De nouveaux acteurs entendent trouver leurs marques dans l’un des secteurs du transport aérien qui pourrait bien être l’un des gagnants de la crise sanitaire.
L’aviation d’affaires savait vanter ses atouts avant la crise sanitaire, notamment sa flexibilité dans le choix de l’aéroport de départ et de destination, dans celui des horaires et dates des vols. Ce marché de niche s’est également démocratisé ces dernières années, avec l’arrivée des very light jets (VLJ), les Mustangs, Phenoms 100 et autres Hondajet. Pendant la pandémie, il a aussi profité de la peur du virus, de la promiscuité subie dans les grands aéroports, des contraintes sanitaires et administratives, des programmes des compagnies régulières soumis aux aléas des ouvertures et fermetures des frontières. Sa part de marché, dans le transport aérien, aura ainsi quasiment doublé en 2021 (12%), par rapport à 2019.
On comprend que la concurrence soit vive aujourd’hui, notamment entre courtiers aériens, dont certains travaillent davantage sur l’aviation privée que sur l’affrètement, tel Privatefly. De quoi conforter les positions de certains aéroports français très présents sur ce marché. Le Bourget bien sûr, depuis quelques années le plus grand aéroport d’affaires d’Europe, devant Genève et Nice-Côte d’Azur. Mais aussi d’autres petits aéroports français dynamiques tels Cannes-Mandelieu, Tours, Clermont-Ferrand et Toulon.
De nombreuses entreprises ont innové sur ce marché ces dernières années, entre prix fixe à l’heure de vol, multipropriété…. Les FBO (fixed-based operator), que l’on retrouve en nombre dans certains aéroports, n’ont pas été en reste. Ces petits terminaux d’affaires dédiés aux jets privés se sont souvent transformés en salons très cosy et design. Des services de conciergerie de luxe – parfois très personnalisés – ont été mis en place. Et certains jouent aussi la carte de la durabilité. Jetex Flight Support a par exemple annoncé l’été dernier qu’il proposait du carburant vert (SAF) au Bourget, produit par TotalEnergies à partir d’huiles de cuisine usagées.
OpenFly, solution de désenclavement des territoires aux services des PME
Créé en 2018, le portail de location d’avions privés OpenFly annonce pour sa part avoir pris son envol l’an dernier, avec 8000 nouveaux inscrits sur sa plateforme en un an, faisant grimper son nombre total de membres à plus de 13 000. L’entreprise brestoise a développé une application permettant à ses utilisateurs d’entrer en contact directement avec les propriétaires des avions et les pilotes professionnels référencés sur la plateforme. Et OpenFly de confirmer son rôle comme solution de désenclavement des territoires aux services des PME, ayant organisé l’an dernier des déplacements au départ / à l’arrivée de 219 aérodromes, dont 153 rien qu’en France.
«Les déplacements professionnels ont beau être moins nombreux que par le passé, encore faut-il pouvoir réaliser ceux qu’on ne peut pas remplacer par une visioconférence. Pour un dirigeant basé en région, se déplacer n’est pas facile. L’enclavement dû au manque ou parfois même à l’absence d’offre de transport adapté, rend les déplacements complexes voire impossibles. Ce n’est certes pas une nouveauté, mais la crise du Covid a aggravé ce constat. Et c’est ce que nous souhaitons résoudre» explique Charles Cabillic, fondateur d’OpenFly (et récent repreneur de Finist’air).
Une autre start-up, Moove (flymoove.com), se lance ces jours-ci avec pour ambition de devenir « la marketplace de référence de l’aviation à la demande responsable ». Cadres et dirigeants d’entreprises peuvent ainsi réserver via une application permettant notamment de «comparer en temps réel l’aviation d’affaires avec les moyens de transport traditionnels», précise Arthur Ingles, son fondateur et PDG. L’agence démarre avec une dizaine de compagnies et offre des solutions de déplacement de une à huit personnes, sur Turboprop surtout, lequel consomme près de deux fois mois de kérosène qu’un jet. Moove propose aussi une autre option, la propriété partagée, soit l’achat d’une part d’avion (à partir d’1/16ème de sa valeur), intéressante si on utilise l’appareil au moins cinquante heures par an.
Un autre nouvel acteur a vu récemment le jour dans le monde de l’aviation d’affaires, Barnes Ixair. Cette marque commune à la compagnie aérienne Ixair et à la maison d’immobilier de luxe Barnes vise une clientèle internationale haut de gamme. « Barnes et Ixair affichent une réelle complémentarité en tant que représentants du luxe à la française, souligne Nicolas Ziza, président de la compagnie aérienne. Cette complémentarité devrait ainsi se retrouver dans une «personnalisation à l’extrême du service » proposée dès la prise de réservation, pour des vols en France, en Europe ou à destination du bout du monde, avec transferts VIP, divertissements, gastronomie et art de vivre à la française. Tout un programme…