Yannick Assouad (Thales) : “Dans 5 ans une seule app, de Paris à New-York, avion, taxi ou métro compris”

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Yannick Assouad (Thales) : “Dans 5 ans une seule app, de Paris à New-York, avion, taxi ou métro compris”

La technologie existe ou existera bientôt, reste à faire évoluer la réglementation. A l’occasion de l’APG World Connect, Yannick Assouad, DG adjointe de Thales Avionics, parle du parcours "aérien” de demain. 

Le parcours du voyageur aérien est peu fluide, et Thales travaille à y remédier. De quelle façon ?

Yannick Assouad : Pour nous, la fluidité viendra du digital et nous sommes là pour faciliter cette transition, par notre expertise, non seulement dans le digital mais encore dans le digital sécurisé, c’est un point essentiel. D’abord parce qu'il y a des règlements dont la RGPD en Europe (soit : des données personnelles anonymisées, fugaces et transmises par le moyen choisi par le voyageur). Le paradoxe, c’est que nos systèmes respectent ces restrictions ! Le frein est donc légal ou réglementaire, pas technologique. C’est à nous industriels de prouver au législateur l’efficience des protections mises en place, leur inviolabilité, leur évanescence, pour faire évoluer la réglementation. 

Là où la réglementation est plus souple, qu’avez-vous mis en place ?

C’est notamment le cas en Asie et au Moyen-Orient, où de nombreux aéroports sont en phase de discussion avec nous, c’est confidentiel. Mais nous avons déjà contracté avec Changi (Singapour) : c’est installé et ça fonctionne, sur la reconnaissance faciale, car il n’y a pas de limitations type RGPD. Aujourd’hui, c’est impossible en Europe de détenir la data qui permet de vous reconnaître "facialement", sauf pour la police, pas un acteur technologique ou un aéroport. On a donc besoin d’inventer d’autres systèmes. C’est la raison pour laquelle on a mis en place des tokens que la personne choisit et qui ne sont pas forcément son visage mais, par exemple, une carte d’embarquement, forcément fugace, ou encore la photo de son chien, dont on peut se servir soit de façon permanente, soit pour un voyage donné.

On l’utilise à partir de quel moment de son parcours voyageur ?

On l’utilise lors de l’enregistrement c'est-à-dire, aujourd'hui, pour la majorité des cas, dans son salon, en ligne. C’est à ce moment-là que le token est choisi par le voyageur puis il est utilisé par l’aéroport, via notre système ”Fly to gate”, pour le reconnaître et permettre un parcours sans interruption du domicile à l’embarquement. Mais le système pourrait être étendu.

De quelle façon ?

Ce token pourrait être étendu à l’ensemble du trajet, de son taxi domicile-aéroport de départ à une location de voiture de son aéroport d’arrivée à sa destination finale, et que tout soit numérisé. Que l’activation des applications de chacun des transports empruntés ne soit plus nécessaire. Ca aussi c’est techniquement possible avec un identifiant inviolable donc respectant la réglementation. Encore une fois : il faut que la réglementation fasse confiance à la technologie, c’est à nous de convaincre.

Le point noir du parcours aéroport reste le passage sécurité. Quand pourra-t-on se passer de ce “grand déballage” ?

Ca existe déjà, avec une autre technologie que la nôtre, dans quelques aéroports américains : on n’a plus rien à sortir de ses bagages. Mais ces systèmes sont extrêmement lourds - ils nécessitent de gros aménagements tels que des renforcements de structure - et coûteux. On essaye, chez Thales, de les alléger avec un système appelé HELIXVIEW qui scanne, donc produit de l’image, mais aussi détermine le poids atomique du contenu pour analyser les matières présentes.

D’après vous dans combien de temps pourrais-je partir de mon domicile parisien jusquà mon rendez-vous new-yorkais, sans avoir à sortir mon ordinateur et les liquides contenus dans mon bagage au passage sécurité ?

Pour le passage sécurité, dans 3 ou 4 ans maximum. Pour l’app et le token uniques sur tout le trajet, dans 5 ou 6 ans. Maximum.