Voyage d’affaires : le retour à l’activité pré-covid prévu en 2025

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Le rapport annuel Business Travel Index (BTI) 2020, publié par la Global Business Travel Association (GBTA), dresse des projections à cinq ans de l’activité du voyage d’affaires dans le monde. Constat : le secteur devrait mettre environ quatre ans à se remettre complètement de la pandémie de Covid-19, l’Asie sûrement moins et l’Europe probablement davantage…

Cela fait maintenant douze ans que la Global Business Travel Association publie un rapport annuel, baptisé Business Travel Index BTI Outlook, une étude exhaustive des dépenses et de la croissance des voyages d’affaires, couvrant aujourd’hui 75 pays et 48 secteurs d’activité. Rappelons que la GBTA est plus grande association de voyages d’affaires et du Mice au monde, basée à Alexandria (Etats-Unis).

Son dernier rapport, publié ce mardi, indique d’abord que la pandémie de Covid-19 a entrainé une baisse de 68 % de l’activité du voyage d’affaires dans le monde l’an dernier, de début avril à la fin de l’année, de 58% sur l’ensemble de l’année au regard d’un premier trimestre relativement bon. Mais l’impact de la pandémie sur les voyages d’affaires a varié selon les régions, avec sur les neuf derniers mois de l’année des baisses de 79% sur l’Amérique du Nord, de 77% sur l’Europe de l’Ouest, de 63% sur l’Europe de l’Est, de 59% sur l’Amérique latine, de 52% sur l’Asie et la zone Moyen-Orient Afrique.

« L’importance des pertes sur cette période devrait être dix plus forte qu’elle ne l’a été après le 11 septembre ou avec la crise de 2008 » a ainsi rappelé Jon Gray, invité à commenter les chiffres du BTI lors d’un webinar. Jon Gray est le directeur de Rockport Analytics, une société de recherche et de conseil analytique associée à la réalisation du rapport.

Pour 2021, la reprise dépend bien sûr du rythme des campagnes de vaccination, la protection des populations étant seule capable d’impulser une forte reprise du secteur. Certains autres facteurs devraient contribuer à accélérer la relance, dont la coordination des États en matière sanitaire, dans le cadre des déplacements internationaux, visant à rassurer entreprises et voyageurs d’affaires. La GBTA peut déjà se féliciter du maintien de la confiance des consommateurs, du soutien massif de la plupart des États et banques centrales aux économies, des taux d’intérêt toujours très bas.

Pour 2021, le BTI table sur une augmentation de 21 % des dépenses liées aux voyages d’affaires, par rapport à l’an dernier, l’essentiel de ce gain devant se produire à la fin de l’année. En 2022 est prévue une nouvelle accélération du business travel, notamment une reprise significative des foires, conférences et expositions,  ainsi que celle des voyages d’affaires internationaux.

La croissance annuelle des dépenses liées aux voyages d’affaires devrait ralentir quelque peu en 2023, tout en restant bien supérieure aux taux de croissance moyens historiques du secteur. En 2024, ces dépenses devraient atteindre environ 1 400 milliards de dollars, proche du pic de recettes de 2019. Le retour complet aux niveaux pré-pandémiques est attendu en 2025.

La reprise sera bien sûr inégale selon les pays et les secteurs. Sans surprise, l’Asie fera la course en tête et devrait retrouver les niveaux antérieurs à la crise dès 2023 (la Chine en 2022). En revanche, l’Europe et les Etats-Unis pourraient bien, en 2024, ne retrouver que 75 à 85% des dépenses de voyages d’affaires antérieures à la crise.

Des accords internationaux commerciaux et de libre échange pourraient avoir aussi une incidence sur l’activité du voyage d’affaires. Interrogé sur l’impact des nouvelles technologies, dont les outils de visioconférences, Jon Gray pense qu’il sera probablement plus limité que ne le pensent de nombreux observateurs du secteur : « Dans un monde basé sur la concurrence, on sait l’atout que représente une réunion en face à face« . Les phénomènes perçus comme prioritaire avant la crise redeviendront d’actualité une fois qu’elle sera terminée, a-t-il ajouté. A commencer par les problématiques de durabilité et de RSE qui ont été mise au second plan dans de nombreuses entreprises, à l’heure où les réductions des dépenses sont devenues prioritaires. On pourra toutefois constater que celles-ci sont bien souvent devenues plus importantes, voire parfois même incontournables, dans d’autres entreprises. Quand la baisse de l’empreinte carbone s’accorde avec les réductions des coûts…

NB : la taille de la bulle correspond au poids du voyage d’affaires du pays