Considéré pendant longtemps comme le laboratoire de l’innovation pour la SNCF, Thalys a su devenir une marque à part entière. Sous l’impulsion de son patron Franck Gervais, l’entreprise s’est imposée comme une référence en matière de transport transfrontalier avec un rayon d’action qui va de la France à la Belgique sans oublier les Pays-Bas et l’Allemagne.
DéplacementsPros.com : Si vous deviez présenter Thalys à des gens qui ne la connaissent pas, comment le feriez-vous?
Nos lignes conduisent les voyageurs de Paris à Bruxelles puis vers les Pays-Bas (Amsterdam, Rotterdam et Schiphol) mais également de Lille vers Amsterdam sans oublier Aix La Chapelle, Cologne et Düsseldorf en Allemagne. Il est vrai que nous constatons une légère décroissance entre Paris et Bruxelles, compensée par d’excellents résultats vers l’Allemagne et la Hollande.
Dans le monde du voyage d’affaires, on assiste aussi à une tendance légère au déclassement du Comfort 1 vers le Comfort 2 qui s’explique par des liaisons rapides: 1h20, vers Bruxelles. Je dis souvent en plaisantant, qu’il faudrait ralentir les trains pour amener les clients à voyager en Comfort 1. Bien évidemment, nous ne le ferons jamais.
DéplacementsPros.com : Comment allez-vous construire votre croissance?
Il faut toujours rester vigilant surtout lorsque la tendance du marché est aujourd’hui vers le Best Buy dont nous ne ressentons pas trop les effets immédiats mais qui reste une vision de bon nombre d’acheteurs sur le marché du transport ferroviaire. Globalement, aujourd’hui encore, nous sommes moins chers que l’avion pour un rapport qualité/prix que je juge personnellement supérieur sur les distances couvertes par Thalys.
Enfin, lorsque je parle de renforcer les fréquences, je pense aussi à de nouvelles destinations qui pourraient arriver très rapidement. Nous avons été surpris de la réussite du Lille/Amsterdam où nous avons deux trains par jour, ce qui colle parfaitement à cette logique de business entre le Nord de la France et les Pays-Bas. Nous allons donc augmenter de 30 % la capacité de cette ligne, tout comme nous allons de façon mécanique augmenter de 30% la capacité entre Paris et Amsterdam. Enfin nous allons passer de 13 à 14 aller-retours entre Bruxelles et Amsterdam.
DéplacementsPros.com : Comment allez-vous assurer votre développement?
Le développement du kiosque numérique permet au titulaire d’une carte de fidélité autant que les clients des classe confort un et deux titre à télécharger et à conserver que ce soit un quotidien, une B.D. ou un magazine. Enfin l’application Thalys lancée il y a un an et demi et qui a intégré la vente mobile dès 2013 va connaître une nouvelle version à la fin 2014 qui prendra en compte l’après-vente et l’échange en ligne.
Pour le sur mesure, notre intervention est à deux niveaux: elle concerne bien évidemment la gamme de prix proposés en fonction des périodes de l’année mais aussi l’optimisation du B2B en matière de services que ce soit pour la réservation du menu à bord, qui est généralement fournie avec le journal du jour. Dans cette même optique, il nous faut renforcer aujourd’hui notre accueil dans les gares. Nous avons des lounges à Cologne, à Aix-la-Chapelle et à Bruxelles Midi. Nous avons donc tout naturellement des objectifs pour 2015.
Déplacementspros.com : Un lounge à Paris?
DeplacementsPros.com : Un mot sur la concurrence annoncée?
Au 1er janvier 2015, Thalys opérera en direct ses trains en France et en Belgique, son cœur de territoire. La SNCF et la SNCB seront actionnaires de l’entreprise ferroviaire créée à cette fin (à hauteur de 60% et 40%). C’est une révolution qui va nous permettre d’améliorer notre réactivité et notre efficacité.
Pour le client, cela ne change rien. Pas plus, selon moi, que la concurrence annoncée. Ce n’est pas facile d’opérer des trains qui ont besoin de sillons pour circuler. Nous avons traversé plusieurs expériences de concurrence au départ de Bruxelles. À ce jour, aucune ne subsiste. Mais je crois qu’il faut rester modeste, notre métier est compliqué, demande des moyens et une forte écoute des clients. Mais sur le fond, la concurrence est bonne car elle nous oblige en permanence à tendre vers l’excellence. Qui pourrait s’en plaindre?
Entretien réalisé par Marcel Lévy
La carte du réseau Thalys septembre 2014