Les entreprises vont-elles faire voyager leurs collaborateurs en 2023 ? Des TMC répondent…

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L'IDER : un indice de la maturité

En partant du bilan qu'ils font de 2022, nous avons interrogé cinq TMC sur leurs prévisions 2023 pour la France. Consensuellement, le MICE est porteur, la reprise du BT est solide mais il ne retrouvera toujours pas ses niveaux de 2019. Pour le reste, nuances, voire divergences. Verbatims.

Stéphane Birochau, CWT

"Pour 2023, l'assouplissement des mesures sanitaires chinoises est une excellente nouvelle. Dès la première semaine de janvier, les vols en provenance de Chine ont connu une augmentation à 3 chiffres. Et la proposition de vols va encore augmenter... C'est un cercle vertueux."

"La France fait un peut mieux que le reste du monde chez CWT en 2022 : 74% contre 70% par rapport à 2019 (mais 85% dans le Q4 2022). Ce qu'il y a d'intéressant c'est qu'elle tire l'Europe vers le haut : les pays scandinaves font à peu près le même score (environ 70%), tandis que l'Espagne et l'Italie sont autour de 63% et le Royaume-Uni à seulement 50% - peut-être un effet du Brexit."

"Selon moi, la plus grosse incertitude pour 2023 est liée à la hausse généralisée des prix du travel - transports, hébergement, location de voitures... - qui peut entraver la reprise. En outre - et ça ne concerne pas que l'année à venir, bien sûr - les organisations et même les collaborateurs sont de plus en plus sensibles aux critères RSE. On constate déjà des voyages moins fréquents et plus qualitatifs."

"Pour autant, on espère stabiliser les bons résultats de la deuxième partie de l'année 2022 (85% vs. 2019), portés, aussi, par des Meetings & Events qui ont fortement repris, dans des formats différents : de plus petites tailles et axés sur le team-building, la motivation des équipes. Les niveaux de 2019, ce ne sera pas avant fin 2024, voire 2025."

Nathalie Bonnafous, Plus Voyages

"On a constaté une reprise forte du BT à partir d'avril, qui est montée en puissance pour atteindre 85% de 2019. Les habitudes de voyages ont indéniablement été reprises chez nos clients. Mais à des niveaux inférieurs - et là, je ne parle même pas des voyages qui seront effectivement réalisés : y compris dans les budgets "voyages" prévisionnels."

"Et si les niveaux restent au-dessous de 2019, c'est qu'outre celles du voyages, il y a d'autres habitudes qu'on doit prendre en compte : celles prises durant la crise, liées à l'utilisation accrues de communications à distance qui grèvent certains types de voyages. D'ailleurs, chez Plus Voyages, en ce qui concerne notre croissance, on compte davantage sur l'acquisition de nouveaux clients, plus gros (des SBF 120 et 250). Et également sur le MICE qui a été meilleur en 2022 qu'en 2019."

Tristan Dessain-Gelinet, Travel Planet

Travel Planet : "Dans cette crise, les gens se révèlent""Le début de l'année 2022 n'a pas été très bon. Mais je ne l'interprète pas comme un impact d'Omicron. Plutôt une période d'inertie entre l'annonce de la reprise des voyages par nos clients (notamment du secteur public) au Q4 2021 et le temps que ça se remette en place concrètement."

"Pour 2023, je prévois un renforcement de ce qui a déjà été constaté en 2022 : des voyages moins fréquents et plus longs et une part significativement plus importante du train au détriment de l'avion."

"Je prévois un retour aux volumes de 2019 mais c'est aussi dû à la typologie de nos clients qui sont très peu "long-courrier". Est-ce que la hausse des tarifs du travel pourront contrarier la reprise ? Je n'y crois pas trop. Avant tout parce que je relativise cette hausse supposée."

"La hausse des tarifs aériens ? Ca reste à prouver. Aujourd'hui, le baril de brut, à environ 90$, n'est pas à des niveaux fous. D'ailleurs, au second semestre 2022, les taux de remplissage des avions étaient très bons et on n'a pas constaté d'envolée des prix. Les tarifs hôteliers, oui, ils vont augmenter, mais ça fait des années que c'est le cas ! Les tarifs des locations de voitures aussi, mais ils étaient trop bas ! De toute façon, même si le travel augmentait de 10%, ce dont je ne suis donc pas du tout persuadé, et que ça se fait dans un contexte inflationniste global de 6%, l'effet est écrasé."

Yorick Charveriat, Amex GBT

Yorick Charveriat devient DG France "par intérim" d'Amex GBT"Le second semestre 2022 a été très satisfaisant, avec des volumes correspondant à 80% de ceux de 2019. Mais le début d'année a été lourdement plombé par Omicron, avec des volumes de 15-20% vs. 2019. Au global, sur l'année, nous sommes à 68% de 2019, ce qui correspond aux objectifs qu'on se fixait il y a un an."

"Pour 2023, on table donc sur la bonne dynamique de la deuxième partie de l'année 2023, qui semble indiquer que la reprise est solide, structurellement. Cependant, des incertitudes, notamment géopolitiques (guerre en Ukraine, situation de Taïwan à surveiller...), pourraient compliquer les choses. A noter que notre activité MICE a été porteuse : on est à 120% de 2019."

"Cela étant dit, notre objectif de 80% de 2019 pour 2023, s'il est réaliste, n'est pas très ambitieux : on reste loin des 100% et donc ce n'est pas la meilleure des choses pour notre rentabilité et notre croissance."

Eric Ritter, VoyagExpert

"Après Omicron, on a assisté à une reprise du voyage d'affaires, une sorte de "travel revenge qui a duré jusqu'en octobre-novembre, participant même à bousculer l'écosystème : pénurie de véhicules de location, vols et hôtels surbookés, désordres dans les aéroports..."

"Je ne veux pas parler de moyennes et de comparatifs avec 2019... Je le dis d'autant plus facilement que nos chiffres sont très bons. Mais ces valeurs globales sont tellement peu significatives quand les situations sont si contrastées. Pour être concret, certains de mes clients sont, en 2022, à -30 ou -40% vs. 2019, quand d'autres sont à +30 ou +40%..."

"De plus, un même client en 2019 n'est pas le même en 2022. Certains ont pu mettre en place des plans de licenciements, quand d'autres auront réalisé de la croissance externe. Alors, que compare-t-on ? La seule chose un peu générale que je puisse dire c'est que le MICE a globalement augmenté en 2022 par rapport à 2019."

"A partir de là, que dire de 2023 ? Autant, en termes macroéconomiques on peut s'essayer assez facilement à des prédictions, autant en termes "micro", c'est quasi impossible. Il faut être prudent, humble. Ce que je peux dire c'est que je suis persuadé qu'à moyen et long terme, le BT est porteur. Les accidents à 3 ou 6 mois que je ne peux pas prévoir de toute façon, je m'en fiche : on est là pour s'adapter."