Vueling, Transavia, easyJet, Volotea : les low-costs à la manoeuvre sur le domestique

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L’heure est au grand chambardement sur le réseau domestique français. Alors qu’Air France réorganise son réseau au profit de Transavia, les autres compagnies aériennes low-costs marquent leur territoire. La conquête de parts de marché pourrait bien passer par une guerre des prix.

Vueling Airlines a célébré vendredi en grande pompe ses premiers vols domestiques en France. La low-cost espagnole, filiale aérienne du groupe IAG (British Airways, Iberia, Level…), relie désormais Paris-Orly à Brest, Marseille et Montpellier (lire aussi notre article). Une nouvelle concurrence pour easyJet et Air France sur la plateforme du sud de Paris. Avec comme conséquence une probable guerre tarifaire, surtout lorsqu’on voit les prix d’appel de Vueling, à partir de 29€ l’aller simple. Alors que les compagnies aériennes peinent à faire revenir les passagers malgré leurs offres attractives, ces tarifs n’aideront pas à reconstituer les marges !

La concurrence promet d’être d’autant plus féroce que Transavia vient de se lancer également sur le domestique, avec là encore des prix d’appel de 29€ le tronçon. La low-cost se redéploie en effet, dans le cadre de la réorganisation du réseau domestique de sa maison-mère Air France. Elle lance ainsi, début novembre, ses premières liaisons intérieures, entre Paris-Orly et Biarritz, Nantes Atlantique et Montpellier, Marseille, Toulouse et Nice, entre Brest et Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse, entre Rennes et Montpellier, entre Strasbourg et Bordeaux et Montpellier.

Air France toujours très présente sur le domestique

Ces nouvelles lignes transversales (de région à région) serviront à «sentir la demande, défricher de nouveaux marchés» souligne Nicolas Henin, directeur commercial de Transavia. La filiale régionale Hop! va pour sa part se concentrer progressivement sur les liaisons entre les hubs de Paris-CDG (2G) et Lyon Saint-Exupéry (aux côtés de Transavia pour ce dernier) et d’autres villes de l’Hexagone. Air France n’en reste pas moins très présente sur le domestique, avec par exemple jusqu’à quatre vols par jour entre Orly et Montpellier (en plus des trois sur CDG-Montpellier) ou encore La Navette depuis Orly vers Toulouse, Nice, Marseille et la Corse.

EasyJet est l’une des autres compagnies aériennes majeures sur le domestique. La low-cost britannique, seconde compagnies aérienne en France, opère des lignes intérieures au départ de Paris (CDG et Orly), Nice, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lyon, Lille ou encore Rennes.

Volotea avait de son côté annoncé avant l’été qu’elle allait renforcer ses liaisons domestiques en France. La «compagnie des capitales régionales européennes», opérant sur 18 aéroports français, a annoncé récemment de nouvelles lignes cet hiver, dont Nantes-Lille, Nantes-Perpignan et Lille-Perpignan.

Pour les low-costs comme pour les autres compagnies aériennes, la question des prix passe au second plan aujourd’hui, après la dimension sanitaire. Augustin de Romanet, le Pdg d’Aéroports de Paris (ADP), la semaine dernière sur Bfm Business, avait de nouveau sonné l’alarme et appelé à mieux harmoniser les recommandations pour les déplacements au sein de l’Union européenne. L’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) devrait bientôt proposer un protocole sanitaire permettant de supprimer les quarantaines. Le gouvernement français, de son côté, a annoncé que des tests antigéniques rapides allaient être mis en place à compter du 26 octobre, au départ des aéroports parisiens de Roissy CDG et Orly, gérés par ADP.

Pas d’exploitation par les low-costs des lignes délaissées par Air France

Au-delà des aspects sanitaires et économiques, la question du rejet de CO² est devenue encore plus présente chez les voyageurs, avec la crise du Covid-19. Le président de la République avait ainsi souhaité, lors du confinement et dans le cadre d’une contrepartie aux prêts accordés à Air France, que le train soit privilégié à l’avion lorsqu’il existait une alternative ferroviaire de moins de 2h30. La fin de la navette d’Air France cet été entre Bordeaux et Orly a divisé les élus. Le nouveau maire écologiste de Bordeaux s’en est félicité.

Patrick Seguin, président de la la CCI de Bordeaux Gironde et membre du Conseil de surveillance de l’aéroport de Bordeaux Mérignac, a en revanche souligné l’impact négatif d’une telle mesure sur le voyage d’affaires. Pour des questions de connections à l’international, on peut néanmoins penser que les lignes de CDG vers Bordeaux, Lyon, Nantes ou Rennes ont encore de beaux jours devant elles.

Jean-Baptiste Djebbari le ministre délégué aux transports, avait prévenu, en juin dernier sur RTL, qu’il n’était pas question que des opérateurs quels qu’ils soient, notamment low-cost, n’exploitent les lignes délaissées par Air France pour des raisons environnementales. « Je ferai le nécessaire pour que ces créneaux ne soient pas réattribués » avait-il poursuivi. Ces relations tumultueuses entre transport aérien et environnement feront partie des échanges visant à réfléchir au voyage de demain, dans le cadre du forum mondial A World for Travel (#AWFT20), qui se tiendra les 5 et 6 novembre prochain à Evora (Portugal).