Frais ancillaires : les top et flop des compagnies aériennes

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Les frais ancillaires sont une vraie manne financière pour les compagnies aériennes. En 2012, 53 transporteurs ont récolté 27,1 milliards de dollars grâce aux services complémentaires proposés aux voyageurs. 1,205 milliard de dollars pour Air France, 25 % de plus pour British Airways... Mais tous les projets n’ont pas le succès escompté. Revue de détails des Top et Flop des compagnies.

Frais ancillaires : les top et flop des compagnies aériennes
Pas de doute, les frais ancillaires sont les armes de développement financier des compagnies. Cette vente "à tiroirs" comme l'appellent les spécialistes de la vente à domicile, n'a pas d'autre finalité que de vous vendre ce qui, hier, était associé gratuitement aux voyages. Et tous les excès sont permis : du film à la demande à l'agence matrimoniale en vol via le catalogue VPC ou des cours en plein vol via le téléphone, les compagnies font preuve d'une imagination débordante. Depuis deux ans, les cabinets d'étude analysent plus finement ces dépenses. Estimation croisée de ce qui marche le mieux et le moins bien.

Le Top des frais ancillaires

Voici dans l'ordre de dépenses les champions des frais additionnels.

1) Les repas, les boissons, la vente additionnelle d'alcool en classe économique
Pas de doute, frapper au ventre reste une valeur sûre. Fini le café gratuit, tout est désormais payant. De 1,50 € le petit noir à 7 euros le sandwich, selon les compagnies. Même les "régulières" s'y mettent. Air France propose ainsi quatre menus complémentaires adaptés à vos envies et à commander avec votre billet. D'autres suivent avec un service de gourmandises sucrées facturées entre 2 et 5 euros. A terme, selon IATA, plus de 65 % de la restauration à bord sera payante, toutes destinations confondues. Bref, pour gagner de l'argent, faites payer aux voyageurs les petites douceurs sucrées et salées.
Difficile de donner un poids économique à ce service qui représenterait entre 35 et 44% des frais ancillaires de l'aérien

2) Les bagages additionnels voire les premiers bagages
La manutention aérienne coûte cher... Les bagages représentent une dépense élevée sur le court et moyen courrier. Autant la faire payer par le voyageur et en profiter pour se faire un peu d'argent. Ryanair est champion de la méthode, aujourd'hui très largement copiée par la concurrence. L'argument est simple : "A prix bas, services payants". A venir : le bagage à main en cabine facturé entre 2 et 4 euros tout comme la mallette d'ordinateur qui serait payante au delà de 2 kg.
Le bagage, selon les experts, pèserait entre 9 et 12 % des frais ancillaires

3) Les assurances voyages
Elles restent fortement implantées dans l'esprit du "grand public" en raison de l'intérêt qu'elles représentent face à un souci particulier qui empêcherait de prendre le vol prévu... Mais dans le cas de billets à faible coût, où les taxes sont supérieures au prix du transport, on sait aujourd'hui le peu d'intérêt réel d'un tel produit. A venir, une assurance/assistance pour toute la durée du déplacement.
Les assurances représentent entre 20 et 24% des frais ancillaires.

4) Les places réservées
Un hublot spécifique adossé à une sortie de secours, il n'en faut pas moins pour que la compagnie vous facture une cinquantaine d'euros. Et demain, après ces places plus spacieuses, les "meilleures" places de l'avion devraient elles aussi devenir payantes. Dès aujourd'hui les passagers obèses sont devenus une source de revenus. Leur corpulence les oblige à acheter deux places par passager, avec la possibilité pour certaines compagnies (dont Air France) de se faire rembourser s'il reste de la place vide dans l'avion au moment du vol. Malin, non ?
Le revenu issu de ces places réservées est estimé entre 5 et 8% des dépenses liées à l'achat de services complémentaires.

5) L'embarquement prioritaire
C'est un service naissant, qu'il est encore difficile de chiffrer mais qui s'annonce prometteur sur les low cost. Pour les voyageurs d'affaires qui veulent embarquer, et surtout débarquer rapidement de l'avion, les 10 ou 15 € représentent un faible investissement surtout pour les voyages d'une journée où chaque minute compte. Revers de la médaille, ceux qui connaissent le truc se précipitent dès l'ouverture de l'embarquement pour passer derrière les prioritaires. Il parait que cette technique fonctionne !
Aujourd'hui ce service représente environ 4 à 6 % des revenus ancillaires des compagnies.

Le flop des dépenses auxiliaires

Imaginer ne veut pas dire gagner et toutes les astuces pour faire payer le voyageur ne marchent pas toujours. Ryanair voulait vous faire voyager debout et avait imaginé des toilettes à bord vendues 1€... Bref, le loufoque n'est pas forcément synonyme de bénéfices.

1) Les accès salon
C'était à la base une bonne idée : autoriser l'accès à un salon moyennant paiement. C'était sans tenir compte du développement des classes avant et surtout de la surcharge fréquente des salons existants, qui rend l'intérêt de la formule moins attractive. Marche arrière toute pour beaucoup de compagnies qui laissent aux espaces privées le soin d'ouvrir leurs portes contre ticket d'entrée.

2) L'instant upgrade
Vous étiez prévu en classe éco et voilà qu'à l'aéroport, il reste de la place en business ? Prêt à payer pour cet upgrade ? L'idée est bonne mais de nombreux voyageurs n'ont pas la maîtrise de la dépense. Seuls les patrons de PME/PMI pouvaient alors en profiter mais l'offre n'est pas toujours économiquement alléchante. Il est vrai qu'aujourd'hui, les compagnies communiquent peu sur le sujet ! Seule Air France le propose au départ de Paris sur son site internet. Plusieurs low cost comme Vueling intègrent cette possibilité dès l'achat du billet d'avion.

3) La VOD
Louez votre film à bord, en classe éco. L'idée était généreuse mais la concurrence l'a balayé en quelques mois en offrant gratuitement le service. Aujourd'hui, accéder à un vaste programme de divertissement, dans toutes les classes est devenue banal. Seule la taille de l'écran change entre l'éco et la business. Ajoutez à ce constat, la multiplication des tablettes et des smartphones, et voilà l'idée qui fait un flop !

4) Le Wifi
Gratuit en business, payant en éco... Et le constat est sans appel : on peu vivre 8 à 10 heures sans une connexion internet. Les premières études démontrent le peu d'intérêt des clients pour un service cher et techniquement faible. Pour l'instant, le décollage du wifi n'a pas encore pris à bord des avions. Questions de temps ?

5) les offres "tourisme" vendues à bord
Transformer un vol en agence de voyage avec tout ce qu'il faut pour partir en vacances... L'idée est alléchante et testée depuis des années sur les sites de vente en ligne au moment de la réservation du billet. Si l'hôtellerie tire son épingle du jeu, ni les excursions, ni la location de voitures, ni les offres packagées ne séduisent les voyageurs. Là aussi une fausse bonne idée !

Des idées fraîches dans les cartons

L'imagination est comme la publicité ou le marketing : sans limite ! Certaines compagnies traquent dans votre dossier de passager de quoi vous faire des offres de dernière minute, d'autres continuent à agiter les méninges. Parmi les frais ancillaires qui pourraient rapidement débarquer, en vrac :

- Oreillers, couettes et couvertures payantes sur le long courrier
- Le téléchargement de la presse numérique en classe éco
- Le pain supplémentaire pendant le repas
- L'ensemble des boissons alcoolisées payantes
- Des séances de réflexologie
- Des cours de langue audiovisuels
- L'accès à un salon d'arrivée pour les classes éco
- Des jeux en ligne à bord des avions entre les différents passagers
- L'accès aux caméras de nez et de queue