Convention Citoyenne (2/2) : quels enjeux pour le voyage d’affaires

374

La seconde partie du webinar « Convention Citoyenne sur le Climat : enjeux pour la mobilité en entreprise et l’expérience collaborateurs », organisé par Axys Consultants, était consacrée aux voyages d’affaires. Étaient au programme trois propositions : une réforme de l’indemnité kilométrique, la suppression de lignes aériennes domestiques et une forte augmentation de l’éco-contribution.

La première partie de notre compte rendu du webinar Axys Consultants portait sur la mobilité domicile-travail (lire ici). La Convention citoyenne sur le Climat a également fait des propositions qui concernent les voyages d’affaires. L’un des intervenants est revenu sur trois d’entre-elles : l’indemnité kilométrique, les lignes aériennes domestiques et l’éco-contribution aérienne. Anthony Poirier est en effet Partner au sein d’Axys Odyssey, filiale d’Axys Consultants spécialisée dans l’accompagnement des projets Travel & Expense, avec comme « vocation d’optimiser les déplacements des collaborateurs pour une performance durable ».

L’indemnité kilométrique
Il est d’abord revenu sur l’indemnité kilométrique, partant du constat qu’elle était calculé en fonction de la distance multiplié par la puissance de chaque voiture, selon la grille Ursaff. Ainsi, plus une voiture est puissante, et plus l’indemnité est importante. La Convention Citoyenne préconise donc une réforme de l’indemnité kilométrique, soit un alignement de cette dernière sur la puissance la plus faible, a-priori la moins polluante (voir tableau ci-dessous). La démarche pourrait inclure le choix du mode de transport du collaborateur, en rendant par exemple moins intéressant financièrement l’usage de la voiture par rapport aux transports en commun. « Nous pourrions aller plus loin en indemnisant davantage les chevaux fiscaux les plus faibles, les véhicules électriques, les véhicules les plus récents… » a ajouté Anthony Poirier.

La suppression de lignes domestiques
La Convention Citoyenne préconise par ailleurs la suppression progressive de certaines lignes aériennes. Une de ses propositions vise en effet la fin des vols domestiques lorsqu’une alternative bas carbone est satisfaisante en prix et en temps (moins de quatre heures), et ce d’ici 2025. Sur un Paris-Marseille en effet, le rejet de CO2 serait 45 fois supérieur pour un trajet en avion plutôt qu’en train. Anthony Poirier a rappelé qu’un premier accord avait déjà été noué avec Air France lorsqu’il existe une offre ferroviaire alternative sur des trajets de moins de 2h30. La réflexion doit aussi porter aujourd’hui sur les pré-acheminements, sur les stratégies à adopter par les entreprises, par exemple lorsqu’elles se trouvent en province et que leurs collaborateurs doivent prendre des long-courriers.

Il a par ailleurs noté qu’une démarche multimodale pouvait se traduire aussi par une hausse des coûts ancillaires, ces frais liés aux options non comprises dans la vente du billet d’avion. Cette question interroge sur les lieux d’implantation des entreprises, certaines d’entre-elles ayant choisi de s’installer à proximité d’un aéroport pour des raisons pratiques. Devront-elle se rapprocher des centre villes, avec comme contrepartie de devoir occuper dans ce cas des espaces plus petits ? Les collaborateurs peuvent être confrontés eux aussi à de nouvelles contraintes, certains d’entre eux ayant choisi leur lieu de domicile en fonction de la localisation de leur entreprise.

L’éco-contribution aérienne
Une troisième proposition de la Convention Citoyenne concerne l’éco-contribution. L’aérien, bien que volontariste depuis plusieurs années en matière de durabilité (avions de nouvelle génération moins gourmand en kérosène, carburant vert, compensation), reste un moyen de transport fortement carboné. « Une éco-contribution a bien été créée en 2019, rappelle Anthony Poirier, mais son montant s’élève à 180 millions d’euros, bien moindre que l’exonération fiscale sur le kérosène estimée à 7,2 milliards d’euros« . Cette proposition vise donc à augmenter « significativement » l’éco-contribution, et de la moduler en fonction de la distance et du type de classe. Autre ajout, une contribution forte pour les jets privés dont l’usage a explosé depuis le début de la crise.
Une hausse significative de l’éco-contribution pourrait ainsi faire passer, à titre d’exemple, un vol Paris-Nice en éco de 130 à 160€, et un Paris-New York en business de 515 à 900€ (et non à 685€ comme indiqué par erreur sur le schéma ci-dessus). Au regard de telles évolutions des tarifs, on pourrait ainsi penser que l’usage de la classe affaires deviendrait plus restrictif, que des prix plus élevés ne manqueraient pas de creuser la « fracture managériale« , de favoriser certaines catégories de collaborateurs plutôt que d’autres. Le top management pourrait ainsi favorisé lorsqu’il s’agirait de prendre l’avion ou de voler en business. Pour Anthony Poirier, « cela supposerait de mettre en place une démarche globale, d’aligner les règles d’accès à la business à l’ensemble des collaborateurs, et ainsi d’éviter des ‘avantages’ réservés à certains« .