Pas toujours facile d’être un voyageur d’affaires serein

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Aller de l'avant, l'esprit conquérant. Parcourir le monde avec conviction. Représenter son entreprise avec confiance. Ce programme que les voyageurs d'affaires modèles se répètent en montant dans le train ou l'avion se heurte parfois à des réalités triviales. Au-delà des voyages eux mêmes, qui selon le nouveau baromètre ci dessous restent globalement satisfaisants, il faut bien faire avec le contexte, notamment économique. Et là, l'enthousiasme est quelque peu douché.

La fin 2008 a marqué le début de la crise, 2009 a serré la ceinture de tout le monde, 2010 devait être l'année de la reprise. Certes, les agences de voyage spécialisées Affaires ont remarqué un retour vers les classes "avant", une tendance à voir la relance du marché. Mais la lecture du Monde daté d'hier avait de quoi refroidir: globalement, les profits des entreprises ont très faiblement progressé en 2010, et finalement ce n'était pas l'année du rattrapage. Bon, petit retard, 2011 sera plus florissante, pas grave, se console le Travel Manager optimiste en confirmant son budget. Mais les chiffres de l'OCDE, dont nous avons parlé ici ne sont pas enthousiasmants. Et finalement l'analyse de Natixis pour 2012 refroidit carrément !
Sous la plume alerte de Patrick Artus, économiste ô combien patenté, on apprend que, structurellement, "l'économie française posera bien des difficultés à partir de 2012". Pourquoi ? Désindustrialisation, déficit extérieur, coûts salariaux et pression fiscale, endettement croissant, tout se ligue pour faire de l'Hexagone une économie en perte de vitesse, chiffres et graphiques à l'appui. Une démonstration cinglante, qui peut conduire tous les candidats à la Présidentielle à jeter tout de suite l'éponge et le bébé avec l'eau du bain ! L'économiste ne livre pas de piste dans son analyse, il fait un constat argumenté. Dans un autre bulletin, il suggère qu'il y ait une inversion complète de la stratégie de notre pays pour passer d'un soutien permanent de la demande économique à un soutien de l'offre, avec une réduction des coûts de production et une croissance tirée par les exportations. Le modèle Allemand, en quelque sorte.
Ah, ces Allemands, exportateurs méritoires, conquérants de l'impossible, notre principal partenaire économique et... notre ennemi sur la plupart des marchés, du train à l'agro-alimentaire ! Gasp, va t-il falloir aller tous de l'autre côté du Rhin, prendre des cours ? Peut-être pas: Patrick Artus suggère à Berlin de changer aussi son modèle, et de soutenir sa croissance en soutenant la demande et la consommation par des hausses de salaire. La politique que la France a mené jusqu'ici, donc. Voilà qui nous rassure: chacun va pouvoir en bavarder avec l'autre, bien carré dans les sièges des Airbus que nous fabriquons ensemble. Ouf, un terrain d'entente !

Hélène Retout

Pour lire l'intégralité de l'analyse Natixis, le "Flash Economie" se lit ici