Jeudi 18 janvier, ce sera la 4ème édition du Grand live du Voyage d’affaires (GLVA). Le rendez-vous s’installe dans l’agenda “business travel” français. Entretien avec Ziad Minkara, PDG de CDS Groupe, organisateur de l’événement.
Ce GLVA 24 s’ouvrira par une intervention de Valérie Boned, nouvelle présidente des Entreprises du Voyage (EdV). Pourquoi ce choix ?
Ziad Minkara : C’est la première fois que les EdV ont une femme à leur tête, on ne l’a pas assez souligné, d’après moi. Et on a envie de l’entendre sur sa vision du déplacement pro, un vrai sujet pour les agences de voyage. Elle impulse une nouvelle dynamique, dont on peut voir un signe dans le choix de la destination de leur prochain congrès (à Val d’Isère en juin prochain, après la République dominicaine en 22 et l’Île Maurice en 23, ndr) : mettre en avant la destination France, réduire les dépenses somptuaires et avoir un souci RSE.
Les agences, justement. Elles étaient absentes du GLVA 23, elles seront présentes cette année…
Oui, avec chacune des TMC représentées, des périmètres d’action différents : la France pour Havas, l’Europe pour VoyagExpert, l’international pour CWT et Reed & Mackay. Elles partageront leur vision de 2024 : où doivent-elles porter leurs efforts ? Sur la RSE ? La techno ? Le duty of care ?
La première table ronde de la journée réunira des acheteurs/travel managers. L’idée était de partir de leurs besoins pour décliner tout au long de la journée les réponses à apporter ?
C’est effectivement de cette façon qu’a été conçu le programme de l’événement : partir des besoins des acheteurs. D’abord des experts de l'hôtellerie avec The Ascott, MKG Consulting, Booking.com et CDS. A cette occasion, le baromètre croisant les données des trois derniers cités sera présenté. Le premier poste visible en termes de déplacements pro, surtout avec la baisse de l’aérien, c’est l’hébergement. C’est un secteur qui a réussi sur la digitalisation, sur le online et qui est au cœur de la rémunération des agences de voyage.
La présence de Booking.com, très identifié “loisir”, peut surprendre.
Pourtant Booking. com est le leader mondial de l'hôtellerie, tant en loisir qu’en business travel (BT). Booking arrive en France en 2015 avec une stratégie contractuelle en direct avec les corporates avant de s’adapter au marché en devenant partenaires des acteurs du BT : HBT, OBT, TMC. A ce titre, on peut citer ses partenariats forts avec Amex GBT, Amadeus ou CDS Groupe. De plus, il y a Booking.com for Business qui propose des solutions similaires aux TMC, avec un partenariat stratégique sur de la technologie australienne avec CWT. Booking est donc devenu un acteur tech au centre du déplacement.
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Julien Etchanchu (Advito) interviendra seul sur la RSE pour laisser place aux questions de l’audience. Est-ce le signe que vous percevez un besoin d’informations de la part des acteurs ?
Oui. C’est devenu une obligation légale. Sauf exception, nous n’avons jamais de cahiers des charges clairs sur ces sujets de la part des clients. Nous, fournisseurs, sommes dans le Scope 3 c’est à dire non prioritaires (ce sont les achats directs qui sont privilégiés) et dans ce scope, la priorité est plutôt technologique avec l’aérien - sujet sur lequel on n’agit évidemment pas. Donc oui, on a besoin d’échange et d’informations, d’où ce format.
Après une table ronde consacrée à l’IA, ce sera votre clôture traditionnelle : des consultants se prêteront au jeu de la prospective. Avaient-ils vu juste en 23 ?
C'est ce qu’on vérifiera, ce sera même le principe de cette table ronde : les challenger sur ce qu’ils avaient dit en 23 et sur une prospective 24.
Vous n’êtes pas consultant, mais si vous deviez donner une coloration à l’année BT qui s’annonce, quelle serait-elle ?
Déjà, un bilan : 2023 a été une bonne année, assez inattendue. On a bénéficié d’un ralentissement de l’inflation, et la performance a été bonne dans la tech, dans les services, chez les TMC comme chez les producteurs : profits à la SNCF et chez AF, augmentation du RevPar pour les chaînes hôtelières, davantage de flux captés par la distribution… Tous les segments ont donc été positifs.
Sur 2024, l’enjeu est extrêmement fort en termes d’innovation. Il y a l'IA bien sûr mais pour des effets à moyen et long terme. A court terme : qu’est ce qui va se passer sur les “air market places” avec l'ensemble des connecteurs NDC qui se démultiplient ? Il y a aussi l’enjeu de l’intégration du train avec une solution tech de la SNCF qui a évolué, des Renfe ou des Trenitalia qui sont de plus en plus intégrées à des solutions globales… Egalement le sujet du service au voyageur. Et enfin la performance du voyage pro.
Les sujets plus larges sont ceux sur lesquels travaillent les associations professionnelles : mobilité, fluidité du parcours voyageur, dématérialisation des documents… Les normes de paiement vont également évoluer : on passe de PSD2 à PSD3 en termes de double authentification. Et un troisième niveau avec les normes RSE européennes.
J’identifie aussi des risques. Au niveau français : impact des JO de juin à septembre en termes logistiques et sur les tarifs. Au niveau global, les incertitudes liées à l’économie (on a très peu de visibilité) et les risques exogènes d’un monde instable, entre crises et guerres. Au plus près de nous : l’Ukraine et le Moyen-Orient, bien sûr, mais aussi les Balkans à surveiller.