FreeNow (D. Tsygalnitzky) : « Près d’une course de VTC sur deux se fait en véhicule électrique ou hybride »

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Le directeur général de FreeNow France, dans l’interview qu’il nous a accordé, dresse un bilan plutôt encourageant de l’activité du fournisseur de services de mobilité en 2021, y compris en France où les défis ne manquent pourtant pas. Dimitri Tsygalnitzky fixe des objectifs ambitieux pour 2022, revient sur le développement de son offre – du VTC à la micro-mobilité  – et sur la concurrence qui se dessine dans l’univers des plateformes MaaS.

Comment va FreeNow ?
Dimitri Tsygalnitzky : A l’échelle européenne, nous avons connu une année 2021 satisfaisante. La plupart des projets que nous nous étions fixés ont été délivrés, même si nous n’avons pas pu atteindre nos objectifs du fait de la crise du Covid, ce qui est d’ailleurs le cas pour l’ensemble des acteurs du travel et de la mobilité. En Europe, nous avons récupéré entre 80 et 85% de l’activité pré-Covid avant d’être frappé par la dernière vague.

Idem en France, même s’il faut rappeler que 2019 avait déjà été une année hors norme, entre les manifestations des gilets jaunes et les grèves dans les transports. La part de FreeNow for Business – 20% de l’activité de FreeNow avant la crise, en France comme ailleurs en Europe – s’est par ailleurs inscrite en léger retrait l’an dernier, du fait d’un impact de la pandémie plus important dans le btb que dans le btoc. Les temps de réactions sont plus longs dans le monde de l’entreprise. Et il faut compter avec la nouvelle donne du télétravail.

FreeNow doit gérer aussi des défis en interne…
La situation était en effet, l’an dernier, un peu plus compliquée pour la France que pour les dix autres pays où nous sommes implantés. Kapten est en effet devenu FreeNow en septembre 2020. L’an dernier, nous avons du non seulement installer la nouvelle marque, mais aussi nous adapter à la nouvelle plateforme vers laquelle nous avons migré, en tenant compte des spécificités du marché français. Cette nouvelle plateforme a aujourd’hui prouvé sa solidité. Bref, nous sommes plutôt satisfaits de notre année 2021. Et d’autant plus que nous avons maintenu le cap en matière d’expansion géographique et de diversification. Nous souhaitions en effet étendre notre offre au delà des VTC. Et nous installer dans de nouvelles villes. C’est ce que nous avons fait !

Qu’en est-il précisément de cette expansion ?
Nous avons étendu notre présence l’an dernier à Marseille, Toulouse, Lille et Bordeaux, en plus de Paris, Lyon et Nice. Autre satisfaction, nous offrons désormais à nos utilisateurs depuis avril dernier, en plus du VTC, des services de trottinette, de vélo, de scooter et de voiture en autopartage. En 2021, la part du VTC reste de 95% en France. En Allemagne où le déploiement des nouveaux modes de mobilité a démarré un an plus tôt, ils en sont déjà à 15% de l’activité. C’est un chiffre vers lequel nous souhaiterions nous rapprocher en France d’ici la fin de cette année.

Quelle pourrait être à plus long terme la part des nouveaux modes de mobilité ?
Je parierais sur 50/50 d’ici trois, quatre ou cinq ans, soit une moitié réalisée avec le VTC en France – le taxi dans les autres pays européens où MyTAxi a été rebaptisé FreeNow – et une autre moitié avec les autres mobilités. Celles-ci, dans les prochaines années, vont connaitre des taux de croissance de deux à trois chiffres par an, quand le rythme de progression sur le VTC ne sera que d’un à deux chiffres.

Qui sont vos partenaires dans la mobilité aujourd’hui ?
Je citerais d’abord notre société sœur ShareNow, laquelle opère une flotte de Smart et désormais de Fiat 500 en autopartage. Nous cherchons par ailleurs à avoir le plus possible de partenariats au niveau européen. Mais nos partenaires comme nous-mêmes doivent composer avec nos intérêts propres, lesquels nous portent d’ailleurs à nous installer plutôt dans telle ou telle ville que dans tel ou tel pays. En France, outre ShareNow, nous avons quatre partenaires, TIER et VOI pour les trottinettes électriques, Cooltra (à Paris) pour les scooters électriques, et TIER également pour les vélos électriques (à Lyon et Bordeaux). Et nous pourrons compter sur un cinquième partenaire dans les tous prochains jours, avec DOTT sur les vélos électriques (à Paris dans un premier temps puis Lyon et Bordeaux) et les trottinettes électriques.

© Camille Froment

Quid des transports en commun ?
Sur certaines villes, nous informons sur les horaires et les temps de trajet. Cela n’apporte pas une valeur ajoutée intéressante. Nous devons aller jusqu’à la réservation, ce qui devient possible en France avec la digitalisation des tickets. Je rappellerais par ailleurs que les transports publics européens ont l’obligation de partager leur API.

Sur une telle offre, nous pouvons travailler avec des agrégateurs ou directement avec des prestataires. Nous visons une telle intégration à la fin de l’année. Néanmoins, que ce soit Citymapper, Google Maps, Uber ou nous, je ne crois pas qu’un opérateur de MaaS puisse créer une valeur suffisante pour les utilisateurs à haute fréquence de transports publics. A Paris par exemple, ceux-ci préfèreront une expérience plus fluide avec Navigo. Pour tous les autres modes de transport en revanche nous créons une expérience forte et davantage de valeur ajoutée.

Combien avez-vous d’entreprises partenaires en France ?
Environ 3 500 entreprises sont sous contrat avec nous en France. Elles représentent en semaine 20% du total des réservations de VTC. J’ajouterais que 30% des utilisateurs ont recours à un VTC dans un cadre professionnel mais hors contrat.

La vaste majorité de ces entreprises ont un contrat lié à l’utilisation des VTC – mais aussi des autres modes de transport – sous forme transactionnelle. Nous venons tout juste de lancer une nouvelle offre baptisée Mobility Budget, laquelle permet à l’utilisateur d’avoir un budget dédié chaque mois à l’utilisation de ces différents modes de transport.

Pouvez-vous nous faire un point sur le véhicule électrique ?
Nous avons l’objectif de dépasser les 50% de courses avec des véhicules 100% électriques d’ici 2025, puis d’atteindre le Net-Zéro Carbone d’ici 2030. Sur l’année qui vient de s’écouler, nous avons plus que doublé notre flotte de véhicules électriques (+129%). Le nombre de courses effectuées avec des véhicules thermiques est passé de 74% en janvier 2021 à 55% le mois dernier. Les 45% autres se font en véhicule électrique ou hybride. Nous renforçons notre proposition de valeur pour nos chauffeurs les plus engagés, pour les aider par exemple à migrer vers des véhicules électriques ou hybrides. Et nous avons récemment noué un partenariat avec Shell pour accéder à leur hub de recharge rapide dans le centre de Paris.

Nos entreprises partenaires – et leurs travel managers – demandent toujours plus de véhicules propres. Seul hic, nous n’avons pas assez de voitures électriques à disposition. Le temps d’attente quand on réserve une voiture est plus long pour une électrique que pour une thermique. Et même si cela ne représente à l’arrivée que deux ou trois minutes d’attente en plus, cela constitue un frein dans une époque où le temps est compté.

Quelles sont vos priorités et prévisions pour 2022 ?
La notoriété de la marque FreeNow a progressé l’an dernier. Elle va continuer à être un gros focus pour nous cette année. Nous avons également comme objectif de doubler notre activité en 2022, par rapport à 2021 !