pays, de nombreuses entreprises françaises restent présentes en Ukraine, et continuent d’y opérer. Et parce qu’International SOS (ISOS) note une reprise progressive des déplacements, de courte durée, de voyageurs d’affaires internationaux, elle y a mené une mission à Kiev et Lviv en octobre dernier pour évaluer la situation. Nous en reprenons ici les principales conclusions.
Etat des lieux sécuritaire
Les combats terrestres continuent de se concentrer essentiellement au sud et à l’est du pays. Ainsi, la capitale Kiev et la ville de Lviv à l’extrême ouest du pays peuvent sembler éloignées du conflit, où d’ailleurs le quotidien a repris son cours. Pour autant, opérer dans ces villes n’est pas sans défis sécuritaires. Ceci notamment en raison de l’intensification de la campagne aérienne russe de frappes de missiles et de drones.
En cette période hivernale, elles représentent un risque, direct ou indirect, pour les individus s’y trouvant, d’autant que des infrastructures civiles, en plus d’infrastructures stratégiques, sont directement prises pour cible (pour exemple, des immeubles résidentiels partiellement détruits après des tirs de missiles russes le 23 janvier 2024 faisant deux morts et des dizaines de blessés).
En période de frappes intenses, les coupures d’eau, d’électricité, de gaz, et du réseau de communication sont fréquentes. Le Kremlin cherche à perturber au maximum le quotidien des populations civiles, et dégrader les capacités militaires et gouvernementales de l’Ukraine. Les retentissements des sirènes d’alerte sont véritablement disruptifs, car ils nécessitent de se mettre à l’abri en raison de l’impact imprévisible des frappes.
Si le système ukrainien de défense anti-missiles est globalement robuste, il n’est pas parfaitement impénétrable et souffre d’un affaiblissement du soutien international à l’aide militaire ukrainienne, alors que les munitions antiaériennes et d'intercepteurs sol-air sont des armes vitales pour protéger le ciel ukrainien.
Situation sanitaire
Malgré les dégâts subis, le système médical ukrainien fonctionne sensiblement comme avant l’offensive russe. Aucun rapport des équipes d’ISOS ne fait état d’une limitation de l’accès aux soins dans les régions du pays contrôlées par le gouvernement ukrainien. Bien que la perte des médecins soit estimée à 20% en raison du conflit, de nombreux médecins des régions orientales ont été transférés vers l’ouest, de sorte que l’impact global ne se fasse pas ressentir sur les populations.
La plupart des hôpitaux visités par les équipes ISOS sont bien approvisionnés, et beaucoup ont un surplus de fournitures grâce aux dons importants qui ont été reçus de l’étranger. En termes d'urgence grave, il convient de contacter le système d'intervention d'urgence de l'État (103) pour être transféré à l'hôpital désigné, qui fonctionne par rotation ; seuls les services publics de gestion d'urgence savent quel hôpital est en alerte. Il y a toujours une pénurie d'ambulances car beaucoup d'entre elles continuent d'être engagées dans le soutien militaire, mais il est important de noter qu'un certain nombre d'ambulances étrangères sont également en service. Le couvre-feu reste en place de 0h00 à 5h00, et seules les ambulances peuvent se déplacer pendant cette période.
Les recommandations d’ISOS
- Limiter les déplacements essentiels à la capitale Kiev, et aux provinces de Chernivtsi, Ivano-Frankivsk, Lviv, Ternopil et Zakarpattia. Il reste recommandé de surseoir aux déplacements dans le reste du pays.
- S’assurer que les voyageurs sont sensibilisés aux risques sécuritaires et médicaux et savent adopter les bons gestes de sûreté personnelle en conséquence, notamment en cas de retentissement des sirènes d’alerte.
- Planifier minutieusement les considérations logistiques en matière de transport, d’hébergement et de moyens de communication. S’assurer notamment de la présence immédiate d’abris à proximité du logement et des lieux de rendez-vous, pour se protéger en cas de menaces de frappes aériennes.
- Coordonner sa mission avec ses contacts locaux.
- Respecter les consignes officielles, notamment concernant les couvre-feux.
- Se maintenir informé tout au long de sa mission. Utiliser l’application Air Alert pour se tenir au courant des frappes aériennes par localité.