Jacques Alonso, American Airlines: « Les alliances aériennes sont utiles aux entreprises »

263

«Les entreprises doivent s'appuyer sur les alliances pour optimiser leurs déplacements professionnels et mieux gérer leurs dépenses aériennes», voilà en substance le message du patron d'American Airlines à Paris. Alors que les Joint-Venture et les fusions d'entreprises aériennes se multiplient, le rôle des alliances est de plus en plus remis en question par des utilisateurs qui n'en comprennent pas toujours la finalité. Le regroupement engagé entre British Airways, Iberia et American Airlines, toutes les trois réunies au sein de Oneworld, a quelque peu brouillé les cartes économiques sur l'axe transatlantique. Pour mieux comprendre les enjeux et les objectifs de ce regroupement, nous avons demandé à Jacques Alonso, en charge d'American Airlines à Paris, de nous livrer le dessous des cartes de cette association et de nous préciser sa place dans l'alliance Oneworld.


Déplacements Pros : Quel est selon vous la place de British Airways, d’Iberia et d'American Airlines au sein de l'alliance OneWorld ?

Jacques Alonso : Pour répondre à cette question, il faut plonger dans le passé. Depuis 14 ans nous étions en attente d'une association entre British Airways et American Airlines sur les lignes transatlantiques. Cela faisait partie d'une volonté commune des deux compagnies d'optimiser leurs liaisons et leurs horaires pour mieux répondre aux attentes des voyageurs. Je précise également qu'à cette époque, il était évident que l'évolution du transport aérien était engagée et que les besoins allaient grandissants d'année en année. Le marché et les mentalités ont évolué et Il y a aujourd'hui une nouvelle entreprise commune construite autour des trois compagnies évoquées et dont le principe est le partage des bénéfices et des dépenses selon des règles établies. Ces trois compagnies appartiennent à une alliance aérienne composée de 10 transporteurs et qui couvre quasiment l'ensemble des grandes destinations économiques du monde. L'an dernier, et vous en aviez parlé, il y a eu une forte pression de la part d'Air France KLM pour faire basculer Japan Airlines dans Skyteam. Nous avons réussi à conserver la compagnie japonaise au sein de l'alliance, ce qui a conforté le nombre de nos liaisons avec l'Asie tout en optimisant les horaires entre les États-Unis, l'Europe et le Japon. On comprend mieux le rôle de l’Alliance qui est de permettre aux clients de ne pas se sentir limité à une seule compagnie mais à un ensemble de transporteurs dont l’offre colle aux besoins du voyageur. Le rôle d'une alliance est de proposer aux entreprises et à ses voyageurs des horaires optimisés, un même code de réservation, une reconnaissance du passager, l'accès à des salons communs, une assistance permanente et une optimisation des voyages complexes. Oneworld n'a pas de trous majeurs dans la carte du monde avec pourtant peu de compagnies. Et même sur des destinations complexes comme l'Inde, l'arrivée de Kingfisher, va nous permettre d'avoir sur ce continent un très grand nombre de points desservis. Il ne faut pas voir dans l’Alliance un frein à la concurrence aérienne, bien au contraire.

Déplacements Pros : Vous avez fait de votre association avec British Airways et Ibéria le point d'entrée d'un pont aérien entre eux les États-Unis, le Canada et le Mexique. Pourquoi ?

Jacques Alonso : Il y a aujourd'hui une forte demande entre l'Europe et le continent nord-américain élargi au Mexique. De fait, nous proposons aujourd’hui, à partir de Londres, un départ vers les États-Unis toutes les heures et un retour USA/Grande-Bretagne toutes les demi-heures le soir. Cela correspond à la demande de notre clientèle et aux évolutions constatées du marché sur cette partie du monde. Cela ne veut pas dire pour autant que cet axe soit le seul que nous allons chercher à développer. Et cette fois-ci, justement, c'est du côté de l'alliance Oneworld que se trouvent les marchés à gagner avec une offre tarifaire structurée et une grande facilité de réservation. De fait, nous disons aujourd'hui aux entreprises françaises : "Avec nous, vous ne discutez pas avec 35 représentants de compagnies aériennes mais seulement avec un ou deux capables de gérer l'ensemble de vos besoins en matière de déplacements professionnels".

Déplacements Pros : On voit pourtant que la communauté européenne s'intéresse de près aux alliances qu'elle pourrait juger anticoncurrentielles ?

Jacques Alonso : Je pense qu'il s'agit purement et simplement d'un besoin d'explications plus que d'une réalité visant à démontrer que les alliances cherchent à monopoliser un marché. Ce qui est faux. Le rôle de l'alliance est de faciliter le voyage et d'optimiser les horaires pour aller d'un point à un autre ou pour assurer des destinations multiples comme par exemple un tour du monde. Il n'y a pas de vision monopolistique des alliances. Au contraire, car nous respectons les politiques et les stratégies de chacune des compagnies grâce à un système d'optimisation interne qui permet aux acheteurs de toujours disposer du tarif le mieux adapté à ses besoins. Il y a une concurrence entre les compagnies et nous la respectons. Penser le contraire serait faire un procès d’intention injustifié. Pour preuve, certains clients sont à la fois en contrat Corporate avec des compagnies membres de Oneworld et client individuel d’autres compagnies de l’Alliance.

Propos recueillis par Marcel Lévy