Un partisan pro-démocratie arrêté à Hong Kong le 1er juillet 2020 lors d'une manifestation interdite. (Tyrone Siu / Reuters)

Chaque jeudi, nous revenons sur les événements internationaux qui ont retenu notre attention durant la semaine écoulée.

Les autorités chinoises intensifient leur répression du mouvement « pro-démocratie » hong-kongais

La Chine franchit un nouveau cap dans sa politique de mise au pas de l’ancienne colonie britannique : une cinquantaine de figures de l’opposition prodémocratie ont été arrêtées, ce mercredi 6 janvier, lors de la plus importante opération policière menée au nom de la récente « loi sur la sécurité nationale » imposée par Pékin. En septembre 2020, devaient se dérouler des élections législatives à Hong-Kong, que Pékin a repoussées d’un an. Les « pro-démocratie » ont pris acte de ce report autoritaire et sans fondement légal, mais, pour ne pas perdre la dynamique du soulèvement initié par des étudiants en 2019 et éviter la dispersion des voix, ont organisé en juillet 2020 des élections primaires. Ceci pour que les partisans de leur mouvement choisissent les 35 candidats qui se présenteraient sous leurs couleurs, et forment en conséquence un bloc uni au scrutin de 2021. Bonne idée. Sauf que ces primaires – qui se sont effectivement tenues – ont été jugées comme une « grave provocation » par le pouvoir chinois. Elles sont à l’origine de ces arrestations féroces qui concernent des anciens parlementaires, des journalistes, des militants… En réaction à ce coup de force policier, Antony Blinken, qui sera le futur chef de la diplomatie des Etats-Unis, a déclaré : « L’administration Biden-Harris se tiendra aux côtés du peuple de Hongkong et contre la répression de la démocratie par Pékin ». To be followed…

Le Cambodge devient producteur de pétrole !

AFP/Cambodia’s Ministry of Mines and Energy

Après 15 années d’atermoiements, d’hésitations et de reculs, le Cambodge a enfin extrait la première goutte de pétrole brut de son territoire. La zone offshore, située à 160 km des côtes du pays, dans le golfe de Thaïlande, pourrait receler 30 millions de barils. L’entreprise singapourienne qui exploite les cinq puits du gisement pourrait en tirer 7.500 barils par jour, estime le ministre des Mines et de l’Energie, soit quelques gouttes au regard des plusieurs centaines de milliers de barils quotidiens des voisins vietnamien et thaïlandais, mais qui pourrait générer quelque 500 millions de dollars de revenus par an. Une aubaine pour le petit royaume, dont le Premier ministre a publié un message Facebook euphorique pour annoncer la bonne nouvelle : « Nous avons reçu un cadeau immense pour notre nation« . Preuve que, verdissement de l’économie ou non, l’or noir fait toujours rêver.

Arabie Saoudite et Qatar renouent leurs relations diplomatiques

Le prince héritier Mohammed ben Salmane (à dr.) accueille l’émir du Qatar à son arrivée en Arabie saoudite. AP – Amr Nabil

L’Arabie Saoudite et ses alliés du Bahreïn, des Emirats Arabes Unis et d’Egypte mettent fin à plus de 3 ans de brouille diplomatique avec le Qatar, pointé par ceux-ci comme fauteur de trouble dans le Golfe pour son soutien à des groupes islamistes et pour sa politique jugée trop conciliante à l’égard de l’Iran et de la Turquie. Les cinq acteurs ont choisi le 41e sommet annuel du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui s’est ouvert ce mardi dans la province saoudienne d’Al-Ula, pour mettre en scène la signature de cet accord de « solidarité et (de) stabilité du Golfe et des pays arabes et musulmans ». Et cette mise en scène s’adresse, semble-t-il, à un spectateur en particulier : les Etats-Unis. Non seulement l’administration Trump, qui pressait l’Arabie Saoudite dans le sens de cette réconciliation pour isoler davantage l’Iran. Mais aussi, celle, putative, de Joe Biden. Les Démocrates au pouvoir pourraient en effet adopter une attitude plus exigeante vis-à-vis de Riyad, pas vraiment en odeur de sainteté dans leurs rangs depuis l’assassinat du journaliste turc Jamal Khashoggi, en octobre 2018. Pour l’heure, ce rapprochement de raison se traduit très concrètement par l’ouverture des frontières et de l’espace aérien saoudiens au Qatar. 

La Géorgie, épicentre des Etats-Unis

Le Démocrate Raphael Warnock, élu sénateur de Géorgie .(MICHAEL M. SANTIAGO / GETTY IMAGES)

La focalisation sur cet état du Sud a débuté dimanche quand le Washington Post a révélé l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et le responsable électoral du territoire. Le président, utilisant un ton et des termes de menace implicite, encourage vivement son interlocuteur à lui « trouver 11.780 voix » parmi les bulletins de vote de la dernière présidentielle, qui lui permettraient d’être déclaré vainqueur et de remporter les 16 grands électeurs géorgiens. Une des dernières frasques, c’est sûr, et l’une des plus spectaculaires, certainement, d’un président d’une inventivité peu commune en termes d’entertainment. Vu les délais avant la passation de pouvoir avec son successeur Joe Biden, l’impeachment est improbable, mais des suites judiciaires post-mandat sont envisageables : the show must go on ! Quelques jours plus tard, c’est toujours le même état mais pour d’autres élections qui fait les gros titres de la presse américaine : deux sièges au Sénat étaient en jeu avec, à la clé, rien moins que la majorité à la Haute-Assemblée pour qui en sortirait vainqueur. Les données étaient simples : 2 sièges étaient à pourvoir; 1 sénateur suffisait aux Républicains pour comptabiliser les fatidiques 51 sénateurs; il en fallait 2 aux Démocrates. Bingo ! Les Démocrates Raphael Warnock et Jon Ossof ont fait carton plein. L’enjeu était de taille : en cas de majorité sénatoriale réplubicaine, Joe Biden aurait été contraint à une forme de « cohabitation ». Avec un Sénat et une Chambre des représentants où le bleu domine, il aura les coudées larges pour appliquer sa politique.

L’Iran enrichit de l’uranium

La centrale nucléaire de Bouchehr sur la côte iranienne du Golfe persique. (ATTA KENARE/AFP via Getty Images)

Ce lundi 4 janvier, l’Iran a annoncé le coup d’envoi d’un processus d’enrichissement de 120 kg d’uranium à 20 % – qui aurait depuis abouti – en violation des accords sur le nucléaire, signés à Vienne en 2015, qui autorisent à Téhéran un taux plafond de 3,67 %. Ce seuil de 20 % n’est pas anodin. Comme l’explique François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran, au quotidien Le Monde, « enrichir de l’uranium de 20% à 90% – qui est le niveau requis pour une arme nucléaire – est beaucoup plus facile et rapide que de l’enrichir de 3 à 20% ». Cet entorse grave et manifeste à l’accord international ne se comprend qu’à l’aune de la politique américaine sous l’ère Trump dans ce dossier. Les Etats-Unis se sont en effet retirés des accords de Vienne en mai 2018 pour s’engager dans une politique de « pression maximale » se matérialisant par de lourdes sanctions contre l’Iran qui, en réponse, s’est, un an plus tard, dégagée de ses principaux engagements « viennois ». Dans la République des mollahs, cette politique offensive ne fait pas l’unanimité : les modérés considèrent qu’elle ruine les efforts diplomatiques visant à lever les sanctions imposées par les Etats-Unis; les « durs » du régime estiment au contraire que c’est le meilleur moyen de négocier en position de force face à la nouvelle administration Biden.