Air Calin, compagnie du bout du monde

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Bien connue des habitués du Pacifique, Air Calin peine à se faire connaître des voyageurs français. Et pour cause : elle n’atterrit pas en France mais travaille en relais de multiples compagnies, dont Air France, pour conduire les passagers en Nouvelle Calédonie.

La route la plus courte pour se rendre en Nouvelle Calédonie, en venant de France, passe par Séoul et se situe entre Tokyo et Osaka. Et dans le souci de rentabiliser un voyage dans le Pacifique, on peut également aller à Nouméa en passant par l’Asie ou l’Australie. Résultat : Air Calin, compagnie de desserte de la Nouvelle Calédonie, est la reine des correspondances et des accords avec les autres compagnies. Une vraie toile d’araignée, liée à sa situation géographique et à son souci de drainer, outre la clientèle française et européenne, les marchés japonais, australiens et coréens.En code-share avec Air France, son partenaire naturel (elle est membre associé du programme de fidélité Flying Blue), elle est aussi en code-share avec Quantas pour les vols Australie ou Korean Air pour les vols via Séoul. Mais elle ne néglige pas ses accord commerciaux avec d’autres compagnies pour lesquels elle opère les derniers tronçons, comme Finnair (Paris – Helsinki – Séoul ou Osaka - Nouméa), Air Austral (Paris - La Réunion – Sydney - Nouméa), Singapour Airlines (Paris – Singapour – Brisbane - Nouméa) notamment.
Air Calin, compagnie du bout du monde
Loisirs d’abord, affaires ensuite

La compagnie s’adresse d’abord à une clientèle loisirs, les hommes d’affaires et les entreprises ne représentent que 12% de son chiffre d’affaires (15% entre Paris et Nouméa). Elle ne la néglige pourtant pas et signe volontiers des contrats corporates. Mais malgré la présence à Paris d’un bureau dynamique (animé par Carole Bednarek, Directrice Commerciale & Marketing France/Europe), le contrat signé avec Air France verrouille un peu la donne. L’action commerciale se situe davantage sur la partie où la compagnie a une valeur ajoutée, à Nouméa. Par ailleurs, « Le développement de nos affaires dépend du développement du territoire », reconnait volontiers Jean-Michel Masson, Directeur général de la compagnie. Le Nickel, principale production de l’Archipel, donne un peu le ton des affaires d’Air Calin. Les cours étaient en surchauffe en 2007, ils ont chuté en 2008 et, malgré une reprise en 2009, restent en dessous de 2007. Parallèlement la compagnie, à l’équilibre 5 ans après sa création, a été en déficit en 2008 (hausse du kérosène) et enregistrera une perte (- de 5% du c.a.) en 2009, en raison d’une légère baisse du trafic et du choix de la compagnie de supprimer les surcharges carburant.
Une destination soleil

Ces dernières semaines, la médiatisation autour de la grippe AH1N1 a porté un coup aux activités de la compagnie, avec des annulations de réservation du marché japonais notamment, et un recul de 40% des voyageurs néo-zélandais. « Et pourtant, il faut relativiser la portée de cette grippe », souligne Jean-Michel Masson, « Au sein de la compagnie, nous n’avons pas enregistré de pic d’absentéisme, tous les services publics et les écoles sont restés ouverts et sans encombre ! ». Il n’empêche, les effets sont là et la compagnie a retardé ses projets de renouvèlement de sa classe business qui n'est pas totalement "flat bed". De quoi décontenancer le passager qui arrive avec Air France notamment.
La grippe a également provoqué l'inquiétude de l’activité tourisme. Une activité qui reste à hauteur artisanale avec de petites unités 3 étoiles mais pas encore de "resort". Les grands projets sont encours pour l’horizon 2012, en particulier à Gouaro Deva, avec la construction de deux hôtels 5 étoiles, des villas de luxe et un éco-lodge. Actuellement, le volume d’offres n’a pas atteint la taille critique alors que la destination, au-delà de son tourisme balnéaire, peut mettre en avant une culture et un patrimoine inégalé dans les autres Dom et Tom. Son handicap : les 24 h de vol. On vous l’avait dit, le bout du monde.
Air Calin en chiffres

450 salariés dont 40 PNT et 150 PNC
Chiffre d’affaires 2008 : 92 millions d’euros.
370 000 pax/an, 5000 tonnes de frêt (15% de son c.a.)

Membre associé du programme de fidélité Flying Blue