Peut-être avez-vous remarqué, à l'occasion des manifestations des «indignés» un peu partout dans le monde, que l'une des principales critiques des opposants à une vision par trop économique du monde abordait le rôle de la machine dans notre société. Il n'est pas question de remettre en cause celles qui sont indispensables à notre bien-être ou à nos déplacements, mais de condamner celles qui, lentement mais sûrement, viennent remplacer l'homme dans ses tâches quotidiennes. Qu'il s'agisse de distributeurs automatiques de billets dans les gares ou les aéroports, des outils de gestion individuelle ou des systèmes sophistiqués de vente en ligne, les «indignés» sont persuadés que la course technologique se fait, et se fera toujours, au détriment de l'humain.
Il serait ridicule d'imaginer que l'on puisse faire marche arrière dans un monde technologique. L'usage du smartphone, de la tablette, du code barre, de l'ordinateur portable... sont des exemples concrets de l'intérêt de la technologie. On peut cependant douter de l'utilité de tous les systèmes mis en place et s'interroger sur leur compréhension immédiate par les utilisateurs. Il est parfois plus simple de décrocher son téléphone que d'aller devant un écran complexe où la moindre demande prendra du temps et où le voyageur n'aura jamais la certitude qu'elle a été parfaitement comprise. Le débat est donc bien lancé : faut-il développer à outrance ces outils technologiques ou chercher à trouver un juste milieu entre le savoir-faire de l'homme et celui de la machine. Sauver l'homme pour protéger l'emploi et donc, de fait, le pouvoir d'achat et la consommation, moteurs de croissance. La question est loin d'être tranchée et les projets qui dorment dans les cartons des grands industriels du numérique sont loin d'être rassurants. Aujourd'hui, des initiatives sont en marche dans certaines grandes entreprises américaines, sorte de "résistance passive" aux nouvelles technologiques. Comme un soutien à l'homme face à la machine.
Hélène Retout